PARENTS |h.s|

27.

Nous sommes rentrés à la maison quelques heures plus tard après avoir fait un arrêt à une animalerie pour acheter des gamelles, des paniers, des colliers, des laisses ; ainsi, de quoi jouer et surtout de quoi manger. Le tout, en énumérant des prénoms qui pourraient convenir aux chiens.

Un premier constat ici : nous sommes tout aussi nuls que pour trouver ceux des petits humains. Allez savoir comme nous avons réussi à trouver le prénom de Monsieur Kiwi Moustache aussi facilement. Et là, je ne veux aucune critique sur le prénom de mon premier bébé.

D'ailleurs, en parlant du chat, sa rencontre avec les chiens s'est bien passée. En quelques sortes. Parce que les choses auraient pu mieux se passer comme le contraire.

Monsieur Kiwi Moustache s'est lové contre mon ventre tout en sortant les griffes tandis que les chiens, tenus en laisse par Harry, se trémoussaient comme des fous en laissant échapper des petits cris.

Curieux comme il est, le chat s'est avancé le premier jusqu'aux chiens pour les saluer. Ces derniers l'ont gentiment salué en retour avec des coups de pattes : le pauvre s'est retrouvé coincé entre les deux qui l'ont sûrement pris pour un jouet.

À vrai dire, c'était plutôt drôle.

Résultat de cette première rencontre, Monsieur Kiwi Moustache en excellent drama queen qu'il est, s'est mis à miauler comme un fou avant de venir se réfugier derrière mon dos tout en ronronnant ce qui semblait être des insultes.

Après ça, il n'est plus sorti de son arbre à chat de toute la soirée, refusant même les miettes de saumon que je lui ai proposé.

Pour cette première nuit, nous avons décidé de mettre les paniers des chiens au bas de notre lit, histoire qu'ils ne se sentent pas seuls. Résultat : je n'ai pas fermé l'œil de la nuit parce qu'ils étaient plus d'humeur à courir dans le couloir et essayer de monter sur le lit avant de tomber comme des masses sur le parquet.

Et comme je n'arrivais pas à dormir (comme depuis des jours), j'ai décidé de réveiller Harry. Ainsi, nous avons cherché des prénoms et après des heures de discussion, nous avons trouvé les prénoms parfaits.

Pour la femelle, Honey. Pour le mâle, Golden. Je suis celle qui a trouvé Golden ; et je ne veux aucun commentaire sur le fait que ce ne soit pas très original pour un Golden Retriever.

Nous sommes maintenant les heureux parents de Monsieur Kiwi Moustache, Honey et Golden. Et bientôt de Marla et de Alfonso.

(bien sûr, je rigole) (c'est surtout drôle parce que Harry croit vraiment que je suis sérieuse)

La semaine qui suit, nous commençons à mettre en place des habitudes pour Honey et Golden ainsi qu'à les dresser et aussi faire en sorte qu'ils n'agressent pas Monsieur Kiwi Moustache à chaque échange.

Pendant la première moitié de cette semaine, Louis se plaint que les chiens n'ont rien à faire au bar mais il finit par abandonner quand mercredi, je pleure sans vraie raison précise. C'était assez simple et plutôt satisfaisant.

Pendant la seconde moitié, nous installons leurs paniers dans le salon et Harry change la porte qui mène au jardin puisque la chatière destinée à Monsieur Kiwi Moustache est beaucoup trop petite pour les chiens et que des accidents sont déjà arrivés.

Et après une semaine entière, je peux dire que nous avons plus ou moins bien réussi à nous en sortir.

C'est ce à quoi je pense lorsque je marche dans une flaque de pipi à l'instant.

Nous sommes dimanche très tard la nuit ou lundi très tôt le matin, à vous de choisir puisqu'il est deux heures du matin. Mais une chose est sûre : je n'arrive pas à dormir et je meurs de faim.

J'essuie tant bien que mal la flaque avant de me diriger vers la cuisine.

J'ai envie de nuggets. Et de cornichon.

Tout en engloutissant un cornichon, j'enfourne huit nuggets au four.

Et ne me demandez pas comment, mais je parviens à m'endormir et lorsque je suis réveillée par les léchouilles de Honey, les nuggets ont brûlé.

Je pleure, donne ces fichus nuggets aux chiens avant de réitérer l'opération une nouvelle fois. Et là, je m'assois au sol face au four afin de ne pas rater (encore) ma mission.

À peine installée, je vois la lumière des escaliers s'allumer puis j'entends des pas.

« Kayla? » Harry chuchote. « Tout va bien, chaton? »

Il me rejoint après avoir admiré le chaos que j'ai créé en à peine trente minutes.

« Hm hm. » Je secoue la tête rapidement.

Pour être honnête, j'ai encore envie de pleurer et je ne sais pas pourquoi mais c'est chiant et ça me donne encore plus envie de pleurer.

« J'avais faim. » J'ajoute. « Et j'ai brûlé les nuggets donc j'ai recommencé. »

« Pourquoi tu n'as pas commandé sur Uber Eats? » Il demande.

Quel vieux cul, il croit vraiment que je n'y avais pas déjà pensé?

« Je ne me souviens pas du code de ma carte bleue. » Je renifle.

Il secoue la tête et pose sa main sur ma cuisse avant de la serrer doucement. Nous regardons le four pendant plusieurs minutes avant que ça ne soit enfin prêt.

« C'est quoi le problème? » Il demande finalement après que je me sois servi.

Le problème c'est que j'avais l'habitude de dormir sur le ventre et que je ne sais pas dormir autrement. Il y a encore quelques semaines, j'y arrivais encore mais depuis le début du quatrième mois, j'ai dû dire adieu à ce petit plaisir.

Et maintenant que j'arrive dans le cinquième mois, je ne sais plus comment faire. C'est frustrant de ne plus pouvoir faire quelque chose où j'étais la meilleure il y a encore quelques semaines.

Le seul vrai moment où je pourrais m'endormir c'est lorsque je prends un bain mais je ne veux pas vraiment finir toute fripée avant l'heure.

« Je n'arrive pas à dormir, Harry. » Je marmonne après avoir englouti un nuggets encore chaud. « Je suis épuisée. »

Je pose ma tête contre son épaule et soupire encore avant de manger.

« Demain à la première heure, on ira acheter un coussin de grossesse, ok? » Il propose.

« Tu sais ce que c'est? » Je demande la bouche pleine.

« Tu me prends pour qui? » Il s'étonne. « C'est sur la liste des choses à acheter le plus rapidement possible dans ton livre de grossesse. »

Je lui souris.

« Va pour un coussin de grossesse pour Kayla! » Je m'exclame.

Il a trouvé une solution rapidement, je ne m'y attendais pas.

« Tu veux qu'on s'installe dans le canapé et qu'on regarde Friends? » Il propose. « Je peux être ton traversin pour le reste de la nuit. »

« Tu ferais ça? »

« Je serais ta solution temporaire, chaton. » Il m'embrasse doucement.

« Tu n'as pas sommeil? » Je m'inquiète.

« Oh si, mais on fait ça en équipe. » Il m'aide à me lever avant d'aller chercher la couverture et les oreillers à l'étage. Puis il chantonne : « 'I'll be there for you', comme ils disent. »

Spoiler : il s'est endormi même pas dix minutes après le générique.

I'll be there for you, mes fesses.