Tout pour les miens. [Hakim]

Chapitre 18

Pour les autres, c'était la loi du talion qui s'appliquait :"oeil pour oeil, dent pour dent.

27 mai -11h15
Vallée du Douro, Portugal

Le vieillard resta un long moment à me contempler, j'avais beau me racler la gorge pour témoigner de mon impatience, il n'engagea pas pour autant la conversation. Les minutes passaient lentement, je faisais courir mon regard dans la pièce, profitant de mes derniers instants dans cette demeure, pour contempler les chefs d'œuvre qu'elle renfermait. Lorsque le vieil homme se décida enfin à prendre la parole, un petit sourire étira mes lèvres en entendant Hakim marmonner " ce n'est pas trop tôt", cet homme était l'impatience incarnée.

« Lia.. Ma belle Lia, tu as tellement grandi depuis la dernière fois que je t'ai aperçu. »

Ces quelques mots prononcés, me faisaient déjà regretter mon choix, j'aurais finalement préféré qu'il se taise. Cela m'apprendra à ne pas suivre ma ligne de conduite, cette discussion n'avait rien à m'apporter, je n'attendais rien de ces étrangers, si je n'avais pas été contrainte, je ne serai même pas venue.

« La dernière fois ? - demandais-je-  vous faites peut-être référence à votre apparition de mauvais goût à l'enterrement de mes parents ? - Si c'est bien ça, alors oui effectivement, j'ai grandis depuis.

– Je vais bientôt mourir Lia - Finit il par lâcher de but en blanc après quelques secondes de silence.- Il me reste quelques mois, tout au plus. Je  ne cherche pas à t'amadouer, je ne veux pas non plus que tu me prennes en pitié - s'empressa-t-il de rajouter en voyant mes sourcils arqués.- J'ai toujours pensé que j'avais eu une belle vie, je suis né dans une bonne famille, je n'ai jamais connu la misère, je n'ai jamais manqué de rien. Je n'ai eu qu'à reprendre les affaires familiales au décès de mon père, il avait battit son empire seul à la sueur de son front, je me suis juste contenté d'hériter. Mon compte à rebours est maintenant lancé et je vois les choses différemment. Il y a quatre mois, les médecins m'ont annoncé que j'étais condamné, j'ai eu quatre mois pour réfléchir sur mon existence, sur les choix que j'ai pu faire, il y en a eu des très bons, mais il y en a eu des très mauvais, j'en suis arrivé à l'amer constat que jamais je ne pourrais réparer la plus grosse erreur de ma vie. - Une longue quinte de toux le coupa dans son monologue.-»

Son discours ne m'attendrissait pas une seule seconde, si par très mauvais choix, il faisait référence à ma mère, il lui avait tout de même fallut plus de vingt ans pour remettre cette décision en question. Savoir qu'il était condamné ne m'émouvait pas plus que ça, c'était horrible à dire, mais cet homme était un inconnu pour moi. Je n'avais aucune affection pour lui, jamais je ne pourrai éprouver une quelconque sympathie ou empathie à son encontre.

Cela faisait il de moi un monstre ? Suis-je une personne abjecte de ne rien ressentir face à ce vieillard en fin de vie ?

La rancune était sans doute l'un des plus gros traits de mon caractère, je n'oubliais rien et ne pardonnais jamais rien - pas la peine de préciser qu'Alicia William et Miguel étaient l'exception qui confirmait la règle.-  pour les autres, c'était la loi du talion qui s'appliquait :"oeil pour oeil, dent pour dent".