Chapitre 8 _ Le retour de l'héritier

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Lorsqu'Almÿra émergea pour la deuxième fois dans la même journée, elle fut incapable de dire ce qui était arrivé. Les Ogres avaient attaqué leur calèche. Résultat ? Ils s'étaient tous fracassés dans le marais, sans aucun espoir d'en faire sortir la diligence. Les chevaux avaient disparu, probablement en fuite ou bien déjà emporté pour être dévoré. Mais qu'en était-il des gilnéens qui étaient avec elle ?

Et Fäelina ? s'inquiéta-t-elle aussitôt.

Son regard saphir observa tout. Elle fut soulagée de constater qu'il y avait des survivants, mais qu'ils luttaient comme ils le pouvaient contre d'affreux crocilisques qui n'avaient à ce moment là qu'une seule envie ; tous les avaler en guise de vengeance pour avoir été dérangé dans leur paisible habitat naturel.

Mais où est Fäelina ? s'entêta Almÿra.

Elle essaya de se lever, mais elle réalisa que la chose était impossible ; sa jambe était écrasée sous le poids de la diligence, et à présent qu'elle le voyait elle ressentie une vive douleur lui parcourir l'ensemble du corps. Comment avait-elle pu ne pas le remarquer plus tôt ? C'en était aberrant. Elle essaya de s'extirper du piège qui l'immobilisait dans une souffrance indescriptible, mais c'était peine perdue. La calèche était trop lourde. Elle jura mille fois avant de taper du poing dans l'eau verdâtre dans laquelle elle pataugeait, retenant ensuite un grognement de dégoût. Décidément, elle n'avait vraiment pas de chance !

Empirant davantage les choses, un crocilisque s'avança vers elle, sifflant entre ses babines énormes. Almÿra le toisa d'un regard mauvais, laissant partiellement la rage bestiale en elle prendre le dessus. L'éclat fulminant de ses yeux saphirs convainquirent l'animal, qui s'en alla ailleurs, guettant néanmoins la Worgen, à l'affût de la moindre faiblesse. Sachant que ses heures étaient comptées, et qu'il fallait avertir les autres de l'embuscade des Ogres, Almÿra redoubla d'effort pour se sortir de sa délicate situation ; elle réussi finalement à se glisser hors de la diligence, mais la douleur n'en fut que plus atroce. Elle avait l'impression que sa jambe droite, celle qui avait supporté le plus de poids, était totalement réduite en bouillie.

Lorsqu'elle fut debout, Almÿra tituba, et s'effondra aussitôt dans l'eau infecte du marais. La douleur était insoutenable... La Worgen essaya de se redresser en s'appuyant sur ses mains, convaincue qu'en atteignant le rivage, tout irait pour le mieux. Elle parvint à tenir sur ses deux grosses pattes arrière, chancela, mais demeura ensuite stable. Le crocilisque, en voyant qu'elle tenait bon, préféra s'éloigner pour se mettre en quête d'une autre proie...

Mais je dois trouver Fäelina, se résigna-t-elle.

Son regard perçant analysa chaque visage, chaque corps qui se trouvait là, dans ce marais maudit. Elle fut soulagée de constater que son amie n'était plus là, dans cet endroit dangereux. Mais dans ce cas, où était-elle ?

Une faible voix lui parvint. Etouffée, presque inaudible. Ses oreilles se dressèrent aussitôt. Il y avait quelqu'un tout près d'elle mais qui échappait à sa vue. Comment ?

La calèche ! réalisa-t-elle tout à coup.

Aussi subitement que sa jambe lui permit, Almÿra se retourna vers la diligence amochée, et se pencha vers l'intérieur, pour s'assurer que personne ne s'y trouvait. Elle eut cependant la surprise de découvrir Fäelina, à l'envers contre les sièges, incapable de bouger sans se rompre les os.

- Je crois que j'ai besoin d'un petit coup de main... murmura la Mage en essayant de dissimuler son affolement.

Almÿra secoua lentement la tête avant de s'atteler à sortir son amie de cette position délicate. Ce ne fut pas chose aisée, mais Fäelina put enfin mettre les pieds dehors après ce qui lui avait semblé être de longues heures de supplice. Cela n'avait en réalité duré qu'une vingtaine de minutes.

Les Nobles de Gilnéas _ Cataclysme (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant