Chapitre 26

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Point de vue de Meli : 

Une bonne pause avant de commencer les italiens. Je suis lessivée. C'est vraiment dur psychologiquement et d'un autre côté, j'en ai besoin. J'extériorise enfin une colère vielle de plusieurs décennies. 

Je vais dans la cuisine, me sert mon vert d'eau et m'effondre sur une chaise. 

Parfois je me réveille d'un cauchemar avec l'impression que mon corps entier me fait mal. Chaque brûlure, coupure, et parfois même mes poumons me font souffrir comme si tout venais d'arriver. 

On me dira que j'aurais pu demander de l'aide comme j'allais à l'école mais franchement ça n'aurait pas servi à grand-chose. Les professeurs me voyaient comme un cas désespéré, comme s'ils ignoraient que j'étais sourde et malgré mes notes plus que correctes, ils me regardaient comme de la racaille et n'osaient pas venir vers moi parce que j'habitais dans le quartier des gang. Ça c'était pour ceux qui n'étaient pas indifférents. Le directeur se faisait discret, ne voulais pas d'ennuis avec la police et ne voulait pas donner une mauvaise image de l'école. Les policiers m'avaient laissés chez ma mère tout comme les services sociaux, les triplés n'ont jamais tenté de prévenir leurs parents même si je leurs avait dit des dizaines de fois que j'étais battue à la maison. Pas que leurs parents auraient fait quelque-chose, mais j'aurais apprécié le geste. Je n'avais nulle-part où aller si je quittais la maison et ma génitrice aurait trouvé un moyen de me retrouver dans le quartier où que je sois. J'ai comprit plus tard qu'elle mettais un téléphone dans mon sac pour savoir où je me trouvais en utilisant une application.

J'ai rapidement perdu ma confiance dans les gens qui m'entouraient, tout le monde était un potentiel danger, capable de se retourner contre moi dès que l'occasion se présentait. 

La seule lumière que j'avais dans cet univers de ténèbres, c'était D.D. Un petit bébé innocent qui n'avait jamais voulu de mal à qui que ce soit. Il m'a aidé à m'accrocher, c'était le seule en qui j'avais confiance et le voir grandir jour après jour me rappelais que la vie n'était pas que de la merde tout le temps. Je lui doit tellement, je suis contente qu'il trouve sa voie et qu'il s'attache à des gens. À un moment j'économisais pour l'envoyer à l'université mais quand j'ai compris que ça ne l'intéressais pas, je lui ai juste ouvert un compte épargne. Il doit y avoir dans les dix-milles dollars dessus aujourd'hui, il va falloir que je lui dise un jour !

Une tasse de chocolat chaud glisse devant moi. Je lève la tête pour voir Helen sans surprise. 

"Tu n'es pas obligé de le faire tu sais ? 

- Quelque part j'en ai besoin. J'ai besoin de me dire que ce type n'es qu'un homme. Un salopard, mais un homme, qu'il n'est pas tout puissant sur moi. 

- Je te comprend, mais la peur ne disparaît jamais vraiment tu le sais ? 

- Je sais que ça me suivra toute ma vie, mais je veux me dire qu'il ne me fera plus jamais de mal. Je veux le faire souffrir au moins autant qu'il m'a fait souffrir même si ça n'apportera pas de paix à mon âme ! J'en ai assez de me sentir faible ! De devoir murmurer le moindre de mes mots quand j'ai peur alors que je ne les entends même pas ! Je suis sourde et je parle comme une personne seine de corps ! Ce n'est pas normal ! Tout ce que j'ai fait a été dicté par cet homme maman ! Mon comportement, ma vie, mes réactions, je sais que j'ai un problème ! Et tout est de sa faute !

- Meli, tu étais toute seule. Tu t'en veux d'être devenue comme tu es autant que tu lui en veux, voir plus parce que tu te sens faible et que tu détestes ça mais ce n'est pas ta faute. Tu étais toute seule, une enfant contre un adulte fou et sans aucun soutiens de personne. Tu n'es plus toute seule maintenant et tu as le droit de montrer ta faiblesse avec nous, tu n'as pas à nous protéger parce que nous sommes assez fort pour le faire nous-même. Je sais que c'est difficile de se sentir faible, crois-moi j'ai mis des mois à m'en remettre et j'en rêve encore, mais pour remédier à sa faiblesse, il faut déjà admettre qu'elle existe et cesser de combattre ses émotions. Tu as le droit d'être en colère, d'être triste ou d'avoir peur parce que ces émotions font de nous des humains."

Baby SnakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant