Chapitre 8 -✅

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Anne comprit très rapidement le maniement du fer à repasser. En revanche, elle avait eu plus de mal à trouver la robe bleue dans la gigantesque armoire de Madame de Réan.

La chambre de la maîtresse de maison, à l'étage, était aussi grande que celle de ses fils, donnant aussi sur le verdoyant jardin. La pièce comportait une salle de bain attenante, ce qui était un grand luxe en ce temps-là. Peu de gens pouvaient se le permettre.

Son lit à baldaquin dans les teintes de vert avait un matelas très haut et les couvertures semblaient être faites de soie. Anne n'avait jamais pensé à se maquiller, mais quand elle avait vu la coiffeuse de Madame, elle y avait sérieusement songé. D'ailleurs, Adrienne possédait tout un tas de crème et de poudre hors de prix, posées sur ladite coiffeuse.

Une fois devant l'armoire, pensant trouver la robe bleue d'un seul coup d'œil, Anne fut un peu désarçonnée. Il y avait au moins six robes de cette teinte-là. Les autres toilettes étaient pour la plupart vert émeraude. Avec Adrienne, c'était soit le bleu, soit le vert. Mais alors, quelle robe fallait-il prendre ?

Anne, qui ne voulait pas encore ennuyer Marthe qui était très occupée, fit donc le choix de choisir elle-même. De toute façon, elle ne pouvait demander de l'aide à personne d'autre. Le choix de la robe devait être ni trop sophistiqué, ni trop simple. Anne n'y connaissait rien en vérité, mais elle sentit qu'elle avait du flair pour ces choses-là. Rien qu'au toucher du tissu, elle sut que ces robes valaient un prix d'or. Elle ramena la robe dans la laverie et la repassa du mieux qu'elle put.

Quand elle monta l'escalier plus tard, pour apporter le vêtement à la maîtresse de maison, elle pria pour que sa décision soit la bonne. Elle toqua à la porte et attendit comme on le lui avait appris.

— Entrez ! rugit la voix de Madame derrière la porte à doubles battants.

— Votre robe est prête Madame, dit Anne en entrant.

De peu, elle faillit marcher sur un pan de la robe, mais la souleva de justesse. Adrienne regarda la parure choisie et au plus grand soulagement d'Anne, elle ne fit aucun commentaire, ce que la petite domestique prit pour un bon choix de sa part.

Elle aida ensuite Adrienne à se dévêtir en faisant attention à ne pas toucher ses cheveux. Anne qui se demandait toujours pourquoi cette dernière s'intéressait à ses cheveux, observa avec attention ceux de sa maîtresse. Ils étaient d'un brun terne, parsemés, et ils paraissaient très secs et fatigués. Mais Anne dut arrêter de l'épier, car Adrienne l'avait surprise dans le miroir.

— Dépêchons, voulez-vous !

Une fois la corvée d'habillage terminée avec succès, même si Adrienne avait dû trouver Anne d'une incompétence révolutionnaire, la jeune fille dut rejoindre l'entrée pour accueillir le véritable chef de la maison. Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre et espérait qu'il ne soit pas aussi antipathique qu'Adrienne.

— Monsieur ne devrait pas tarder. Attends près de l'entrée, demanda Marthe à sa jeune recrue.

— Très bien.

Anne resta plantée devant la porte d'entrée une petite minute avant d'entendre quelqu'un descendre l'escalier. Elle ne put s'empêcher de tourner la tête et aperçut un des deux jeunes hommes, mais elle n'aurait su dire lequel.

Il descendait tranquillement les marches, dans une tenue raffinée, sans faire attention à Anne qui se trouvait là. Elle continua de le regarder. Visiblement, il allait dans sa direction. Allait-il lui demander quelque chose ? Finalement, il vint se poster non loin de la porte en prenant une posture d'attente. Anne tourna la tête, cessant de le regarder. À tout point de vue, il ne parlerait pas.

Les jumeaux Réan - Roman -TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant