Durant son retour à la tente, Luce n'avait cessé de râler. Elle avait parlé toute seule, ce qui avait effrayé certaines personnes et avait carrément fait de la peine à d'autres qui s'étaient dit que la jeune femme, en plus d'avoir perdu la vue, n'avait plus toute sa tête.
— Espèce de petit con !
— Qui est-ce que tu traites de con ? demanda une voix féminine.
— A ton avis ! répliqua Luce, vénère.
Puis elle se mordit les lèvres. Elle qui n'avait cessé de réfléchir à la façon dont elle approcherait Claire pour lui demander pardon vis-à-vis de son comportement d'autrefois... Elle démarrait mal là.
— Euh... Tu dois sûrement faire référence à Ange ? grimaça Claire.
En fait, elle était surtout gênée, car contrairement à Luce qui semblait trop agacée pour faire fonctionner son odorat, la châtaine savait que Fabrice était présent. Il partageait même le petit-déjeuner avec elle. D'ailleurs, il n'était pas le seul. Angèle était là aussi. Car après l'instant où la grande perche avait fait son coming-out devant ses voisins d'emplacement, la brune avait fait de même.
Après cela, l'atmosphère avait été étrange, durant quelques petites minutes du moins. Car ensuite, les filles avaient partagé leurs expériences. Fabrice les avait écoutées, avait ajouté sa petite touche sur les interprétations de ses amies, puis au final, la soirée tendue et bizarre s'était transformée en soirée agréable entre potes dans un petit restaurant de camping.
— Tu sais, je crois qu'il t'aime bien ! nota important de dire Angèle.
La jeune femme comprit d'ailleurs au sursaut de Luce qu'elle ne se doutait pas de sa présence.
— Pardon, souffla-t-elle en résistant à son envie d'aller la rassurer en lui caressant la main.
Une fraction de seconde, le regard d'Angèle croisa celui de Claire et la brune comprit que l'amie de Luce venait de saisir qu'elle en avait pincé pour celle au mauvais caractère.
— Claire, est-ce que je pourrais te parler, seule à seule ?
— Non.
La surprise se lut sur le visage de Luce. En effet, elle n'était pas habituée à ce que l'on lui refuse une demande.
— Claire, c'est important.
— Peut-être bien, mais je suis en train de prendre mon petit-déjeuner avec des amis, alors ça devra attendre.
Est-ce que la jeune femme se vengeait de la veille ? C'était plus que probable.
— Très bien. Dans ce cas, je vais le dire ici ! trancha Luce en cherchant à tâtons une chaise.
Ensuite, elle s'assit, puis inspira un grand coup :
— Je suis désolée Claire. Je suis désolée de m'être emportée. Je t'aime plus que tout. Tu sais que je ne le pensais pas. Tu sais que je ne te considère pas comme mon chien guide. Mais...
— Luce, plus tard s'il te plaît.
La concernée ravala difficilement sa fierté. Claire en faisait beaucoup. Déjà que prononcer des excuses était compliqué pour elle, si en plus la châtaine s'amusait à l'humilier devant les autres...
— D'accord, accepta-t-elle tout de même car elle réalisa que comme toujours, elle en avait fait qu'à sa tête et n'avait pas tenu compte de la demande de son amie. Comme tu voudras. Bon appétit.
Puis alors qu'elle commençait à partir, la jeune femme s'arrêta.
— Vous avez tort Angèle, votre ami ne m'aime pas. Il a seulement voulu me faire du mal. Vous devriez vous méfier de lui. Apparemment, il se plait à jouer avec les sentiments des autres. Encore un de ses nombreux paris, je suppose.
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Baisers salés (Terminée)
RomanceÀ vingt-sept ans, sans attache particulière, loquace déconneur et bien souvent immature, Ange cache un secret qu'il aimerait oublier à tout jamais. Un secret qui l'a amené à changer du tout au plus, en prenant le risque de se perdre lui-même. Depuis...