Chapitre 8 ~ Départ

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Elle révéla un visage fin, des yeux d'un vert océan et des mèches couleur de feu. Un éclat de surprise illumina le regard de mon agresseur et précipitamment il lâcha prise. Je me laissai choir sur le sol. Mes poumons me brûlaient, j'inspirai de grandes bouffées d'air. Mes yeux se fermèrent alors que je le voyais partir.

Néant.

Vide.

Perdue dans l'inconscience, des bribes de mots me submergèrent. Du verbiage dont le sens m'échappait. Il s'en envolait de toute part. De mes mains les mots "descelle les" s'évaporaient. De ma bouche disparaissaient les mots "mensonges". De mon cœur s'évanouissaient les mots "solitude". De ma tête glissaient les mots "souvenirs". 

Ils se regroupèrent et une petite fille naquit de ces lettres assemblées.

Celle-ci était assise.

" Où est mon papa? Où est ma maman? questionnait-elle au silence d'une voix mécanique. "

Mes lèvres restèrent muettes. Un profond malaise m'assaillis. Un père. Une mère. En y pensant une chape de douleur pesa sur mon cœur. Je revoyais les personnes sans visage dont émanait joie et sécurité de mon rêve. Mais les songes ne reflètent pas la réalité mais les désirs enfouis, j'en étais convaincu. La voix de cette petite fille faisait écho avec mes vœux secrets. Mais ma voix n'écoute pas mon cœur:

" Tu n'en a pas besoin, tu verras tu réussiras très bien à vivre sans eux.

 - Alors pourquoi est-ce que tu pleures?", répondis la petite fille sans me regarder

Les mots mensonges se colorèrent d'une couleur âcre dégoulinant sur le visage de l'enfant entraînant sa perte.


Mes yeux s'ouvrirent sur un paysage m'étant familier. Des sueurs froides coulaient. Mon cœur battait trop fort. Mon corps tremblait. Ma gorge était trop sèche. Rien n'avais bougé depuis que j'avais perdu connaissance. Des pensées incohérentes se chevauchèrent et lorsque je voulus parler, aucun son ne sortit. Je toussais et je déglutis dans l'espoir de rallumer ma voix.  

Et si l'homme à la capuche revenait? Et si il y avait fait du mal à mes amis?

Ma gorge se noua à cette  pensée et ma main vint caresser ma nuque d'où l'étreinte mortelle m'avait assaillie.

Mes poings se serrèrent et mes phalanges en devinrent blanche.

Je suis inutile.

Les larmes affluèrent le long de ma cornée tandis que rageusement j'essayais de les contenir. Perdue dans ma tourmente je n'avais pas entendu les pas approcher.

" Pourquoi pleures-tu me fis une voix masculine

- C'est parce que je suis faible, répondis-je d'une voix éraillée pour moi-même

- Pleurer n'est pas une faiblesse fit mon interlocuteur."

Je levais des yeux incrédules sur la personne qui me faisait face.

"Wayne...", soufflais-je

Sur son épaule se trouvait Rhéa qu'il posa délicatement sur le sol. Il avait fait une compresse avec son tee-shirt qui s'engorgeait désormais de sang.

Mes yeux se mirent à chercher la petite mallette à pharmacie que j'avais fait précédemment tomber. Lorsque je l'eus, je m'empressai d'en sortir les outils de soin et me mis à désinfecter la plaie. Son corps tressaillis au contact du produit. Je sentis ses yeux vriller ma nuque et ses lèvres s'ouvrirent sur une question que j'aurai préféré éviter.

 " Qu'est ce qu'il s'est passé?

  - Un homme à capuche m'a agressé au moment où je te cherchai et je n'ai rien put faire contre lui, j'ai... j'aurai pu... je suis inutile, finis-je

 - C'est vrai, commença t-il, tu ne nous apportes pas que des avantages, tu manges beaucoup trop, tu utilises MON lit donc je suis obligé de me taper le petit canapé dépliant. Et puis tes petites crises là où tu te retrouve affalée sur le sol dans la salle de bains tu crois que c'est qui qui se tape 50 Kilos à porter pour atteindre miraculeusement le lit le plus proche?"

Ses paroles firent naître un sourire sur mon visage. C'était sa façon à lui de me réconforter.

"  Et Rhéa, elle va bien ?, demandais-je

   - Oui rien de grave, elle est juste endormie.

   - Plus maintenant", nous interrompue une petite voix ensommeillée.

   Entendre sa voix me soulagea et je lui souris. Elle claqua sa langue et dit :

"  Je l'ai laissé s'échapper, ce gars, il se peut qu'il soit à l'origine de la mort de Dame Maho. Si c'est le cas c'est dangereux pour toi Lexy de rester ici."

  - Huh?, seule syllabe s'échappant de mes lèvres

  - Rhéa a raison renchérit Wayne, tu devrais rentrer chez toi.

  - Vous... vous ne voulez pas que je restes avec de vous?", ma voix se fit fébrile. J'allais devoir quitter ce qui avait sûrement le plus d'importance à mon cœur.

Pourquoi est-ce que je m'accroche à des choses qui ne peuvent pas durer? 

 " Ce... ce n'est pas grave. D'ailleurs je pense avoir déjà assez abuser de votre hospitalité, je ne peux pas m'imposer plus longtemps." Les mots s'échappèrent de mes lèvres même si je n'en pensais rien. Égoïstement je voulais m'accrocher à ces lambeaux de bonheur.

Rhéa me sourit tristement. 

Non, pas ce regard. Je ne veux pas qu'on me regarde avec pitié!

Prestement je me levai et partis rassembler le très peu d'affaire que je possédais ici. J'arrivais dans la pièce qui m'avait accueillie. Mon regard embrassa une dernière fois cet endroit. Ses meubles en bois, sa literie d'où flottait une légère odeur de citron, son parquet qui grinçait de temps en temps et sa petite fenêtre où reposait le vase dans lequel nous avions moi et Rhéa mis quelques fleurs qui dataient du décès de Dame Maho. Il s'était passé tellement de choses incroyables en si peu de temps. Un soupir de nostalgie s'échappa de mes lèvres. Je fis demi-tour après avoir noué mon ruban autour du vase de cristal, laissant derrière moi les fleurs se faner. Cela aurait suffit à mon bonheur je pense, cette vie je l'aurai chéri à chaque instant, je ne veux pas l'oublier. Je fermai la porte tournant définitivement le dos à ce que j'aimais. J'avançais d'une tristesse tranquille dans le couloir.

Tout ira bien tant que je pourrai me souvenir.

Les voix de Rhéa et Wayne me parvinrent et je m'arrêtai parce que je réalisai enfin ce que je ne voulais pas comprendre. Le chagrin me gagna toute entière. J'eus du mal à respirer. Ma poitrine se gonfla d'un vide imbibé d'une infime douleur. 

Je ne les reverrai jamais.

" Tu es sûr que..., s'éleva la voix de Rhéa

 - De toute façon elle ne se rappellera même plus de nous" coupa Wayne

Comment?! Mes souvenirs c'est tous ce qu'il me restera... Comment pourrais-je? Je ne veux pas. Je ne veux pas oublier. Je ne veux pas les oublier. Je ne veux pas les perdre.

J'eus la sensation que mon corps se décomposait à mesure que les larmes m'asphyxiaient. Je tombai à genoux les poings collés contre les tempes m'abandonnant à cette souffrance brusque et douloureuse. Je n'avais ni l'envie ni la force de me relever. 



✘Note de l'auteur : Je tiens à m'excuser pour le retard de parution de ce chapitre. En ce qui concerne le média je l'ai mis car c'est la musique que j'ai écouté lorsque j'ai écrit le moment où Lexy rassemble ses affaires pour partir, donc vous pouvez lire ce passage avec la musique en fond ~ Merci d'avoir lu j'espère que cela vous a plu. 


Beautiful Curse of SoulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant