Chapitre 20 : Ils ne savent pas qui je suis vraiment.

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PDV CHERYL

Un bip continu et assourdissant m'extirpe de mon sommeil. Une armada de soignant entrent dans la chambre de ma femme.
Une infirmière m'indique à moi et Toni de quitter la chambre. Encore partiellement endormie, je ne comprends rien à ce qu'il se passe. Je pose les yeux sur un écran proche de Tamsin et constate une ligne plate sur la fréquence cardiaque. Je réalise alors ce qu'il se passe. Mon amie me serre de toutes ses forces dans ses bras, m'empêchant ainsi de tomber.
Nous voyons les électrochocs des palettes soulever le corps de ma femme. Les médecins demandant des doses d'adrénalines puis de « dégager ».

Je ne sais pas comment je tiens encore debout. Mes larmes brûlent mes yeux, mes cris nouent ma gorge et mes muscles se tétanisent. Puis, voici ce moment, le moment où le sourire revient sur le visage des soignants. Un cœur qui repart et une poignée qui en est soulagée.
Ma main tenant fortement le bras de Toni et ma bouche encore à moitié ouverte, témoignent de mon choc face à cette image.

Nous voyons le jeune interne expliquer la situation au chirurgien. Le docteur Shepherd ne voit pas ou ne veut pas voir ma présence. Il entre dans la chambre, examine Tamsin pendant plusieurs longues minutes puis regarde sa montre.
Je constate que le docteur DeLuca l'informe de ma présence dans le couloir. J'arrive à distinguer ses yeux humides et, en un battement de cils, je comprends.
Mon amie m'ayant lâché en voyant le neurochirurgien, je me laisse tomber au sol, à genoux. Plus aucune larme ne coulent de mes yeux, c'est avec le regard vide, scrutant le sol, que j'entends la voix du chirurgien.

- Madame Blossom ? Dit-il le cœur lourd.

L'interne m'aide à me relever avec Toni. Ils m'aident à m'assoir sur l'une des chaises proches de la chambre. Toni s'assoit à ma droite tandis que le docteur Shepherd s'installe à ma gauche.
Je les vois bouger leurs lèvres, mais je ne les entends pas. J'écoute le bruit qui sort de leurs bouches, mais je ne les entends pas. Je ne suis pas prête. L'opération s'est bien passé, elle était dans un coma léger. Tout s'était bien passé.

- Cheryl ? Cheryl, écoute les médecins... M'indique mon amie en prenant ma main.

Je pose alors mes yeux secs et piquant sur le docteur. Sa main se pose sur mon genou, il est compatissant, très gentil. Je m'aperçois qu'il cherche ses mots. Je me doute bien de ses propos à venir et je les redoute.

- Madame Blossom, Cheryl, votre femme a fait un arrêt cardiaque. Nous avons réussi à la faire revenir.
- Mais ? Demandais-je en le coupant.
- Mais nous avons besoin de faire des scans afin d'être absolument sûr du pronostic.
- Alors faites.
- Très bien, nous allons la mener maintenant alors. DeLuca, je te laisse faire, je te rejoins en bas.
- Bien Monsieur.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ajoutais-je avant que les médecins ne disposent.
- Le scan nous le dira, mais je pense fortement que le cerveau de votre femme ait gonflé.
- Suite à l'opération ? Demande Toni.
- Certainement un caillot de sang, Madame. Répond l'interne.

Les deux hommes s'éloignent de nous. L'un d'eux emmène ma femme pour l'examen, pendant que l'autre se muni de son dossier dans son intégralité.

Toni est au téléphone lorsque les médecins reviennent nous voir. Cela fait exactement 1 h 34 que Tamsin était descendu pour le scanner. Le docteur Shepherd tient les clichés dans sa main, le regard distant.
Il entre dans la chambre de ma femme et passe une lumière devant ses yeux.
Le jeune interne nous fait entrer et le neurochirurgien renouvelle son geste. Il replace très vite sa petite lumière dans sa poche puis, place les images du scanner sur l'écran lumineux.
Le chirurgien regarde encore une fois ces clichés, comme s'il les découvrait, mais je sais qu'il les a déjà vu.

L'exposition de la vérité a un prix [TOME 3]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant