Vendredi matin, ce fut à la sortie de la tente que Claire fit un signe de tête à Fabrice en guise de salutation. Et sa surprise fut des plus grandes de voir le jeune homme l'ignorer.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'étonna-t-elle en haussant un sourcil.
Elle avait pourtant cru qu'après la sortie de l'autre fois, ils étaient plus ou moins potes désormais. S'était-elle trompée ? Pourtant, en temps normal, elle était douée pour évaluer les situations. Bon, elle reconnaissait qu'il lui arrivait de faire fausse route, mais en général...
— Il a peut-être ses règles ! ironisa Luce.
Son amie était de retour. Il n'y avait aucun doute là-dessus. Et Claire n'aurait su dire si elle était contente ou pas de retrouver les sarcasmes de la brune.
— Arrête ! soupira tout de même la châtaine.
— Si tu n'étais pas gay, je pourrais penser que tu craques pour lui.
— Il est gentil ! Et doux, et à l'écoute, et intelligent, et cultivé aussi.
— À t'entendre, c'est le mec parfait ! se moqua Luce.
— Peut-être bien.
— C'est sûr que ça contraste avec son pote.
— Pourtant, c'est le fêlé que tu préfères, releva Claire pas peu fière d'elle.
— Je t'ai dit d'arrêter de dire de telles sottises !
Claire choisit la fuite à la discussion et s'avança vers le vanity qu'elle avait sorti de la tente. Et ce fut le moment que choisit Luce pour s'entraver dans une ficelle dans leur coin de couchage. On entendit un cri puis un bruit de casserole dégringolant.
— Oh non, Luce ! s'exclama Claire. Pas la vaisselle !
— Merci pour ta question. Je vais bien oui ! ironisa l'accidentée.
La brune pesta car elle ne reçut aucune réponse. Mais ce dont elle ne se doutait pas, c'était qu'Ange avait failli voler à son secours en l'entendant hurler, seulement que le regard de Claire l'avait stoppé.
Apparemment, son geste avorté venait de surprendre la grande perche. Et elle n'était pas la seule à l'être. Fabrice aussi, et son air voulant dire qu'il courrait à la catastrophe s'il faisait quelque chose, le démotiva d'aller au bout de ses pensées.
Puis Angèle apparut à ses côtés. D'après les dires de la jeune femme, elle avait airé en ville après avoir vu Paul. Cela l'avait empêchée de pleurer. Car lorsqu'elle avait annoncé à cet orgueilleux qui comptait la garder pour lui telle une propriété qu'elle ne souhaitait plus jouer un double jeu avec lui, la main de l'homme s'était resserrée sur son poignet.
Elle l'avait atteint, dans son ego de mâle se croyant supérieur. Mais bien qu'Angèle ait été effrayée, elle avait tenu la promesse qu'elle avait faite à Ange. Elle n'était pas retournée en arrière et désormais, elle avait peur des conséquences. Pourtant, une part d'elle se sentait enfin libérée.
La jeune femme s'était montrée plus forte que son ami pensait qu'elle ne puisse l'être. Cela ne l'avait pas empêchée de pleurer durant plusieurs heures la nuit. La peur de la nouveauté, de l'inconnu, de l'incertain, c'était toujours puissant.
— Tu veux boire quelque chose ?
Angèle sourit tendrement à Ange en se disant que cet homme était adorable. Il était à ses petits soins. Il l'avait écoutée parler jusqu'à pas d'heure. Il l'avait accueillie durant son temps de vacances. Il portait tellement bien son prénom.
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Baisers salés (Terminée)
RomanceÀ vingt-sept ans, sans attache particulière, loquace déconneur et bien souvent immature, Ange cache un secret qu'il aimerait oublier à tout jamais. Un secret qui l'a amené à changer du tout au plus, en prenant le risque de se perdre lui-même. Depuis...