Tout pour les miens. [Hakim]

Chapitre 11

«la colère se propageait dans tous mon corps, contractant chacun de ses muscles, ma respiration de plus en plus bruyante s'accélérait au fil des explications.»

2 mai -
Paris

L'annonce du médecin fut un choc, ils espéraient tous avoir mal compris, les garçons n'avaient pas réagit, mais Lia assimila bien vite le fait qu'on leur demandait de choisir entre leur sœur et leur nièce.

La vie lui sembla une fois de plus anormalement cruelle. Comment ce médecin pouvait penser qu'elle serait capable de faire un tel choix. D'un côté, il y avait Alicia, cette sœur d'une autre mère que le destin mit sur sa route alors qu'elle n'était pas plus haute que trois pommes. Celle avec qui elle avait découvert le monde qui l'entourait, celle avec qui elle n'avait jamais eu besoin de poser des mots sur ses peines pour être comprise.

Lia avait toujours vue Alicia comme un cadeau du ciel, sa présence suffisait à la rassurer dans les moments de doute, à la réconforter lorsque son cœur s'effritait un peu plus. Elle préférait qu'on lui ôte la vie, plutôt que vivre sans ce rayon de soleil qui illumine son existence depuis maintenant vingt-trois ans. Jamais elle n'aurait imaginé vivre sans Alicia et cela lui semblait totalement impossible.

Dans l'autre côté dans la balance, il y avait la vie de sa nièce. Comment pourrait-elle consentir à laisser mourir ce bébé à peine né ? Ce petit être qui n'avait rien demandé et qu'elle aimait déjà profondément. Elle n'avait pas encore eu le temps de pousser son premier cri, de voir la lumière du jour qu'on leur demandait leur accord pour la laisser partir.

Qui étaient ils pour décider de qui devait vivre ou non ? Elle n'était que Lia, un petit bout de femme cherchant à mener sa barque de la meilleure des manières pour son court passage sur cette terre.

«Il n'est pas question que l'on choisisse. Vous allez vous servir de vos nombreuses années d'études et vous bouger pour sauver la vie de vos DEUX patientes ! Il n'est pas question qu'on perde l'une d'elles ce soir ! - Affirma Lia.- »

Sa colère était vive, elle peinait à articuler, son rythme cardiaque s'était accéléré à mesure qu'elle débitait ces quelques mots. Elle en voulait à ces deux chauffards voleurs, mais sur l'instant sa colère était entièrement dirigé sur le médecin, un incompétent de plus à ses yeux.

Quels lâches pouvaient s'en prendre de la sorte à une femme sans défense et aussi douce qu'Alicia ?

Lia en voulait à la vie de ne jamais lui laisser un peu de répit. Alicia ne méritait pas tout ce qui lui arrivait, elle devrait avoir droit au bonheur plus que quiconque. Ce genre d'injustice faisait naître en elle un sentiment de profond dégoût.

La brune en voulait aussi aux garçons de ne pas s'être insurgé à cette annonce, ils s'étaient contenté de rester stoïque. Comment pouvaient ils rester aussi calme alors qu'elle était animée par une envie de mettre à feu et à sang cette ville jusqu'à ce que les coupables soient retrouvés.