𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐬𝐞𝐩𝐭

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« Déjà-vu »

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Ils étaient la même personne. La respiration de Kai se coupa un instant, tandis que ses yeux s'écarquillaient d'horreur. En face de lui, le vieil homme lui décrocha un sourire triste, et Kai se ratatina sur son siège, pétrifié. Cela ne pouvait pas arriver. Il ne pouvait pas être là, dans ce train, en face de ce vieillard. De lui vieillard.

– J'ai croisé la route de Beomgyu dans les bois, tout à l'heure, juste avant de monter dans ce train, poursuivit-il d'une voix tranquille.

Kai aurait voulu devenir sourd. Sa voix avait changé, devenant plus chevrotante et grave. Il ne se reconnaissait pas. Cet homme ne pouvait pas être lui. C'était impossible. Il riva ses yeux sur ses propres mains, ignorant celles ridées et tâchées de l'homme en face de lui. Un drôle de bouffée de chaleur, désagréable et étouffante, monta en lui, et sa vue se brouilla quelques instants. Cette sensation s'intensifia lentement, s'insinuant partout en lui. Le bout de ses doigts fourmillait, et sa bouche devint pâteuse, quelques instants avant que les premières sensations de nausées ne le prennent.

Il devait quitter ce train.

Et s'il était apparu par sa propre volonté, pouvait-il souhaiter descendre quand il le voulait ? C'était ce que l'homme en face de lui avait sous-entendu. Il pouvait descendre n'importe où, n'importe quand.

– S'il ne lui a pas encore mis la main dessus, alors... Il doit être sur la bonne voie.

Les oreilles de Kai bourdonnaient, l'empêchant d'entendre clairement la voix du vieillard en face de lui. Sous ses yeux, la cabine dans laquelle il se tenait tanguait, se déformait. Il était à deux doigts de faire un malaise, et quand une nuée de petits points noirs apparut, dansant devant ses yeux, Kai sut qu'il perdait le contrôle pour de bon. Une goutte de sueur dégoulina le long de son front, longea les traits crispés de son faciès, tandis que son visage, blême, fixait sans le voir l'homme en face de lui.

Il se leva à peine, les jambes flageolantes.

– Où vas-tu Kai ?

Une main fripée et froide l'attrapa, son sang se glaça et il se figea un bref instant, sentant de la bile remonter dans sa gorge. Il essaya d'articuler une phrase, un mot, en vain. Sa bouche refusa de s'ouvrir. Tout autour de lui, le train se troubla, et sa vision le quitta soudainement, alors que sa tête percutait le sol sans aucune douceur.

N'y penses plus.

Pourtant, il lui sembla entendre une voix chevrotante tout près de son oreille. Une odeur qui le révulsa lui parvint aux narines, et dans ce drôle d'état où il se trouvait, Kai eut à nouveau envie de vomir tout ce qu'il lui restait dans le ventre. Le vieil homme lui tapota l'épaule, et il eut envie de lui hurler de retirer ses sales pattes de lui. Mais il était paralysé, dans les vapes, incapable du moindre mouvement. L'image atroce de lui dans plusieurs dizaines d'années restait gravée dans sa mémoire. Il s'était vu. Lui. Vieux. À un âge qu'il ne pensait jamais atteindre. Il avait vu son visage abîmé par la vie. Il avait vu son corps bien frêle, les restes d'une musculature qu'il n'avait même pas encore. Il avait vu son regard se teinter à mesure que les années passaient, sa peau flétrir, ses doigts s'amaigrir. Et ses images tournaient en boucle dans sa tête, refusant de le laisser en paix. Il gémissait sans même s'en rendre compte, le nez contre le sol.

MAZE IN THE MIRROROù les histoires vivent. Découvrez maintenant