Tout pour les miens. [Hakim]

Chapitre 2

24 avril -
Paris.

« En rouvrant les yeux, le supplice prenait fin »

Naïvement, Lia avait espéré que sa soirée de retour se passerait sans encombre, bien que tourmentée, elle sentait qu'une partie d'elle reprenait vie au côté d'Alicia, c'était fou l'impact que pouvait avoir sa famille sur elle.

Paris la faisait suffoquer, ses trois personnes étaient une bouffée d'oxygène pour la brune, sans ça, elle serait sans doute morte de triste depuis bien longtemps.

Ils n'avaient même pas conscience de ce qu'ils représentaient à ses yeux. Elle les aimait d'un amour indéfectible. Ils étaient sa force, pour eux, rien ne lui semblait impossible, si déplacer une montagne était la clé du bonheur pour l'un des membres de la fratrie, elle s'activerait jour et nuit pour y parvenir.

Pourtant, elle savait que vivre avec eux, n'était pas de tout repos, cela faisait dix ans que les choix de chacun d'eux impactaient cruellement son existence.

A de nombreuses reprises, Lia avait dû faire face à des situations complexes, mais n'avait jamais rien lâché pour leur permettre de s'en sortir en y laissant le moins de plumes possibles.

Parfois, elle se demandait qui elle serait aujourd'hui, si elle n'avait pas croisé leur route, à quoi ressemblerait son existence ? Aurait elle pu emmagasiner autant de bons souvenirs sans eux ? Comment aurait elle pu affronter la mort de ses parents et de sa tante, si les rires d'Alicia et de William n'avaient pas bercé son enfance ?

Aurait elle été plus heureuse, si ses parents n'avaient pas rendu leurs derniers souffles, au cour de ce jour pluvieux d'avril, sur le goudron froid et humide d'un passage piéton parisien après qu'un homme alcoolisé ait délibérément pris le volant ?

Jamais elle n'aurait de réponse à ses questions, mais l'idée d'un monde sans Alicia, William et Miguel la tétanisait. Lia détestait imaginer son existence sans eux, bien que cela n'était qu'hypothétique, une douleur inhumaine lui déchirait le cœur. Il lui suffisait de réouvrir les yeux, pour que ce supplice
prenne fin.

Chaque jour, elle priait pour que jamais elle n'ait à connaître cette douleur, pour que la vie l'emporte avant eux et lui épargne d'une telle tragédie qui lui ferait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Lia était une femme forte, c'était indéniable, mais elle savait qu'elle serait incapable de se relever après une telle perte. Elle crèverait de chagrin, c'est certain.

Alors même si la vie à leur côté était parfois mouvementé, pour rien au monde elle n'échangerait sa place.

Les trois derniers mois n'avaient pas été de tout repos, elle c'était activée à rattraper son retard et à honorer les engagements pris. Son emploi du temps était surchargé, elle avait passé plus de temps dans les aéroports, que dans son propre appartement.