𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐱𝐚𝐧𝐭𝐞-𝐝𝐞𝐮𝐱

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« À un fil »

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Il y a neuf mois.
Soobin, chéri...

La voix de sa mère lui parvint à peine. Les yeux rivés sur ses propres doigts tremblants, Soobin était incapable d'articuler le moindre mot. Dans sa tête, tout se bousculait : l'appel paniqué de ces illustres inconnus, au bord de la route, leurs voix, leur affolement. Il avait été le dernier numéro sur la liste des appels de Kai, le premier que ces gens – ses sauveurs – avaient composé juste après les pompiers. Taehyun avait essayé de le retenir. Il lui avait hurlé dessus, de toutes ses forces pour ne pas qu'il s'approche du véhicule. Beomgyu et Yeonjun l'avaient retenu pour l'empêcher de dévaler le ravin dans lequel sa voiture s'était enfoncée. Il avait hurlé, pleuré, comme les trois autres garçons et la suite... La suite avait été pire que tout. Les pompiers étaient arrivés une vingtaine de minutes plus tard. Il l'avait retrouvé hurlant comme un démon, trempé, retenu avec peine par ses amis et ce couple qui avait roulé ici au bon moment, au bon endroit. Taehyun avait téléphoné à sa mère, paniqué. Beomgyu avait fait une crise de panique violente, et il lui avait semblé voir Yeonjun à deux doigts de tourner de l'œil également.

Soobin se souvenait avoir été tiré dans une voiture, calmé par une femme au fort accent du sud. Elle avait pris sa tension, mis une serviette chaude sur ses épaules et il s'était effondré, à nouveau.

Kai n'était pas mort, sa vie ne tenait qu'à un fil.

Il avait fallu des heures pour extirper le corps et la voiture. Des heures que Soobin ne vit pas passer. Il avait refusé de quitter les lieux. Il avait besoin de le voir, de s'assurer qu'on ne lui avait pas menti, que son meilleur ami était toujours en vie. Il n'avait pas détourné son regard du brancard, ni du corps qui y était allongé. Tout lui avait semblé si surréaliste qu'il en avait refusé de croire que c'était bel et bien lui, allongé sous ses yeux.

– Soobin, ça va aller.

Cette fois-ci, il cligna des yeux et retrouva l'ambiance austère de l'hôpital.

– Ses parents sont en route, lui murmura sa mère.
– Je veux le voir.
– Il est encore au bloc Soobin, ça ne sera pas possible avant demain matin.
– Alors je vais attendre ici.

En face de lui, les trois autres garçons trempés jusqu'aux os acquiescèrent. Il évita sciemment le regard de Yeonjun posé sur lui. Il ne devait pas craquer maintenant. Pourtant lui hurler tout ce qu'il avait sur le cœur le taraudait. L'envie de cracher son venin, toute sa peine, toute la rancœur qu'il gardait pour lui depuis des mois... Mais la main douce de sa mère dans son dos l'en empêcha. Il le regarda se lever, sans doute pour aller chercher quelques snacks dans un des distributeurs. Il le suivit du regard, les lèvres pincées, le cœur battant à mille à l'heure.

MAZE IN THE MIRROROù les histoires vivent. Découvrez maintenant