《 Je me jurais que mon destin ne stagnerait pas là, au cœur anonyme de cette ville monstrueuse, que ses promoteurs appelaient "ville nouvelle", fosse commune où les gens sont enterrés vifs avec leurs désirs.》
[ Françoise Lefèvre ]
Des bruits de pas. J'ouvris les yeux, le cœur battant face à l'inconnu.
Quelqu'un venait de pénétrer dans l'abri.
Une silhouette se détacha de l'obscurité.
Il marmonnait des phrases dont le sens m'échappait.
Puis il prononça distinctement :
" Pourquoi ? Pourquoi m'as-tu laissé...? J'avais besoin de toi Paigue!"
La dénommée fixa l'intru de ses deux prunelles pâles.
" Den.", souffla la jeune fille troublée.
Alors c'est de cet homme dont parlait Paigue.
Il était grand et mince. Son teint cadavérique faisait ressortir son regard perçant de couleur azur, voilés par ses cheveux assombris et ébouriffés aux reflets chocolats. Son pantalon noir était remonté jusqu'à mi-cuisse et sa chemise grise mi-ouverte était surmontée d'une veste de même couleur que son bas.
Il avança en direction de Paigue. Sa démarche était nonchalante.
" Tu es revenu.", chuchota la fillette ne le lâchant pas du regard.
Lorsqu'il arriva à ma hauteur, il sembla remarquer ma présence. J'ouvris donc la bouche pour me présenter mais il s'écarta et dit:
" Mes excuses. Je ne peux vous toucher, mon âme est corrompue et la votre aliénée."
Il continua de marcher, faisant face à Paigue, dos au mur de taule. La fillette s'était relevée pour être à sa hauteur, bien qu'il ne la dépasse de deux têtes aux moins.
" On ne s'en sortait pourtant pas si mal au final ! Il ne me suffisait que de les ingurgiter !, s'exclama-t-il
- Den, murmura Paigue."
Après un instant de silence elle continua :
" Tu m'as manqué. J'ai crus... que tu ne reviendrai jamais."
Il plaça chacun de ses bras de part et d'autres du mur retenant la jeune fille prisonnière.
" On était heureux. La pauvreté, la crasse, la famine, je ne voulais pas que cela te souille Paigue !, s'écria-t-il, Il ne me suffisait que de mélanger ça à mon repas...Tu sais quand ils déposaient à chaque fois aux bas côtés pour que je puisse régurgiter. Toute cette souffrance que j'ai enduré ce n'était rien, parce qu'on était heureux. Parce que tu étais heureuse. Mais tu m'as laissé. Au moment où j'avais besoin de toi plus que quiconque tu m'as lâchement abandonné !, s'époumona-t-il.
- Ça suffit !, s'exclama-t-elle tout en plaquant ses mains sur ses oreilles.
-Tu t'imagines que c'est suffisant ? Tu penses que tu pourras m'abandonner à nouveau ?"
Ces mots eurent pour effets de paralyser la jeune fille, les yeux écarquillés et la bouche ouverte, muette de mots. L'amertume traversa ses yeux.
J'étais là témoin d'une querelle qui ne me concernait pas. Cependant j'avais un mauvais pressentiment qui me prenait aux tripes.
Den se rapprocha et plaqua la jeune fille contre le mur, sa tête cogna celui-ci dans un grand fracas. Il saisit alors son cou et y pressa ses doigts autour, à tel point que Paigue en toussa violemment.
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Beautiful Curse of Souls
Aventura[ EN COURS DE REECRITURE ] Je vois ce qu'ils ne voient pas. Ils les poursuivent et je ne sais pas pourquoi. Je provoque une mort libératrice. Don't turn back. Trust in me. Push them up