Baisers salés (Terminée)

Épilogue

Dix jours plus tard

Alors que Luce sortait du bâtiment en se laissant guider par sa canne, une chevelure blond vénitien brillait sous le timide soleil qui avait réussi à percer à travers les nuages. Aujourd'hui, pour un jour de mi-décembre, il faisait plutôt chaud.

Les bras croisés, Ange fixa sa Pocahontas rebelle et eut envie d'aller l'aider lorsqu'elle s'approcha des marches. Seulement une petite voix lui rappela qu'elle était aveugle certes, mais qu'elle avait déjà descendu des escaliers toute seule. Aussi il s'obligea à rester assis sur son muret.

Quand Luce arriva sur le trottoir cependant et attendit que le piéton passe au vert pour s'engager sur la route, Ange ne tint plus et quitta sa place pour rejoindre sa belle. Son arrivée fut aussitôt remarquée par la brunette qui plissa le nez et dit qu'elle était contente qu'il soit là.

— Comment était cette première semaine de cours ? demanda Ange avant de mêler son bras à celui de la jeune femme.

— Assez concluante. Bon accueil des professeurs, les étudiants sont plutôt sympathiques. J'apprécie les cours en braille et l'autre malvoyante de la classe, Éloïse, a un parcours aussi surprenant que le mien. Et toi, ta journée de père noël ?

— Je crois que j'ai filé tellement de chocolats et j'ai tellement pris de photos avec les gosses que je pourrais me vanter dans mon projet CV d'être serial donneur de gâteries.

— Ça sonne bizarre dit ainsi.

— Tu n'as pas tort. Je vais peut-être revoir ma formulation.

Le sourire de Luce acheva de rendre Ange heureux.

— Dis-moi, ça te tente d'aller boire un café ?

Est-ce que Claire et Ange s'étaient passés le mot ? Ils n'avaient que cette proposition à la bouche.

— Tu veux que je me transforme en esquimau ou quoi ? répliqua la brune.

— On peut aller à l'intérieur aussi, rétorqua le blond.

Luce ne trouva rien à dire et se contenta de hocher la tête.

— Je connais un café qui est pas mal, lui avoua Ange. J'y ai bossé deux petites semaines, grâce à Coraline.

— Coraline ? releva Luce sans cacher son élan de jalousie.

Ce n'était pas la première fois qu'il en parlait, car en dix jours, ils s'étaient déjà revus deux fois. Mais jamais elle n'avait osé relever à propos du prénom. Jamais jusqu'à aujourd'hui du moins.

— Oui, ma conseillère en intérim. C'est grâce à elle que je suis le super père noël du centre commercial.

— Un père noël roux ? Tu parles d'un super père noël oui ! le taquina-t-elle dans un sourire.

— Eh ! Avec ma perruque, ça se voit même pas. Puis je te rappelle que je ne suis pas roux, je suis blond vénitien.

— Ouais, si tu veux.

Même sans l'entendre parler, Luce devina qu'Ange souriait.

— Elle est si formidable que ça ta Coraline là ? demanda-t-elle avant de partir à la recherche de la main du jeune homme.

Lorsque ses doigts trouvèrent l'objet de leur convoitise, ils hésitèrent. Si longtemps que ce fut même Ange en personne qui scella leurs doigts.

Le troisième rendez-vous. Il avait dû attendre jusqu'au troisième rendez-vous pour oser la toucher à nouveau.

— Elle me trouve du boulot, alors elle est plutôt cool.

Retrouver cette touche de jalousie sur le beau visage de sa Pocahontas rebelle, c'était tellement bon. C'était comme pouvoir re-goûter au Paradis.