Les jumeaux Réan - Roman -TERMINÉ

Chapitre 34 -✅

Depuis la conversation assez haineuse des deux frères dans le couloir de l'étage, Anne ne cessait de penser à Abel. Pourquoi Arthur, son frère au sale caractère, avait-il prétendu qu'Abel pouvait avoir des sentiments pour elle ? Il est vrai qu'il était toujours aimable et gentil avec elle, prévenant même, mais Abel était honnête et il avait démenti les faits. Mais pourquoi avait-elle un doute ? Qui disait réellement la vérité ?

Arthur ? Ou Abel qui disait n'éprouver que de l'amitié pour elle ? Plus elle y pensait et plus elle ne savait pas si l'une ou l'autre des options lui faisait plaisir ou non. Après cela, Anne s'était rendue dans la bibliothèque avec le jeune maître Arthur pour recevoir sa fameuse punition bien méritée selon lui et Adrienne, la maîtresse de maison.

En guise de préambule, Anne s'était prise sa deuxième gifle de la journée. Visiblement, les mains d'Adrienne la démangeaient depuis qu'Anne était arrivée à la demeure. Madame De Réan eut envie de lui prendre aussitôt sa belle broche, mais Anne lui rappela avec aplomb que si elle ne l'a portait pas, Adélaïde risquait d'avoir encore plus de soupçons. Sur ce, après cette défaite cuisante, Adrienne avait ajouté à l'adresse de son fils "préféré" une remontrance sur le fait qu'il n'avait pas surveillé Anne comme il fallait et que toute cette histoire ne serait point arrivée.

Enfin, la véritable punition arriva. Anne devra à partir de minuit, quand tout le monde dormira, récurer les joints de la douche personnelle d'Adrienne avec une brosse à dents. Ainsi, cela lui rappellera de bons souvenirs, comme avait dit Adrienne en souriant de façon sadique. Anne avait trouvé cela vraiment incorrect de la part de sa maîtresse. Arthur lui, n'avait cependant rien dit, visiblement énervé contre sa chère maman après s'être pris un soufflon de sa part.

Puis, comme cela ne semblait pas suffisant, Adrienne ajouta qu'après le décès de la grand-mère, Anne serait rasée à blanc et elle lui ferait un publicité si atroce sur son comportement et ses manières, qu'il lui serait impossible de trouver du travail dans un rayon de plus de deux cents kilomètres à la ronde. En attendant, Anne avait encore de longs mois devant elle, pour profiter de la belle vie et voir de plus en plus de rides apparaître jour après jour, sur le visage de dragon d'Adrienne.

Secrètement, Anne avait en tête de souhaiter une très longue vie à Adélaïde, pas seulement pour agacer Adrienne sur une aussi grande période, mais surtout parce Anne adorait passer du temps avec la grand-mère des jumeaux et qu'elle trouvait qu'elle ne méritait pas de mourir à l'âge de quatre-vingt-sept-ans.

Deux jours avant le bal, Adélaïde, la grand-mère atypique des garçons, était assise dans un fauteuil du petit salon, discutant avec joie et entrain avec Anne, alias celle qu'elle croyait être Lady Henriette, pour une séance de lecture hebdomadaire. Mais en vérité, aucune des deux femmes ne lisaient. Elles se moquaient, tout en restant polies, d'Adrienne.

— C'est vrai oui, à chaque fois qu'elle parle de vous, c'est comme si vous étiez déjà dans la tombe ! dit Anne pour répondre à la vieille dame en sirotant sa tasse de thé.

— Elle a mis des années à me présenter à vous, espérant que je trépasse avant de vous voir. Et pourtant, elle espère toujours autant que je passe l'arme à gauche. Soit elle me hait vraiment profondément, soit elle me cache réellement quelque chose. Qu'en pensez-vous ?

Anne faillit recracher le thé dans sa tasse. C'était bien la troisième fois depuis son arrivée qu'Adélaïde lui faisait part de ses doutes. A chaque fois, Anne ne savait que répondre. Heureusement, cette fois-ci elle sut.

— Je suis navrée, mais je crains bien qu'elle vous déteste ! répondit Anne sur le ton de la rigolade pour rendre la question de la vieille dame moins sérieuse.

Aussitôt Adélaïde se mit à rire.

— J'espère toujours qu'elle finira par m'apprécier comme j'ai réussi à le faire, quoi qu'il en soit, la vieille chouette que je suis assistera au mariage de son petit-fils, pour sûr !