PARENTS |h.s|

16.

En ce lundi matin, Lola m'a proposé (même si le terme exact serait m'obliger ou me traîner de force) de l'accompagner faire du shopping. Elle a besoin de tenues pour son nouveau travail et de faire des provisions pour Freddie.

Harry pense que c'est une bonne idée comme ça je pourrai m'acheter de nouvelles tenues. Je pense qu'il aurait dû me laisser sa carte de crédit, mais il ne l'a pas fait. Tant pis.

Cependant, nous sommes lundi matin et en plus de m'être endormie contre la cuvette des toilettes entre deux vomis, je n'ai pas entendu mon réveil sonner et Lola est entrain de beugler mon prénom à tout va.

« J'attends ici depuis quinze minutes. » Elle souffle quand je lui ouvre enfin la porte.

« Tout le quartier doit le savoir. » Je remarque, parce qu'à force de sonner à la porte plus toquer en criant mon prénom, je suis sûre que les vieux qui habitent à six maisons d'ici l'ont entendu.

En la laissant entrer, je lui jette un coup d'œil et décide que je la déteste à nouveau : elle est perchée sur des hauts talons, vêtue d'une jolie robe, coiffée et maquillée. Alors que je suis vêtue d'un ensemble de jogging trop large et tâché accompagné d'une paire de chaussettes dépareillée et je ne préfère pas parler de l'état de mes cheveux et encore moins du fait que je sois aussi pâle qu'un fantôme.

« Tu fais du sport? » Je demande après avoir aperçu sa fine silhouette.

« J'ai repris le yoga au début du mois! » Elle sourit. « Tu veux te joindre à moi? »

Comment peut-elle faire tout ça alors qu'elle a un bébé?

« Sans façon. » Je grimace avant de filer à la douche.

Vingt minutes plus tard, je suis prête à partir.

À côté de Lola et de ses hauts talons, je me sens minuscule avec mes converses. Là encore, ça ne change pas grand chose à l'histoire de ma vie. En tout cas, je préfère jouer la carte de la sécurité en cas de nausée soudaine.

Sur le trajet jusqu'au centre commercial, Lola se met à fredonner. Elle m'épate franchement! Elle a un bébé de presque quatre mois et elle trouve le temps de se maquiller, coiffer, faire du yoga et avoir suffisamment d'énergie pour fredonner.

« Comment tu fais? » Je demande finalement.

« C'est simple, tu gardes la bouche fermée et- »

« Je ne suis pas si bête que ça. » Je lève les yeux au ciel. « Je te parle de t'occuper de Freddie et ta vie. »

« Oh, on a une organisation. » Elle hausse les épaules en entrant dans le parking. « Je tire mon lait afin que Louis puisse donner le biberon à Freddie quand je ne suis pas là. Je m'occupe du réveil, du bain et du dodo. Louis s'occupe de lui quand je suis au yoga et au travail. Je prends la relève quand il part au bar à 17 heures et ensuite, il s'occupe de Freddie la nuit. »

Elle m'explique ensuite qu'ils ont arrêté le co-dodo et ainsi ça facilite la nuit de tout le monde.

« Et donc tu as rencontré quelqu'un? » Je demande.

« Ça n'ira nulle part. » Elle soupire. « On ne veut pas sortir avec une maman célibataire habitant avec le père de son bébé. »

« Quand est-ce que Louis déménage? »

« On attend que Freddie ait six mois, ça sera plus simple pour partagée la garde. »

Dans la boutique, je remplis mon panier de vêtements larges et de nouveaux jeans. Tout le contraire du panier de Lola qui m'observe.

« Pourquoi tu n'as pas pris quelque chose de plus moulant? » Elle me demande.

« Ça fait pétasse. » Je hausse les épaules et elle me pointe son panier du doigt. « Tu en es une. »

Elle me regarde étonnée par ce que je viens de dire. Ok, peut-être qu'il faudrait que je nuance mes propos.

« Une gentille pétasse qui a fait un beau bébé. » Je souris.

« Merci? » Elle fronce les sourcils.

« Pas de quoi. » Je lui tape l'épaule et file à la caisse.

Après ça, nous nous retrouvons à faire toutes allées d'un magasin spécialisé en bébé. Enfin Lola est entrain de faire toutes les allées à la recherche de ce qu'il lui faut tandis je découvre des articles qui m'étaient encore inconnus.

Je réalise que mes connaissances en matière de bébé se limitent aux vêtements, biberons et être une tata génialement drôle. Et je ne pense pas que cet argument soit valable afin de devenir un parent.

Oh mon Dieu et voilà que je me mets à angoisser. Est-ce que vous saviez qu'un bébé avait besoin autant de choses? Est-ce que vous saviez qu'un bébé avait besoin d'un mouchoir spécial parce qu'il n'utilise pas de mouchoir comme un grand humain? Comment on fait pour ne pas avaler ses crottes de nez et s'étouffer avec?

« Pourquoi toutes ces questions? » Lola me demande après je lui ai posé une énième question à propos d'un tire lait.

Est-ce que je vais devoir tirer mon lait?

« Je suis curieuse. » Je hausse les épaules.

Non : je suis angoissée. Il faut que je m'achète des manuels et des livres de bébé au plus vite.

« Comment va ton vagin? » Je demande alors que nous sommes à la caisse. La vendeuse me jette un regard horrifié et Lola ne semble pas plus choquée que ça. « Est-ce que ça a laissé un trou béant ou ça a repris sa taille d'origine? » J'ajoute.

« Je suis obligée d'y répondre? » Elle grimace et je réponds par la positive. « Il va bien, je suppose. »

« Cool. » Je souris maladroitement.

Pas cool du tout. J'ai envie de pleurer.