Chapitre 53 : Cameron

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Trois mois plus tard :

Je la regardais dormir. Elle était si belle. Ces derniers mois n'avaient rien eu de facile. Après une longue période de bas, Nicah avait réussi à reprendre le dessus avec le concours du docteur Harris et Mandy. Il lui avait fallu se confronter, une nouvelle fois, à l'avenir qui se dessinait devant elle. Cela l'avait d'abord terrifié puis apaiser. Cela avait duré trois semaines. Trois semaines en enfer pour elle et nous. Je ne l'avais pas lâché. Présence constante, je refusais de m'éloigner d'elle lorsque cela n'était pas nécessaire. Pendant mes heures de cours et d'entraînement, je laissais la surveillance à Mandy ou Henry. Elle répétait, à qui voulait bien l'entendre, qu'elle n'avait aucune pensée suicidaire mais je ne voulais pas courir de risques. Après ce passage à vide, la vie avait repris son cours plus normalement. Un matin, elle s'était levé du lit et avait commencé à faire le ménage dans son studio en pestant contre elle-même, d'avoir laissé tout ce bazar au nom de sa dépression. Ce jour-là, toutes les tensions accumulées dans mon corps s'étaient évaporé. Ma Nicah était revenue parmi nous. Dès lors, nous vivions une vie tout à fait normale pour de jeunes adultes qui se découvraient et exploitaient leur tout nouvel amour. J'avais l'impression de vivre quelque chose de tout nouveau dans ses bras. La douceur, la dévotion et l'amour qu'elle me vouait étaient extrêmement rassurant. La sensation d'être tout son monde était grisante. Nous nous réveillions, le matin, soit chez elle, soit chez moi, dans les bras l'un de l'autre. Nous faisions l'amour. Cela était toujours plus intense et puissant à chaque fois. Les sentiments que nous ressentions transformaient ces moments en quelque chose de transcendant. Je n'avais jamais pensé que cela puisse être aussi magnifique. Le lien qui nous unissait grossissait chaque jour. J'avais l'impression de ne jamais être suffisamment rassasié d'elle. Je l'aimais tout simplement. Je savais que j'avais devant moi, la femme de ma vie.

Nous avions des projets pour le futur. Nicah envisageait de s'inscrire, l'année suivante, à l'université en génie mécanique automobile. J'avais ainsi appris que son père, de son vivant, possédait trois garages automobiles. Elle avait trempé dedans depuis son plus jeune âge et aimait cela. Elle était très doué avec les voitures. Quand Clyde avait appris cela, il l'avait alpagué pour lui montrer sa voiture déglinguée afin d'avoir son diagnostic. Elle avait commandé certaines pièces auprès d'un garage, aux frais de Clyde bien sûr, et avait réparé sa voiture en deux semaines. Soigner cette bagnole avait terminé de la sortir de sa mauvaise passe et éveiller en elle l'envie de reprendre du service sous les capots. Elle avait déjà tout d'une professionnelle mais elle voulait le diplôme qui allait avec afin d'ouvrir son tout premier garage à elle. Nous avions, également pour projet d'emménager ensemble. Nous recherchions un appartement depuis un moment. Aujourd'hui était le grand jour des visites. Je n'avais cours que le matin et l'entraînement commençait qu'à dix-huit heures, aussi, nous avions tout le temps pour nous projeter. Beaucoup de mes potes trouvaient que cela était trop tôt. Les seuls à avoir compris étaient Jerry et Aaron. Ils étaient tout aussi fous de leurs copines que je l'étais de Nicah. Hypnotiser par la femme qui rendait ma vie plus belle, je n'avais pas fait attention à l'heure qui tournais. J'allais être en retard à mon cours d'économie si je ne me bougeais pas.

Devant le bâtiment de l'amphithéâtre m'attendait Brennan, tout sourire avec son air d'abruti fini.

- On est en retard... niaisait-il en jouant des sourcils.

Un vrai gamin, celui-là.

- Ce n'est pas ce que tu crois, espèce d'obséder.

- Il n'y a qu'une seule raison vraiment valable pour être en retard et toi, tu n'en profites pas ? joua-t-il les désespérés.

- Exactement. Tu sauras de quoi je parle quand tu auras fini de grandir, quand tu seras un homme, le taquinais-je.

- Je suis un homme, minus. Tu veux que je te montre à quel point je suis un homme ? entra-t-il en mon jeu.

- Pas de bon matin. Je n'ai pas envie d'avoir la gerbe, éclatais-je de rire en l'entraînant à l'intérieur.

Il reprit son sérieux en s'asseyant à sa place.

- Plus sérieusement... comment va-t-elle en ce moment ?

J'avais des amis en or. Tous étaient au courant de ce que Nicah traversait. Ils s'étaient tous mobilisés autour de nous lorsqu'elle n'allait pas bien pour me soutenir et lui redonner le sourire. J'avais des amis formidables.

- Elle va bien. On visite des appartements cet après-midi.

- Tu es sûr que c'est une bonne idée ?

- Ne recommence pas, le prévins-je.

- Je sais. Je sais. Tu es sûr de toi mais c'est vachement tôt non ?

- Je n'ai aucun doute. Nicah est celle qui me faut, celle dont j'ai besoin. Je veux faire ma vie avec elle. Lorsque j'aurais fini mes études, je lui demanderais de m'épouser. Pour le moment, je me contente d'avancer pas à pas.

- De t'épouser ? Eh ben, mon pote, tout cela devient si sérieux.

- C'est ce que je veux. Quand la vie te fait un cadeau, tu ne lui renvoie pas à la gueule parce que tu dois batailler pour le garder. Non, tu t'y accroche de toutes tes forces.

Le professeur, aussi en retard que nous, entrait, finalement, au moment où Brennan répondit.

- Pour ma part, ça ne me dérange pas d'attendre encore un peu pour recevoir ce genre de présent. Il y a tellement de nana à satisfaire.

Je ne pus empêcher mon rire d'éclater, ce qui me valut un regard noir du professeur Quinn.

- Ce week-end, je la présente à mes parents. Nous allons dîner chez eux, l'informais-je.

Il émit un sifflement sourd.

- La première grande étape, commenta-t-il.

Je lui renvoyais un sourire avec un clin d'œil d'affirmation avant de me remettre droit sur mon siège.

Je sortis mon téléphone portable de ma poche pour envoyer un message à Nicah. À l'heure qui l'était, elle devait courir partout dans son studio, réalisant, encore une fois, qu'elle allait être en retard au refuge. Elle avait repris du service auprès d'Hayley, qui était devenue une amie pour elle. Aider les animaux, l'aidait elle.

«Toujours en retard, mon ange.»

Sa réponse ne tarda pas à arriver.

«Tais-toi et bosse, espèce d'emmerdeur.»

Je riais sous cape pour m'éviter un autre regard noir et rangeais mon téléphone pour suivre mon cours. La vie était parfaite et je priais pour que cela dure jusqu'à la fin de ma vie.

«Conduit prudemment quand tu rentres, s'il te plaît...»

Toujours aussi nerveuse. Elle angoissait si facilement...

«Je te le promets, mon ange.»

J'espérais que la douleur de la perte finirait par s'estomper avec le temps car sa peur de me perdre était si réelle que cela lui était douloureux. J'avais beau lui répéter qu'il ne m'arriverait rien, que j'étais prudent, elle avait toujours peur...

Le docteur Harris n'avait pas menti à ce sujet. Elle était souvent sur mon dos pour que je fasse attention à tout mais j'étais prêt à être toujours à l'écoute de ses besoins tant qu'elle en aurait besoin. Je l'aimais trop pour la voir avoir aussi peur pour moi.

Il ne me manquait plus qu'une chose à ma vie. Entrer en NFL par la grande porte. Chez les Bears de Chicago. J'attendais des nouvelles des recruteurs. Le coach m'avait demandé de passer à son bureau avant l'entraînement. Notre dernier match avait été un triomphe. J'espérais avoir été repérer et que c'était en cela que le coach voulait me voir. Je me voyais déjà entrer sur le stade pour la première fois en tant que professionnel. Je m'étais tant donné pour y arriver malgré les obstacles et ma relation avec Nicah. Tout allait bien dans ma vie, en ce moment. J'avais envie d'y croire...

Joy in the darkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant