Chapitre 20 - La dispute

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— Luce ! s'exclama Claire.

Peu importe, la concernée traçait aussi vite que sa canne le lui permettait. Elle cognait dans les poteaux, avait failli renverser un vélo sur le côté, avait tapé dans la jambe d'un homme. Bref, madame catastrophe était de sortie et ne comptait pas se mettre en vacances.

— Putain, Luce ! s'énerva son amie.

La main de celle-ci l'obligea à se retourner.

— Je peux savoir ce qu'il t'a pris ?

— Ce qu'il m'a pris ? J'en ai marre qu'on me considère comme l'imbécile qui ne voit rien. Tu les as entendues, toi aussi !

— De qui est-ce que tu parles ?

— Les pimbêches qui croient avoir tout compris de la vie alors qu'elles ne sont que des ignorantes.

— Pourtant, c'est après Ange que tu t'en aies pris ainsi qu'à Angèle ! nota Claire.

— Ouais, Angèle. Pour qui elle se prend, celle-là ? Elle vient juste d'arriver et se sent comme une reine.

— Elle a juste voulu défendre son ami.

— Tu parles comme c'est son ami.

— Oh putain mais bon sang, Luce ! Ça suffit !

L'énervement dans la voix de Claire fit qu'elle faillit se péter les cordes vocales.

— Tu ne te rends pas compte que tu gâches la vie de tout le monde ? Tu as perdu la vue. C'est terrible. Je le comprends.

— Non, tu ne comprends pas. Parce que toi, tu as toujours tes yeux !

Le soupir de Claire fut des plus grands.

— Très bien, je ne le comprends pas. Mais ce que je comprends moi, c'est que tu vas perdre tout le monde si tu continues. Les gens t'ont tourné le dos. Pourquoi ? Parce que tu es tout le temps infecte ! Tu traites tout le monde comme de la merde. Combien de fois tu m'as fait des réflexions blessantes. Combien de fois j'ai dû te trouver des excuses pour expliquer ton comportement envers autrui ? Est-ce que je suis ton avocate, ton chien guide ou ton amie ? Des fois, je me le demande !

— C'est toi qui as voulu qu'on parte en vacances ! répliqua aussitôt Luce, brisant à néant les espoirs de Claire concernant sa prise de conscience.

— Oui justement, en vacances. Je ne t'ai pas proposé d'être ta canne de remplacement.

— Tu as dit que tu serais mon accompagnatrice ! rétorqua Luce en montant à son tour le ton.

— Tu me traites même pas comme une accompagnatrice. Parfois, j'ai l'impression d'être rien à tes yeux.

— C'est ridicule !

Une fois de plus, le fait que son amie refuse de reconnaître la vérité lui brisa le cœur. Elle ne se rendait même pas compte à quel point elle la traitait mal ? Ou bien elle s'en foutait ? Claire ne savait pas vraiment.

— Je veux retrouver la fille marrante qui aimait sourire et plaisanter. Je veux retrouver celle qui pensait aux autres. Parce que même si elle n'était pas parfaite, je l'aimais bien moi, cette fille.

— Cette fille est morte !

Cette réplique retourna le ventre de Claire.

— Non, souffla-t-elle la voix tremblante. Tu as tort Luce, parce que derrière le masque que tu t'efforces de porter, je la vois encore, de temps en temps.

Alors que la brune secouait la tête négativement, Claire soupira pour chasser les pleurs qui voulaient venir.

— Puis tu vois, encore une fois, c'est toi. Toujours toi. C'est jamais les autres. Je viens de te dire que tu me traites comme ton chien guide, mais toi, tu ne le retiens pas.

Baisers salés (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant