Baisers salés (Terminée)

Chapitre 12 - Douche retardataire

La journée était finalement passée plus ou moins rapidement.

Et alors que leurs voisins de tente étaient partis en début d'après-midi, avec celle qui causait des bagarres la nuit, Claire et Luce n'avaient pris le chemin de la plage que vers le coup des seize heures. Là-bas, la brune avait profité du soleil qui avait chauffé ses gambettes et du parasol qui protégeait son visage pour faire un petit somme. Mais en ce qui concernait Claire, c'était une autre histoire.

Restée en boule contre son amie durant des heures, elle avait dû renvoyer à maintes reprises la balle que des enfants s'étaient amusés à lui refiler. Elle avait aussi dû se mouiller, car la chaleur avait eu raison d'elle. Seulement loin d'être à l'aise dans l'eau, elle avait dû s'y prendre à plusieurs reprises, avant d'être renversée par les gosses jouant au ballon. D'ailleurs, le cri de surprise qu'elle avait poussé avait réveillé Luce qui s'était cabrée comme s'il s'agissait de la fin du monde.

Alors désormais qu'elles étaient de retour au camping, Claire se dit qu'elle pouvait enfin souffler. Malheureusement, en voyant son amie sortir de la douche, les cheveux mouillés, elle comprit que son repos devrait encore attendre.

Tout en se raclant la gorge, elle s'approcha de son amie. Car si Luce ne voyait pas le regard des autres, Claire elle, était en capacité de le faire.

— Je ne pense pas que porter une robe blanche sans soutien-gorge soit une bonne idée, souffla-t-elle tandis qu'un homme louchait sur la partie bien en chair de la jeune femme.

— Pourquoi ? Serais-tu en train de craquer pour moi ? la provoqua la brune.

Le jour où Claire avait fait son coming-out était un des jours que Luce regrettait le plus. Car au lieu de lui dire qu'elle soutenait l'orientation sexuelle de sa meilleure amie, elle lui en avait voulu de ne pas lui en avoir parlé plus tôt. Puis dans un instant de doute, elle lui avait demandé si elle était amoureuse d'elle. Et l'hésitation de Claire n'avait rien arrangé.

Certes, la châtaine avait eu un petit moment durant lequel elle avait vu Luce comme la femme parfaite. Mais cela n'avait pas duré. Puis de toute façon, elle était sa meilleure amie, point barre.

— Non, je te dis ça juste parce que tu viens de devenir l'attraction du coin.

Évidemment, cela ne changea rien à la situation. Luce ne cacha pas sa poitrine et elle ne fut pas gênée.

— Donc si je comprends bien, messieurs ont le droit de porter des tee-shirts blancs laissant apercevoir leurs tétons, mais les femmes non ? Et après on critique ceux qui disent que le monde est sexiste ?

Parce que la brune venait de parler fort, Claire eut envie de se cacher. Mais elle découvrit avec surprise qu'elle n'était pas la seule. Et ce n'était pas les femmes qui étaient mal à l'aise mais plutôt les hommes qui l'avaient autrefois relukée. Sa gêne disparut alors aussitôt.

— Viens, on retourne à la tente, annonça-t-elle à Luce qui attrapa son bras.

Elle avait refusé de prendre sa canne pour venir jusqu'ici, préférant marcher avec Claire.

— Ils me regardent encore ? demanda en murmurant Luce deux petites secondes plus tard.

Même si elle ne vit pas le sourire de son amie, elle comprit que cette dernière était fière d'elle.

— Tu les as tous mis au tapis !

Le rire de Luce ravit Claire.

— J'espère bien !

Leur bonne humeur, soudainement à leur apogée, se cassa cependant la gueule en se rapprochant de leur tente. Car même si Luce ne voyait pas, elle entendit la voix du fêlé qui apparemment, avait retrouvé la forme puisqu'il parlait d'un nouveau défi.