Chapitre 44 - La famille

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La gorge nouée, Ange fixa le trottoir. Il ne lui restait plus que quelques pas à franchir pour rejoindre la porte de la maison où il avait vécu autrefois. Malheureusement, il sentait que le courage l'avait abandonné.

— Vas-y, l'encouragea Fabrice.

A la demande d'Ange, son ami l'avait suivi. Parce que le blond savait qu'une fois arrivé à destination, il bloquerait. Et bien sûr, il avait bien vu, car c'était désormais le cas.

— Tu peux le faire.

Étrangement le discours de son pote ne semblait plus vraiment le motiver.

— Ange, affronte tes démons un peu ! Je te rappelle que c'est ce que j'ai fait. C'est juste un mauvais moment à passer, mais je te jure qu'on se sent mieux après.

Dans un soupir, celui qui avait fait l'effort de raser sa barbe pour paraître plus présentable fit un pas. Puis d'un, il passa à plusieurs, jusqu'à se retrouver devant la porte de son enfance. Là, le ventre noué, il s'obligea à toquer avec son poing pour signaler sa présence.

Les secondes de silence qui suivirent le torturèrent. Ange avait envie de s'enfuir à grandes enjambées. Et alors qu'il s'apprêtait véritablement à le faire, une femme ouvrit.

— Oui ? demanda cette dernière en regardant Ange.

Les yeux de la dame se posèrent d'abord sur l'hématome qu'il avait récolté de son ancienne bagarre puis lorsqu'ils croisèrent les iris du jeune homme, ils s'agrandirent.

— Maman... souffla le concerné.

Elle avait pris de l'âge, tellement qu'il avait failli ne pas la reconnaître. Cette pensée-là d'ailleurs lui fendit le cœur. Aurait-il capable de passer à côté d'elle dans la rue sans s'en rendre compte ?

— Mon Dieu, mais que fais-tu ici ? Si ton père te voit...

— Je suis venu parler, la coupa Ange.

La surprise semblait vouloir devenir l'expression définissant le visage de sa mère.

— Non, non Ange, tu ne peux pas ! dit-elle faiblement après avoir jeté un coup d'œil derrière elle. Ton père est là et s'il te voit...

— Eh bien justement, qu'il vienne ! s'emporta Ange.

Le temps qu'il réalise que ce n'était pas le mieux à faire, c'était trop tard, ses lèvres avaient déjà parlé et son daron était déjà dans le couloir.

— Toi ! Comment oses-tu ? s'écria l'homme en voyant Ange.

En sortant de la maison, il paraissait si grand, si en colère, si vilain. Tant de si qui donnèrent envie à Ange de reculer, mais il se força à rester fort. Parce qu'après tout, il avait déjà mis des hommes plus baraqués que lui au tapis et ce n'était pas parce qu'il était son père que ça allait changer grand-chose.

Depuis sa bagarre dans la rue, Ange se sentait différent. C'était comme s'il avait fait ses adieux à ses anciens passe-temps. Comme s'il avait tourné une page.

— Papa, souffla le blond

C'était de lui qu'il tenait sa chevelure de feu. Pourtant en ce moment, ils ne se ressemblaient en rien. Oh non, ils étaient le jour et la nuit.

— Fous le camp de chez moi !

Ange tourna la tête vers la voiture de Fabrice au loin pour lui demander de l'aide. Mais son ami resta à sa place car il savait qu'il n'arrangerait rien en venant. C'était entre Ange et sa famille. C'était à eux de régler l'affaire.

Baisers salés (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant