Les jumeaux Réan - Roman -TERMINÉ

Chapitre 23 -✅

L'échange avec mademoiselle Henriette de Fleurville avait bien duré deux bonnes heures. Malgré cela, Anne ne savait que très peu de choses sur la jeune fille, du moins sur sa personnalité. C'était une jeune demoiselle avec un physique agréable à regarder. Depuis l'enfance, elle était douée pour le tennis, la danse, le chant et le piano. Mais qui ne l'était pas quand il était de noble lignée ?

Les règles de bienséance en société n'avaient aucun secret pour elle. Lady Henriette était très fusionnelle avec son père et n'hésitait pas à annuler des événements mondains pour rester auprès de lui quand elle le jugeait nécessaire.

Anne avait trouvé que c'était un côté de sa personnalité qu'elle préférait, elle avait visiblement un cœur. Mademoiselle de Fleurville aimait le rouge, se levait toujours de bonne heure pour que sa peau soit parfaite et sans la moindre trace d'oreiller imprimant ses joues, adorait la fraise et détestait les araignées. Elle n'avait pas de frère ni de sœur et se savait extrêmement choyée par ses parents dû au fait d'être une enfant unique.

Elle avait même dit à Anne qu'elle n'aurait jamais voulu être abandonnée sous peine d'en mourir de honte et qu'elle se demandait comment Anne arrivait à surmonter chaque jour que des personnes ayant été ses parents, puissent l'avoir rejetée.

Anne sut bien vite qu'Henriette semblait, croyait que tout le monde dans son entourage l'appréciait. Même si personne ne lui avait dit en face, il devait bien y avoir des personnes la trouvant hautaine, comme le pensait Anne, presque à chaque fois que la jeune fille ouvrait la bouche.

Cependant, Anne changea un peu d'avis sur la personne qu'était Henriette quand cette dernière demanda aux garçons de sortir du boudoir et qu'elle expliqua à Anne comment elle était tombée amoureuse d'Arthur. Anne qui pensait à tort que cette jeune fille avait un cœur de glace fut étonnamment surprise quand elle l'entendit dire, d'une voix douce et sincère :

"Arthur et moi nous connaissons depuis l'enfance, ce n'est pas un secret. Nous avons partagé beaucoup d'émotions ensemble, il m'a soutenue quand mon père a eu son souci de santé, finissant par le laisser paralysé dans un fauteuil. Il m'a obligée à garder la tête haute quand j'avais envie de tout abandonner. J'ai cru perdre mon père, vous savez... Moi qui suis toujours pimpante, souriante, aimable, je n'avais plus envie de cela. Mais Arthur m'a aidée à sauver les apparences et à ne pas me laisser sombrer. Il peut paraître dur dans certaines de ses paroles et au départ il ne m'a pas épargné."

"Même si notre union est vraisemblablement arrangée, il n'empêche que nous éprouvons de vrais sentiments l'un envers l'autre. Ça me peine de le dire, mais c'est moi qui ai éprouvé quelque chose à son égard en premier. Je suppose que l'annonce d'un éventuel mariage, arrangé il y a de cela quelques années, a fait évoluer notre relation. Je vois ma vie entière à ses côtés, j'ai réellement envie d'être mariée à cet homme. Vous ne devez certainement pas comprendre ce sentiment qui nous unit, car vous ne savez rien de l'amour, et il est vrai qu'en public, nous ne pouvons en montrer davantage. Mais en privé, Arthur sait se montrer compréhensif, doux et prévenant et puis il est aussi pointilleux que je peux l'être."

"Je ne vous cache pas qu'il n'est pas parfait, mais à mes yeux, il l'est. C'est pourquoi votre rôle est crucial pour moi. J'ai l'air parfaite en apparence, et cela ne me dérange pas, mais si je l'étais intérieurement, je n'aurais aucun mal à jouer les filles simples, non protocolaires, imaginatives, amusantes, aidant les pauvres, que voudrait que je sois Madame Adélaïde. Mais je ne suis pas cette jeune fille, je n'ai aucune attache envers les petites gens, je suis directive, j'aime l'étiquette, prendre les gens de haut pour montrer ma supériorité et cela ne me peine pas en vérité. Arthur m'aime comme ça et c'est le principal. Je ne veux pas changer pour qu'on puisse m'aimer et m'accorder la main de celui que j'aime. Et je ne tiendrai pas le rôle plus de quelques minutes sans rire ou afficher ma vraie personnalité."