Chapitre 37 -✅

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Anne avait à présent rejoint la chambre d'Arthur, qu'elle occupait en ce moment en tant qu'invitée sous le faux nom d'Henriette De Fleurville. Elle avait enfin cessé de pleurer après dix bonnes minutes dans les bras du charmant et compréhensible Abel. Elle se sentait si bien auprès de lui, car elle savait qu'il ne jouait pas avec ses nerfs comme le faisait son frère en permanence, qui était un coup gentil avec elle et un coup arrogant et méprisant.

D'ailleurs, elle n'avait pu exprimer son mécontentement auprès de ce dernier après son geste déplacé qu'il avait eu envers elle à la fin de la représentation. Elle était très en colère contre Arthur, il aurait dû la prévenir ! On ne pouvait embrasser les gens sans les prévenir, surtout dans la situation actuelle. Et elle avait vu comment il avait parlé à son frère en le prenant de haut et cela ne lui plaisait guère.

Comme la soirée battait encore son plein, Anne se changea pour revêtir un vêtement de nuit et se démaquilla sans attendre l'aide de Beckie, bien occupée avec la foule d'invités encore présente en bas. Anne se demanda si elle aussi avait vu le baiser ? Qu'en penserait-elle ? Et Marthe que dirait-elle ? Et pire, la sentence d'Adrienne serait-elle à la hauteur d'une telle trahison ?

Anne savait aussi que Louise De Martigue ne manquerait pas de tout révéler à Lady Henriette De Fleurville. Même si Anne ne l'estimait pas au plus haut point, elle se sentait gênée pour elle, Arthur l'avait trompée ni plus ni moins. Henriette serait probablement très contrariée en l'apprenant et Anne se prendrait une fois de plus les foudres.

Quand elle avait accepté sans trop savoir dans quoi elle s'embarquait, en jouant le rôle d'une aristocrate, elle n'avait pas pensé que cela serait aussi épuisant émotionnellement.

Anne qui était finalement exténuée, n'arrivait pas à s'endormir pour autant. Son esprit ressassait des sensations et des images qu'elle ne souhaitait pas revivre. Elle voulait aussi attendre Beckie, qui aurait dû déjà la rejoindre pour l'aider à se changer. Elle pourrait se confier sur cette soirée pleine de rebondissements.

A peine une minute plus tard, on toqua à la porte. Anne sauta du lit pour ouvrir elle-même la porte et se jeter sur Beckie pour déverser tout ce qu'elle ne pouvait dire à personne d'autre.

Son visage tout à coup plein d'espoir se referma aussitôt quand elle vit apparaître non pas Beckie, mais le jeune maître Arthur dans l'encadrement de la porte.

— Oh, c'est vous, laissa-t-elle échapper dans un soupir las, sans pour autant le laisser entrer. Qu'est-ce que vous voulez ? reprit-elle en se cachant un peu derrière la porte au vue de sa tenue.

Elle repensa subitement au baiser et s'en voulut immédiatement, ce n'était pas le moment de faiblir face à un personnage aussi redoutable qu'Arthur.

— Pardonnez-moi, je ne pensais pas que vous seriez déjà couchée. Je voulais m'entretenir avec vous, mais vous semblez contrarier, dit-il en observant le visage crispé de la jeune fille.

— Je le suis en effet. Maintenant, il est tard et j'aimerais me reposer, dit-elle sur un ton froid plein de sous-entendus, en claquant la porte au nez du jeune homme.

Elle repartit en direction de son lit, mais fut surprise d'entendre la porte s'ouvrir dans son dos. Elle se retourna et fut malheureusement obligée de constater que le jeune homme ne l'avait pas écoutée. Il venait de refermer la porte et il était ni plus ni moins dans sa chambre.

Anne prit rapidement sa robe de chambre et l'enfila.

— Sortez d'ici ! Je ne vous y ai guère invité ! prononça-t-elle durement.

— Je dois vous parler Anne... commença t-il par dire avant de se faire couper par la jeune fille.

— Moi, je n'en ai guère envie et c'est d'ailleurs très inconvenant de vous trouver dans ma chambre au beau milieu de la nuit !

Les jumeaux Réan - Roman -TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant