Joy in the dark

Chapitre 12 : Le journal de Nicah

9 Mai 2020

Maman,

Je me sens si triste et si seule aujourd'hui. J'ai faits ce que j'avais à faire mais cela me fait bizarrement très mal. J'avais trouvé en ces garçons, un soutient sans qu'ils en sachent rien et, à présent, tout est fini. Cam ressentait des choses que je ne peux accepter. Je lui ai alors imposé un ultimatum. Soit nous restions que de simple pote, même pas amis, juste pote. Je sais... c'était stupide parce que moi-même je ne les considérais pas comme de simples potes, j'avais commencé à les aimer beaucoup, trop même, je dirais. Soit chacun reprenait son chemin de son côté. Visiblement, plus terre à terre que moi, il a choisi de me sortir de sa vie. Je ne me suis pas battu. Je me suis simplement levé et lui ai tourné le dos sans me retourner. Ais-je bien fait, maman ?

La situation n'est pas simple. Je serais sûrement une horrible personne si je laissais ces garçons s'attacher à moi alors que je ne ferais pas long feu dans le coin. C'est dur quand même. Je n'aurais pas dû faire traîner les choses. J'aurais dû prendre mes distances depuis longtemps. Quelle erreur !

Comment s'est-on qu'on nourrit des sentiments pour quelqu'un, maman ?

Je n'ai jamais expérimenté l'amour de cette façon-là. Avouer que Cam me manque, me coûte beaucoup. Jerry, Clyde, Aaron, Liam, Brennan, Harris et surtout Scott me manquent aussi mais Cam lui, ce n'est pas pareil. Nous avons échangé énormément. Il me bombardait de message lorsque nous n'étions pas ensemble. Il demandait toujours ce que je faisais. Il en avait fait un jeu. C'était drôle et me distrayait. Il va me manquer plus que les autres. Ce n'est pas juste mais j'ai pris des décisions en toute connaissance de cause. Depuis deux semaines, où je suis sorti de ce restaurant, ce choix me coûte plus que je ne l'aurais cru. Quand tu liras ça, je suis sûre que tu crieras intérieurement que je n'ai qu'à revenir sur mon choix et me battre... à quoi bon. Je n'en ai pas envie, maman. Je suis persuadé que tu le comprendras un jour.

Passons à un autre sujet. J'en ai assez de pleurer.

Tu vas avoir la détestable annonce que j'ai commencé à me faire tatouer. J'ai pris rendez-vous avec une tatoueuse de talent avec l'idée précise de laisser sa créativité s'exprimer. Elle a commencé vendredi. Elle a fait les contours et commencer le remplissage. J'ai rendez-vous avec elle pour finir, mercredi. Tu dois haïr ce que tu lis, n'est-ce pas ? Ce n'est pas grave, tant que ce n'est pas moi que tu hais.

Je me suis rendu dans le salon de coiffure. J'ai les cheveux gris, maintenant. J'adore. C'est tellement joli. J'ai eu beaucoup de mal à détacher mon regard de mon reflet, toute la journée qui a suivi. Le talent paye.

La dernière fois que je t'ai parlé, je n'allais pas très bien. Henry m'a emmené de force voir un médecin. Je vais mieux rassures-toi. Ce qui veut dire que je vais pouvoir reprendre mes activités. Cela ne pourrait que me faire du bien. J'avais besoin de m'occuper l'esprit.

Autant être franche avec toi. Demain, je vais faire quelque chose qui ne va pas te plaire mais comme le parachute, tu pourras tourner la page et voir que je vais bien. Je vais sauter à l'élastique. Les conditions sont bonnes, l'équipe est formidable et très professionnelle. Par contre, je n'arrive pas à trouver l'enthousiasme qui m'habitait jusqu'à récemment. J'espère que le moment venue, l'exaltation me reviendra. Je ne peux pas laisser cette histoire m'empêcher d'avancer. J'ai des objectifs. Ils doivent être accomplis. Je m'en fais une obligation.

Je dois retrouver la pêche. J'ai perdu mon sourire...

Je me demande, par moments, pourquoi je fais tout ça mais en ce moment, un peu plus. Je me coupe d'une partie de ce que la vie à de beau au profit de cette liste. Est-ce que cela fait de moi une personne égoïste ?

Non. Je n'ai pas le droit de déroger au chemin que je me suis dessiné. C'était notre liste. À papa et moi. Les choses que nous devions faire après mes dix-huit ans. Si je le fais pas maintenant, je ne le pourrais plus. Tant pis, si je dois faire des concessions. C'est lui qui compte le plus. Pas moi. Pas toi. Pas Henry. Pas Cam. C'est lui. Je sais que ça, tu peux le comprendre parce que tu l'aimes aussi.

Il faut que je cesse de me laisser distraire par les occupations extérieures. Il s'agit d'une mission. La dernière que j'accomplirais pour lui. Il était un aventurier au grand cœur. C'était pour cette raison que nous l'aimions tant. Rappelles-toi, maman, comme tu aimais partir à l'aventure avec lui. Tu n'avais peur de rien parce qu'il était à tes côtés. Il est toujours là. Peut-être pas physiquement mais si tu te concentres suffisamment, tu pourras le sentir près de toi. Lors de mon saut en parachute, je l'ai senti dans l'avion. Je pouvais sentir sa main sur mon épaule quand j'étais assise dans le fauteuil de ma tatoueuse. Je suis sûre qu'il n'ose me quitter que pour venir te voir, maman. Il nous aimait tant qu'il refuse de partir sans nous. Il est formidable, n'est-ce pas ?

Oublier ma culpabilité à ton égard. Oublier les recommandations d'Henry. Oublier les sentiments de Cam, et a priori les miens aussi. Seulement penser à papa. L'homme de notre vie. Ceci... ma vie... lui est entièrement dédié. C'est peut-être cruel de ma part à ton avis mais il te faut l'accepter. Henry me dit souvent que je devrais penser aux personnes qui sont encore là. Il a sûrement raison. Ce serait la chose la plus logique à faire. Seulement voilà, je n'ai pas l'esprit logique. Je vis avec un immense chagrin et j'ai besoin de faire tout ça sans interférences. Il voulait faire tout ça avec moi. Il voulait me faire découvrir la vie à sa manière. Il n'en a pas eu l'occasion. Il est de mon devoir de le satisfaire. Rien ne m'en détournera. Je sais qu'il est fier de moi et pour cela, je n'abandonnerais pas ce projet. Oublie-moi et mes actions, soit heureuse qu'il soit satisfait de là où il est.

Tu me manques. Je t'aime plus que tout. Avec amour. Ta fille.