Chapitre 10 ~ Évasion

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C'était l'heure des Vêpres. Allongée sur le sol de bois, je me relevai lentement sortant de ma torpeur. Je ne savais pas combien de temps j'avais dormi. Sûrement assez  pour que les cours soient largement terminés. Mon ventre émit un grognement de mécontentement pour avoir sauté quelques repas. Je me dirigeai alors vers ma cachette secrète où je stockais mon délicieux chocolat et autres alimentaires peu diététiques. Et lorsque je l'ouvris l'horreur s'inscrit sur mon visage. Il n'y avait plus de chocolat. Ni de paquet de chips. Seul des cadavres d'emballages subsistaient.

Plus de nourriture ?!

Les horaires pour aller manger étaient très strictes dans cet établissement et ayant loupé le coche je n'avais pas d'autres choix. Je devais absolument aller chercher de quoi me nourrir à la supérette du coin. Prétextant être malade pour que la direction me laisse tranquille, je suis sorti par la vielle porte au fond du couloir des dortoirs qui servait d'issue de secours. L'établissement était plongé dans un silence religieux car tous les résidents étaient obligatoirement conviés à l'office du soir. Une fois dehors je m'abandonnai au souffle vespéral. La vue des cieux muets me soulageais tandis que je déambulais dans les boulevards nocturnes. Après 10 minutes de marche, j'arrivai près du petit supermarché où siégeait à côté de l'enseigne "ouvert 24H/24". J'entrai à l'intérieur de celui-ci et me dirigeai vers les rayons frais où je pris un paquet XXL qui contenait trois sandwichs triangulaires. Je traversai encore quelques rayons pour me retrouver devant l'étale de chocolat. Mes yeux se mirent à briller à leur vue et j'en pris deux tablettes de sortes différentes. Après avoir acheté l'objet de mes convoitises je me rendis à la caisse. Le caissier me gratifia d'un sourire chaleureux que je lui rendis. Cet homme était une des rares connaissances que j'avais. Le souvenir douloureux de Rhéa et Wayne me revint et je me mordis la lèvre inférieure. Le caissier scanna habillement les articles.

" Ça faisait un bail que tu n'étais pas venu à la boutique !", déclara-t-il tandis qu'il passait sa main dans ses cheveux châtins en bataille dévoilant sa boucle d'oreille, "Je suis content de te revoir !"

 " Moi aussi je suis contente de te voir Noa, avouais-je.

 - Ça te fera 4.30 €, me dit-t-il joyeusement."

Je sortis un petit porte-monnaie de ma poche, payai mes emplettes avant de dire au revoir au jeune vendeur et de m'en aller, mon petit sac de course sur l'épaule.

Lorsque je voulus passer par le chemin dont je m'étais servis à l'allée je fus obligée de faire demi-tour à cause d'un accident de voiture assez grave. Les rues étaient éclairées par la lumière anémique des réverbères. Je m'engageai dans une ruelle encadrée de part et d'autre d'immeubles vétustes. Sur le sol était écrasé de nombreux morceaux de pain qui se faisaient ronger par des bêtes d'égouts. Les pavés avaient pris une couleur noirâtre et des personnes mendiaient aux coins des rues. 

Une jeune fille attira soudain mon regard, assise sur le bitume au coin d'une allée. Son visage halé contrastait avec ses long cheveux d'une couleur blanche immaculée noués en deux nattes. Elle avait de grands yeux verts ornés de longs cils. Elle portait une robe simple et usée; par endroits on pouvait voir qu'elle était déchirée. Elle possédait des bottes en fourrure, où deux petits pompons en marquaient la fermeture. Elle avait l'air d'avoir une quinzaine d'années. Elle semblait protéger quelque chose au creux de ses petits bras. Sa voix cristalline déchira le silence. 

" Partez !", cria-t-elle, pourtant il n'y avait pas d'interlocuteurs.

C'est ce que je crus jusqu'à ce que une silhouette émerge de l'obscurité.

La jeune fille se mit à trembler tandis qu'elle serrait plus fort la chose dans ses bras. 

" Partez !", continua-elle désespérément.

Beautiful Curse of SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant