Chapitre 49 : Cameron

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Il était vingt et une heures trente. Un vendredi soir. J'étais allongé sur mon lit à réfléchir sur mes options. Les examens étaient terminés et je n'avais plus aucune interférence à penser à Nicah. J'avais la possibilité d'envisager tous les chemins qui pourraient me mener à la jeune femme plus tôt. Aller chez elle et la mettre au pied du mur n'était pas une option raisonnable. Je voulais attendre qu'elle revienne vers moi d'elle-même mais cela faisait une semaine qu'elle était revenue et autant dire que ma patience avait été épuiser. J'avais envie de la revoir. La dernière fois que j'avais posé mes yeux sur elle, je n'avais pas aimé de la trouver ainsi. Elle avait l'air si malheureuse... Mandy m'avait assuré qu'elle allait de mieux en mieux. Henry aussi mais disaient-ils cela pour me rassurer ? Pour me maintenir à distance ? Il fallait que je m'assure de son état par moi-même. J'en avais besoin. L'apercevoir, seulement, pourrait me satisfaire. J'avais l'impression que j'étais en train de me transformer en stalker et je n'aimais pas cela mais je n'avais pas d'autre choix. La jeune femme était presque autant surveillé et protégé que le président. J'étais dans une impasse et prêt à en arriver à de tels extrêmes. Nicah m'obsédait clairement depuis notre première rencontre. Je ne savais pas d'où venait ce lien que je ressentais entre elle et moi, mais il était là et impossible à ignorer.

Des coups heurtèrent la porte de ma chambre, m'obligeant à sortir de mes rêveries.

- Qui c'est ? gueulais-je.

- C'est moi, répondit Liam.

- Entre.

La porte s'ouvrit sur un Liam tout sourire. Perplexe, je levais un sourcil.

- C'est quoi ce sourire de psychopathe ?

- Tu devrais descendre, dit-il sans répondre à ma question tout à fait légitime.

Je le lâchais du regard pour lui faire comprendre que la discussion était close mais il ne semblait, visiblement, pas prêt à lâcher le morceau.

- Tu devrais vraiment descendre au salon, Cam, insista-t-il en appuyant sur son «vraiment».

- Pourquoi encore ? Une énième partie de jeu vidéo ? Non, merci, soupirais-je.

- Quelqu'un est en bas pour toi.

- Qui ?

- Viens et tu le sauras.

- Si c'est Lisa, tu peux la renvoyer. Je ne l'ai pas rejeté depuis des mois pour céder aujourd'hui.

- Ce n'est pas Lisa.

- Dis-moi qui c'est alors.

Il abandonna son sourire de malade mental et pris l'air agacer. Tant mieux, comme ça nous sommes deux à l'être. Il avança jusqu'à mon lit, attrapa ma cheville, à deux mains et me tira pour me sortir du lit. Je m'accrochais aux barreaux du lit comme je le pouvais en gueulant.

- Tu vas venir avec moi en bas, merde, râla-t-il en forçant sur ses bras pour me faire lâcher prise.

- Va te faire foutre. Je n'ai pas envie de descendre.

La situation devait avoir des airs comiques vu de l'extérieur mais je ne lâchais rien. Il pouvait être véritablement chiant quand il s'y mettait. À ce moment, je sentis ma chaussure quitter mon pied, puis ma chaussette puis Liam se mit à me faire des chatouilles à la plante des pieds. Le salop connaissait mes faiblesses. J'essayais, dans un premier temps, de lui mettre des coups de pied pour qu'il me lâche en tentant de retenir mon rire mais cela fut un échec. Forcé de la lâcher les barreaux en bois de mon lit alors qu'il tirait toujours, tout en me chatouillant, nous avons atterri sur le plancher, tous les deux, abasourdie, puis un éclat de rire nous surprit tout deux. Derrière nous se tenait Aaron avec son téléphone portable, en train de nous filmer.

- Vous êtes vraiment des gamins, se marra-t-il.

- Connard, criions-nous d'une seule voix.

- J'accepte le compliment. En revanche, tu devrais descendre rapidement avant qu'une certaine demoiselle ne perde son courage et s'en aille.

Cela fit tilte dans mon cerveau. Je scrutais mes deux amis avec interrogation et une certaine excitation. Est-ce que... cela pourrait être elle ?

Je me relevais précipitamment et, sans remettre ma chaussette et ma chaussure, je courus, presque, dans les escaliers pour atteindre le rez-de-chaussée. Le salon était sur ma droite et pas visible de là où je me tenais. Je pris une grande inspiration afin de me calmer pour ne pas l'effrayer puis me mis en marche. Lorsque j'arrivais à l'ouverture du salon, elle était de dos. Ses cheveux coupés au carré onduler sur sa nuque et étaient toujours gris. Son jean taille haute noire et son haut court moulant me permit de voir qu'elle avait perdu pas mal de poids, ce qui m'inquiétait immédiatement. C'était si bon de la revoir et savoir que c'était elle qui était revenue vers moi. Cela me donna de l'espoir. Je remis mes idées en place, tout de suite. Peut-être était-elle là pour me dire que malgré son amélioration, elle tenait à rester loin de moi...

- Ah voilà, le chevalier servant, s'exclama Brennan. Il était temps, monseigneur, Scott ne va pas tarder, dit-il à mon attention avec un regard appuyer dans ma direction et je compris.

Si elle était là, c'était pour moi, pas pour lui, alors il allait garder ses distances. Nicah se tourna, enfin, vers moi, lentement. Le petit sourire qu'elle affichait était clairement forcé, ce qui n'annonçait rien de bon.

- Bonjour Cam.

Cam. Pas Cameron. C'était un bon début.

- Bonjour Nicah.

Elle tortillait ses doigts les uns aux autres en baissant le regard.

- Est-ce qu'on peut parler ?

Elle jeta un regard circulaire au salon. Tout le monde nous regardait avec des sourires flippants aux lèvres. Je l'attrapais par la main et la traînais avec moi vers les escaliers.

- Allons discuter dans ma chambre. Nous serons plus tranquilles.

À cet instant, j'eus réellement honte d'avoir des amis aussi cons lorsqu'ils se mirent à siffler, insinuant qu'on allait faire autre chose que parler. Nous allions devoir avoir une petite conversations eux et moi, plus tard, parce que je n'accepterais jamais qu'ils prennent Nicah pour une fille comme les autres. Je ne voulais pas simplement coucher avec cette fille... je voulais me faire aimer d'elle. Je voulais une véritable relation avec elle. Aussi, ils allaient devoir agir avec elle comme il agissait avec Mandy ou Olivia, la copine de Jerry.

Je la fis entrer dans la chambre et fermer la porte derrière moi, à clé. Je restais un instant dos à elle en priant que cette conversation, ces explications allaient mener à quelque chose de positif, quelque chose dont je rêvais. Lorsque je me tournais vers elle, je remarquais que dans ses yeux une chose avait changé. Elle ne se cachait plus. Elle laissait libre cours à ses émotions. Une larme coulait sur sa joue mais ses prunelles brillaient d'une lueur de satisfaction quand ils se posèrent sur moi.

L'espoir fut incontrôlable lorsque d'une impulsion elle se jeta sur moi. Les bras autour de ma taille, elle m'enserra fortement en sanglotant.

Joy in the darkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant