C'était une nuit sans lune. Nous étions partis au festival du nouvel an. Une femme à la chevelure platine me tenait la main dont une tendresse infini en émanait. Un homme au cheveux sombre aux reflets bleutés me prit sur ses épaules. D'ici j'avais une vue imprenable sur les feux d'artifices déversant des multitudes de paillettes dans mes yeux d'enfants. Puis il s'est mis à pleuvoir, alors nous avions décidés de rentrer. Les souvenirs se brouillent laissant place à une marque qui m'avait volé tout ce que je pouvais aimer.
Rhéa et Wayne avait été réveillés par le son de mon cri et avaient accouru dans ma direction. Ils m'avaient retrouvé inconsciente, étendue sur le sol et m'avaient remise au lit. Ce furent les rayons du soleil qui me sortirent de mon sommeil. J'étais décidée à retrouver cette vielle folle de Maho et à lui demander des explications. La peur avait laissé place à la rancune et je dus me calmer pour chasser les idées meurtrières qui me traversaient l'esprit. Lorsque ce fût fait je commençai à me vêtir quand Rhéa m'interpella :
" Lexy, où vas-tu ?, me demanda-t-elle, je prépare un magnifique ragoût que m'as enseigné Dame Maho, reste donc y goûter !
- Justement, je vais aller lui dire deux mots à cette folle de veille Dame!, lui réponds-dis-je avec hargne.
- Oh, d'accord Lexy ! Bon voyage, ne te perds pas en chemin et ne rentres pas trop tard !, me dit Wayne
- Quoi? Mais...!, s'esclaffa Rhéa
- Très bien ! On se retrouve tout à l'heure !, lançais-je à mes deux camarades.
Main sur la poignée de la porte, je m'apprêtai à l'ouvrir lorsque Rhéa attrapa une poêle et, avec un élan spectaculaire et une force phénoménal me la projeta sur la tête. Je tombai à la renverse. Wayne ne fut pas épargné. Rhéa, qui avait encore une paire de grosses poêles, s'en servis pour le taper avec rage.
" Comment ça " D'accord "?, demanda t-elle à Wayne, je ne suis pas d'accord ! Lexy restera et goûtera à mon ragoût ! Tu m'entends ? Elle ne pars pas ! Je me suis levée à 5h00 hier pour acheter les ingrédients pour ma recette ! Tu comprends ? Je me suis arachée de mon lit à 5h00 pour deux petits ingrats comme vous !"
Wayne semblait ne plus pouvoir lui répondre. Rhéa le secouait, elle était folle de rage et n'arrêtait pas le remuer dans tous les sens.
Oulala... Je prends note : Ne plus jamais mettre Rhéa en colère! Si je ne pars pas maintenant je risque d'y passer!
Rampant au sol, j'essayais péniblement d'atteindre la sortie.
" Lexy !, dit une voix autoritaire derrière moi, tu restes ici !"
C'était Rhéa. Quand je me retournai, un frisson me parcouru le corps. Elle avait installé la table et son fameux ragoût fin prêt trônait au centre de celle-ci.
Un ragoût au petit déjeuner, quoi de mieux pour commencer la journée ! Connaissant les capacités culinaires de cette furie brune cela risquait d'être une explosion de saveurs non-identifiées.
Le repas se déroula dans un silence religieux. Lorsque nos assiettes furent vides Rhéa retrouva son sourire rayonnant.
" Tu peux partir ma petite Lexy. Tu as tout manger sans protester!
- Où est-ce que tu voulais te rendre ?, me questionna Wayne
- Au temple, dis-je une lueur de détermination dans le regard, je compte bien trouver des réponses à mes questions.
- Laisse nous t'accompagner me proposa gentiment Rhéa."
J'acceptais leur offre de peur que cette vielle Maho m'agresse de nouveau. Après un quart d'heure de marche nous nous retrouvâmes devant la grande bâtisse. Mais lorsque nous rentrâmes à l'intérieur les lieux étaient saccagés et les parterres piétinés. Interloqués, nous suivirent Rhéa qui nous guida à l'intérieur de la pièce principale. Cette pièce resplendissante n'était plus que des ruines. Les colonnes menaçaient de s'effondrer, les arbres qui avaient subis de gros dégâts avaient perdus leurs éclat et l'atmosphère n'avait plus rien de paisible, au contraire elle était glauque. Rhéa avait les yeux vissés sur les décombres, notamment à l'emplacement où siégeait anciennement la majestueuse statue.
" Ils ont osé profaner ce lieux sacré, dit cette dernière en grinçant des dents la voix tremblante de colère."
Nous avançâmes à travers les gravas, l'esprit en alerte. Un nuage de poussière entravait notre vue. Un liquide arriva à nos pieds. C'était une marre de sang. Nous nous stoppâmes net. Devant nous était étendu un corps humain. Wayne s'élança vers la victime. Arrivé auprès du corps sans vie, il cria :
" Non!"
Il chancela s'éloignant peu à peu du corps inerte. Rhéa et moi nous précipitâmes pour identifier la victime. J'aperçus le visage diaphane et marqué par le temps de Dame Maho, allongée sur le sol un poignard planté dans la poitrine d'où le liquide pourpre ne cessait de s'échapper. Rhéa émit un cris me déchirant le cœur. Ses yeux étaient exorbités par la douleur. Les jambes flageolantes, elle tomba à genoux aux côtés de la défunte. D'une main tremblante elle secoua légèrement la morte.
" Maho... Réveille-toi... Ne m'abandonne pas... J'ai besoin de toi... "
Mais le corps restait de marbre, glacé par la mort. La réalité frappa alors Rhéa dont les yeux se mirent à pleurer des larmes éternelles que même le temps ne pourraient tarir. Son corps fut submergée de spasmes. Elle se mit à crier, crier si fort qu'elle en fit saigner mon cœur. Elle hurlait à s'en arracher la trachée, la tête levée vers le ciel comme pour lui demander pourquoi. Ses doigts griffèrent le sol laissant des traînés de sang dans leur sillage.
" Elle ne méritait pas de mourir ainsi ! C'était une femme honorable !", cria-t-elle
Seul les sanglots brisaient le silence. Une larme s'échappa de mes yeux il y avait tant de détresse dans les paroles de Rhéa, je ne supportais pas de la voir dans cet état pourtant j'étais figée.
Les yeux de la brune se durcirent et elle regarda le poignard coupable de son malheur.
Si les larmes étaient des armes, l'assassin demeurerait dans le tombeau des enfers.
Rhéa enleva délicatement la dague de la victime. Elle ne pouvait décrocher son regard de cette arme. Mon amie se mit à la serrer à tel point que ses phalanges en devinrent blanche. Elle se mit debout et partit dans une pièce adjacente et revint aussitôt avec une amulette. Elle décréta ensuite :
" Il faut protéger le corps des mauvais esprits."
Elle se baissa et déposa un chaste baiser d'adieu sur le front de la morte avant de faire passer autour de son cou l'amulette de protection où il était gravé des dessins compliqués et un dialecte indéchiffrable.
Elle se releva et dit :
" Nous devons partir, ce lieu est impur. Nous ne sommes plus en sécurité ici à présent. Mais avant tout, nous devons offrir à Dame Maho des funérailles exemplaires.
- Nous te suivons Rhéa, répondit tendrement Wayne, Mais où vas t-on bien pouvoir la déposer ?"
Elle reprit :
" Dans un fleuve qu'elle appréciait à deux pas du lieu où nous sommes."
Rhéa essayait tant bien que mal de contenir sa peine se murant dans un silence gorgé de chagrin. Elle me rendais terriblement triste. Aidée par Wayne nous transportâmes Dame Maho. Sur le chemin nous ceuillîment une multitudes de fleurs pour qu'elles accompagnent la morte durant la traversée. Rhéa nous guidait à travers les hautes herbes pour arriver à un long fleuve d'où l'eau s'écoulait paisiblement. Les rayons du soleil offraient à cette source cristalline une atmosphère de plénitude, tranchant avec la raison de notre présence en ce lieu. Nous la déposâmes délicatement dans une barque qui attendait sur l'onde tranquille attachée à un pieu en bois. Nous décorâmes l'embarcation avec les fleurs sauvages que nous avions cueillies. Il émanait d'elles un doux parfum évanescent. Rhéa rinça le poignard qu'elle avait gardé, l'eau souillée s'écoula. Une fois redevenue limpide Rhéa se servit de l'arme qui avait ôté la vie de la vielle dame pour laisser le courant l'emporter. À présent ce cours d'eau veillait sur son âme. Les roseaux et les saules s'inclinaient au rythme du vent berçant ainsi le corps inerte. Je me retins de verser une larme non pas pour Dame Maho car je ne la connaissais que trop peu, mais pour mon amie Rhéa qui, le regard emplit de douleur, voyait une personne qui lui était chère s'en aller.
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Beautiful Curse of Souls
Adventure[ EN COURS DE REECRITURE ] Je vois ce qu'ils ne voient pas. Ils les poursuivent et je ne sais pas pourquoi. Je provoque une mort libératrice. Don't turn back. Trust in me. Push them up