Chapitre 50 -✅

667 109 209
                                    

Alors que le jeune maître Arthur venait d'exposer les possibles liens de parentés d'Anne avec la famille De Rosemond à Henriette, après lui avoir dit clairement ne pas vouloir se marier avec elle, cette dernière, restée aimable jusque-là, ne tint plus. Arthur abusait de sa gentillesse.

— Vous croyez réellement que j'ai envie de vous écouter parler de celle que vous aimez et avec qui vous m'avez trompée ? Voulez-vous m'achever Arthur ? J'ai besoin de prendre mes distances avec vous et votre famille si je ne veux pas devenir folle. Qu'elle soit roturière ou noble, je n'en n'ai que faire actuellement, dit-elle en vue de répondre à sa question, en tournant les talons vers le portillon des Réan.

Quand Mademoiselle Henriette De Fleurville monta dans son taxi, nullement retenue par le jeune maître qui était dépité par la situation, elle garda la force de bien se tenir, ne voulant pas obtenir de pitié de qui que ce soit en versant une seule larme de plus. Mais une fois chez elle, elle courut dans sa vaste et belle chambre et pleura à chaudes larmes pendant près d'une heure sans que personne n'en sache rien.

En revanche, quand elle en sortie pour avertir son père et sa mère de l'annulation du futur mariage, qui seraient certainement très fâchés envers Arthur, elle avait redoré sa peau de petite jeune femme exemplaire, semblant nullement attristée par la situation, un maquillage refait parfaitement. Henriette avait le jugement facile, une langue bien pendue, mais on ne pouvait pas lui reprocher sa force de caractère à toute épreuve.

Son père fut très en colère, on aurait presque pu penser qu'il se serait levé de son fauteuil roulant pour courir à toutes jambes à la demeure des Réan, en parler avec le chef de famille et remettre les pendules à l'heure. Quant à Madame De Fleurville, elle fut triste pour sa fille, mais relativisa vite les choses. Le jeune maître Arthur ne méritait pas sa progéniture parfaite, elle était trop bien pour lui et peu importait l'arrangement fait entre les deux familles, elle trouverait un bien meilleur parti. Mais pour le père de famille, les choses n'allaient pas se terminer aussi facilement.

— Père, que comptez-vous faire ? demanda inquiète Henriette dans le petit salon, sa robe noir rendant la situation sinistre.

Bien qu'elle pensait qu'Arthur devait être puni, la décision peut-être radicale de son père l'effrayait.

— Demander des dommages et intérêts !

— Je n'ai pas la force de me battre et j'ai subi assez d'humiliations comme ça. Laissons tomber et prenons simplement nos distances avec cette famille. C'est vrai, c'était complètement absurde ce plan ! Pourquoi avons-nous accepté une telle chose ! ajouta Henriette soudain énervée.

— Cette petite impertinente ne va pas s'en tirer comme ça ! exprima soudain le père de la jeune fille, comme s'il n'avait pas écouté traître mot de ce qu'avait annoncé sa fille.

— Laissons-la tranquille, je suis sûre qu'elle à déjà été jetée à la rue à l'heure qu'il est, répliqua la jeune fille, sans un pincement au cœur.

Henriette avait déjà été bien gentille de ne pas lui dire ce qu'elle pensait lors de cette entrevue scandaleuse, ayant eu lieu quelques heures auparavant. Dans son esprit, elle pouvait bien penser ce qu'elle voulait à présent. Et penser aux malheurs qu'allait vivre Anne, la soulageait quelque peu.

— J'espère bien ! claironna le père avec un regard sombre. Mais alors, que suggérez-vous ma fille ? On ne peut pas laisser cette famille impunie ! Et vous ma chère ? demanda t-il à sa femme.

Madame De Fleurville, un éventail à la main s'exprima enfin sur la chose :

— Je pense que c'est à notre fille d'en décider, c'est elle qui est le plus peinée dans cette histoire. Je suis sûre que c'est un mal pour un bien. Il y a tellement de jeunes hommes mieux établis dans la région qui seraient à la hauteur de notre fille.

Les jumeaux Réan - Roman -TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant