Tout pour les miens. [Hakim]

Chapitre 15

« Une petite voix irrationnelle lui chuchotait à l'oreille inlassablement que Lia était une parfaite menteuse lorsqu'elle le voulait »

24 mai -14h07
Paris

« Après toi capitaine crochet - ricanait à gorge déployée William.-

– Ahahah je suis hilare - rouspéta Alicia en mettant un coup de béquille à son petit frère.- Profite, le médecin ne va pas tarder à me donner son feu vert pour commencer la rééducation, dans très peu temps je serais sur pied et apte à te botter tes grosses fesses Will. »

Cette menace fit rigoler doucement Miguel, il accompagna les propos de sa soeur par une claque sur la nuque de son insolent de petit frère, qui s'offusqua immédiatement, faisant grandir le sourire narquois affiché sur le visage de son aîné. 

L'appartement était à première vue calme, Ana dormait paisiblement dans les bras de tonton Hakim, seul le son de la télé se faisait entendre. Si le nourrisson avait plutôt un effet apaisant sur ce grand gaillard, ce n'était pas le cas à cet instant précis, le visage d'Hakim était fermé, sa mine sévère ne laissait aucun doute sur son état d'esprit et la colère sourde mais grandissante qui rugissait en son for intérieur.

En entrant dans le salon, personne ne semblait remarquer la tension palpable qui émanait du Kabyle. Tous les regards étaient braqués sur Ana, elle semblait si minuscule dans les bras de son tonton de coeur.

« Tout s'est bien passé avec la petite ? - S'enquit immédiatement Alicia en caressant la joue de sa fille. -

– Hum - répondit le Kabyle.-

–Elle a bien pris son biberon.

– Ouais. »

Ni la voix enrouée de colère du Kabyle, ni les monosyllabes qu'il employait pour répondre à ses questions n'attirèrent l'attention d'Alicia. A vrai dire, elle avait pris l'habitude depuis qu'elle le connaissait, de le voir dialoguer uniquement de la sorte lorsque il était contrarié.

Ces années, passées à côtoyer le Kabyle, lui avaient également appris, qu'il ne servait rien de le cuisiner pour lui tirer les vers du nez, lorsqu'il était sous tension. Ainsi, Alicia se contenta de s'installer à ses côtés sur le canapé, en prenant soin de surélever son genou blessé. William se laissa tomber lui aussi bien sagement, non pas sans espérer que le rayon de soleil de sa vie se réveille rapidement pour la prendre dans ses bras.

Sa soeur avait interdit qu'Ana passe de bras en bras lorsqu'elle dormait, il n'avait donc pas d'autres choix que de ronger son frein et canaliser son impatience.

Miguel, fidèle à lui-même, n'éprouvait aucune gêne à se comporter comme s'il était chez lui, cela ne dérangeait en rien Alicia, sa maison sera toujours celle de ses frères et soeur. Il revient avec trois bières, pour les garçons et lui et un thé glacé pour sa soeur qu'il n'avait pas oubliée.