Les Nobles de Gilnéas _ Cataclysme (Tome 1)

Chapitre 5 _ L'issu du sommet

Le sommet était sur le point de commencer, dans une grande zone en plein air. Fäelina et Almÿra le savaient. Mais elles n'y avaient pas été conviées. Pas cette fois. Mais elles avaient l'assurance que leur Roi avait avec lui tout un contingent important, une preuve formelle de la puissance de Gilnéas. Et ce que Genn Grisetête avait à l'esprit... Almÿra devait reconnaître que c'était du génie.

Ayant adoptée à contre cœur son apparence de Worgen, Almÿra se tenait immobile, adossée sur l'une des larges racines du Chêne Hurlant. A côté d'elle, Fäelina était assise sur un des magnifiques bancs de la cité, discutant avec Gwen Armstead, « en souvenir du bon vieux temps ».

- Gilnéas va faire son entrée, déclara tout à coup Arturius avec un sourire fier.

Le Worgen était assis au sol, et semblait méditer profondément depuis près d'une heure. Mais, à sa propre annonce, ses yeux verts s'étaient subitement ouverts. L'heure approchait.

- Notre peuple sera accueillit dans l'Alliance, se motiva-t-il en se redressant. Ce n'est plus qu'une question de temps.

- Tu as l'air bien sûr de toi, intervient doucement Fäelina. Le Roi Wrynn m'a laissé une terrible impression... Je n'ai pas confiance en lui. Il ne nous acceptera jamais.

Almÿra préféra ne pas intervenir. Son récent échange avec le Haut Roi lui demeurait en travers de la gorge. Elle en était encore profondément blessée.

Pauvre petit chiot... La vérité est-elle trop douloureuse à entendre ?

Elle frissonna, puis secoua lentement la tête. Varian l'effrayait, en quelque sorte, mais elle n'arrivait pas à se confier à ses proches au sujet de la nuit de cet échange. Mais, au fond, Fäelina avait raison ; Le Roi Wrynn ne les accepterait jamais. Cependant, elle préférait mourir plutôt que de rester à ne rien faire ; elle tenterait l'impossible pour Gilnéas, et pour l'Alliance aussi.

Soudain, un son de cor retenti au loin... L'hymne gilnéen résonna jusqu'au Chêne Hurlant, faisant dresser les oreilles duveteuses d'Almÿra sur sa tête. Arturius aussi avait tendu l'oreille, et bomba le torse, fier de la mélodie qui, selon lui, emplissait probablement tout Darnassus.

Almÿra ferma doucement les yeux, et se figura la scène qui devait probablement se jouer au sommet. Genn Grisetête, sous sa forme humaine, portant la bannière de Gilnéas, marchant jusqu'au couple souverain des Elfes de la Nuit, puis clamant son grand discours empli de détermination et de fureur, avant de reculer rejoindre les siens pour former un arc de cercle parfait, pour que tout le monde puisse contempler ce qui faisait aujourd'hui la force brut de Gilnéas. La Malédiction.

Les Worgens devaient probablement se tenir devant l'Alliance, à l'heure actuelle. A cette pensée, Almÿra rouvrit les yeux. Elle ressentie une pointe d'excitation l'envahir, sans qu'elle ne puisse se l'expliquer. Peut-être l'adrénaline du moment ? Elle avait beau ne pas être physiquement présente, l'impression était la même. Mais que pouvait bien en penser Varian... ?

Nous sommes Gilnéas, songea-t-elle doucement comme une réponse destinée au Haut Roi de l'Alliance. Nous sommes les Worgens...

Un hurlement résonna au loin. Le long hurlement d'un Worgen. Et pas n'importe lequel ; c'était le Roi Genn Grisetête. Tous les Worgens présents au Chêne Hurlant se dressèrent. Ils attendirent. Ils guettaient. Et, lorsque le hurlement de Genn atteignit son paroxysme, et que son cortège se joignit à lui, Arturius fut le premier à prêter sa voix à cette union. Puis, au sein de la cité toute entière, les Worgens de Gilnéas hurlèrent avec leur monarque.

Almÿra tarda à se joindre à cet appel unique, non pas par crainte, mais parce qu'elle n'avait jamais hurlé. Ce fut le regard encourageant de Fäelina qui l'aida à puiser cette force en elle ; son hurlement se trouva être à la fois puissant et doux, une étrange particularité qu'elle ne prit guère le temps de savourer ; elle vivait pleinement ce moment, et elle se sentie étrangement... Vivante. Mais cela ne dura que quelques petites secondes. En quelques petites secondes, les gilnéens avaient montré qu'ils étaient présents, qu'ils étaient unis, qu'ils étaient tous des frères.

- C'était... Incroyable... souffla Fäelina en se levant. Puissant. Majestueux. Vous étiez... Epoustouflants.

- C'était l'idée de notre Roi, s'inclina Arturius avec un léger rire. Mais, pour être honnête, je ne pensais pas que nous allions unir nos voix de la sorte...

- Vous avez agi comme une véritable meute, analysa la jeune Mage d'un air charmé.

Almÿra préféra ne pas intervenir, pour le moment. Elle se contentait de scruter les alentours, épiant un potentiel retour du monarque, les oreilles rabattues en arrière sous l'anxiété... Mais, pour le moment, rien. Darnassus était même incroyablement silencieuse...

- Je suis inquiète... murmura Fäelina. C'est... Trop calme.

- Je suis d'accord, acquiesça la Voleuse. Nous devrions...

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Des Worgens affluaient au Chêne Hurlant en masse. Le Roi n'y figurait pas. Mais ces Worgens faisaient partis de sa grande congrégation. Que faisaient-ils ici... Si tôt ?

Fäelina se leva vivement, et courut vers son Maître, Nomak. Elle le supplia alors de lui raconter ce qui était advenu. Le Mage observa longuement son élève, lui tapota gentiment l'épaule, avant de se tourner vers l'assemblée de Gilnéens qui n'avaient pu participer au sommet, et qui s'était agglutiné autour de lui.

- Mes amis, annonça-t-il d'une voix forte. La réponse du Haut Roi de l'Alliance est claire. Notre présence... N'est pas désirée en leur sein.