Baisers salés (Terminée)

Chapitre 56 - Une avancée in-considérable

Lorsqu'Ange put retirer son costume et qu'il s'élança à la recherche de Luce dans les galeries marchandes, il eut la mauvaise surprise de découvrir que la jeune femme n'était plus là.

— Putain, souffla-t-il de frustration.

La Pocahontas rebelle n'en avait fait qu'à sa tête. Pour ne pas changer...

— Elle va me rendre dingue, murmura-t-il avant de tourner sur lui-même à la recherche d'une tête brune.

Il chercha durant dix bonnes minutes, entrant dans les petites boutiques du coin et faisant espérer les vendeuses qui voulaient augmenter leur CA, avant de se rappeler que Luce avait parlé d'acheter des décorations de noël.

— Ne me dites pas que...

Une femme à ses côtés le regarda de travers car il venait de parler tout seul. Ça lui rappela le moment durant lequel il avait été à la dérive, allant de salle de jeux en salle de jeux, puis surtout, en finissant dans un bar pour essayer d'oublier qu'il venait de balancer de l'argent par la fenêtre, en balançant justement à nouveau de l'argent par la fenêtre et finir avec une gueule de bois. Une triste histoire sans fin...

Depuis le jour où il était entré dans ce bureau, accompagné de Coraline, cette conseillère d'intérim, après le discours de Fabrice, Ange avait fait des efforts pour reprendre sa vie en main. Il en était à son deuxième contrat et sa troisième semaine sans avoir parié de l'argent. Les gens parlaient souvent de l'alcool ou de la drogue comme addiction, mais le jeu pathologique l'était aussi.

Parfois, ça lui faisait de l'œil,  encore plus en cette période de fêtes avec les cadeaux à faire. Les gros lots à gagner au LOTO, la perspective d'obtenir beaucoup d'argent pour faire plaisir aux proches. Proches qui se résumaient à Fabrice au final. Mais comme on lui avait répété au Centre de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie, il n'était pas seul. Tout d'abord, il n'était pas le seul à souffrir ou bien avoir souffert d'une addiction. Et surtout, il avait un ami sur qui il pouvait compter en cas de menace de rechute.

— Si j'avais parié, j'aurais gagné ! s'exclama le jeune homme en arrivant dans le rayon décorations.

C'était une phrase de mauvais goût, il devait le reconnaître. D'ailleurs, des gens se retournèrent pour le regarder, car il avait annoncé ça avec tellement d'entrain qu'il était désormais l'animation du coin. Cependant, Ange était bien trop content d'avoir retrouvé sa jolie brune pour accorder de l'importance à ces inconnus.

Alors que Luce venait de lever la tête, Ange s'avança vers elle.

— Tu ne m'as pas dit pourquoi tu es sur Toulouse, répliqua-t-elle.

Apparemment, elle ne comptait pas lâcher l'affaire d'aussitôt. Mais après tout, elle était comme ça, sa Pocahontas rebelle, toujours aussi féroce et têtue.

— Je suis ici depuis plusieurs mois, lui avoua-t-il en s'arrêtant à ses côtés.

Ange n'était pas miro et il remarqua que Luce venait de se mordre les lèvres. Généralement, c'était plutôt bon signe. Et il espérait que ça serait encore le cas ici.

— Plusieurs mois ? releva-t-elle. C'est-à-dire ?

— Depuis que Fabrice a lâché l'affaire familiale et que j'ai démissionné de mon boulot.

Il vit au visage de Luce qu'elle était surprise.

— Fabrice a lâché l'affaire familiale ? s'étonna-t-elle.

Ange ressentit une petite pointe de jalousie en entendant que la jeune femme retenait plus le statut de son pote que le sien. Mais en voyant la frimousse de la brune, il comprit aussi qu'elle l'avait fait exprès. Toujours aussi peste...