Chapitre 8

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Svetlana Perova
3 juin 2019, 4 heure 45 du matin
Appartement de Svetlana


​« -Hé, Laila réveille-toi.
-Mmmmh » Grogna-t-elle en fronçant les sourcils.
« -Aller debout.
-Les cours sont fini.
-Je sais mais quand même lèves-toi. Aller. » Je retirai la couette, ce qui fit bouger mon amante.
« -Va prendre ta douche.
-Mh. » Sans poser plus de question, et heureusement d'ailleurs, Laila prit les vêtements que je lui tendais et partit en trainant des pieds dans la salle de bain.
« -Prend pas trop de temps hein !
-Oui oui. » Après m'être assurée que l'eau coulait j'ouvris la porte de mon nouveau bureau et dis au petit groupe qui était là de se préparer. Nous savions tous les trois ce qu'il fallait faire. Nos valises étaient prêtes – j'avais préparé celle de Laila hier soir pour ne pas éveillé les soupçons – et dès qu'elle aura fini sa douche nous partirons à l'aéroport. Après dix longues minutes à patienter dans le silence et une légère pénombre Laila sortit. Elle se stoppa en voyant Florian et Kim au milieu du salon avec des valises.
« -Mais qu'est-ce que vous foutez là ?
-Tu verras ! En attendant prends ta valise on part. » S'exclama Florian.
« -Où ?
-Mystère ! » S'écria-on ensemble ce qui nous fit rire. Laila, toujours perplexe, prit sa valise et nous suivit. En bas de l'appartement la voiture de Florian nous attendait, avec Nicolaï dedans.
« -Salut Nicolaï.
-Salut Laila, bien dormie ?
-Ouais même si on m'a réveillé. » Elle me lança un regard noir.
« -Ça vaut le coup, crois-moi. » Fit Nicolaï en rigolant.
« -Tu sais où on va ?
-Oui.
-Où ? Dis-moi, dis-moi, dis-moi.
-C'est secret. Attachez-vous y'a les flics. » Nous obéîmes et Nico démarra la vieille Lada.
Après au moins une heure de voiture nous arrivâmes à destination.
« -On est à l'aéroport ?
-Bravo Sherlock.
-Mais on va où ? » Personne ne lui répondit et elle se renfrogna. Nous remerciâmes Nicolaï qui repartit et nous nous dirigeâmes vers les portes d'embarcation. Notre avion venait à peine d'arriver et quand l'annonce fut faite je bouchais les oreilles de Laila pour qu'elle n'entende pas la destination inconnue.
Durant l'entièreté du voyage Laila nous avait tannée pour savoir où nous allions mais avait fini par s'endormir.
« -Laila, on arrive bientôt. » Je la secouai doucement et elle émergea de son sommeil.
« -On peut pas dormir tranquille ?
-Heu non. » Elle lança un regard sombre à Florian qui rigola en rangeant ses affaires, imité par tout le petit groupe. A chaque fois que le nom de la ville était prononcée je mettais mes mains sur les oreilles de Laila, si bien que ce n'est qu'une fois dehors qu'elle sut où elle était :
« -On est Moscou ? » Elle se tourna vers nous avant de regarder une deuxième fois le panneau : bienvenue à Moscou.
« -Genre vraiment ? Moscou ? Je suis à Moscou là ?
-Oui oui t'es bien à Moscou.
-C'est un rêve ?
-Non.
-Oh mon Dieu je suis à Moscou ! » s'écria-t-elle en nous fonçant dans les bras.
« -Merci du fond du cœur. » La voire si heureuse me fit sourire. Elle se sépara de nous et nous allâmes chercher des titres de transports pour toute la semaine.
« -Non mais les gars c'est incroyable, je suis à Moscou ! » Laila s'extasia sur tout ce qu'elle voyait, surtout quand le bus, après une montée, arriva pile devant le Kremlin. Elle prit des centaines de photos à la seconde, c'était assez drôle. Le chauffeur de taxi nous déposa devant notre hôtel et nous le remerciâmes.
« -Bonjour j'ai réservé une chambre avec un lit double au nom de Perova.
-Oui. Vous payerez en partant ?
-Oui.
-Et bien la chambre est disponible, chambre 524, au dernier étage donc. Voici la clé.
-Merci. Bonne journée.
-Bonne journée Mesdames. » Je pris ma valise et Laila me suivit jusqu'à l'ascenseur pendant que Florian et Kim récupérèrent leur clé également.
« -Tu ne vas pas tout payer quand même ?
-Tu n'as pas de travail et c'est pour ton anniversaire. Hors de question que tu payes quelque chose. » Dis-je d'un ton ferme, Laila leva les mains en signe de capitulation. Le couple de garçon nous rejoint vite.
« -Vous êtes chambre ?
-524 et vous ?
-523, c'est cool on est à côté. » L'ascenseur nous monta jusqu'au dernier étage.
« -Dès que vous vous êtes installés, venez dans notre chambre pour qu'on planifie la semaine.
-Parfait. » Chaque couple alla dans sa chambre. Une fois seules Laila se jeta dans mes bras.
« -Merci ma chérie, merci, merci, merci.
-C'est normal mon amour. » On resta de longues minutes dans les bras de l'autres à se susurrer des mots doux. Après ce long câlin nous décidâmes de nous installer. Cela fait, les garçons nous rejoignirent.
« -Bon alors, qu'est-ce qu'on fait ?
-Déjà c'est quand le retour ?
-Samedi dans l'après-midi.
-Attendez on va vraiment rester six jours à Moscou ?
-Oui, oui.
-Oh mon Dieu, j'y crois pas. Enfin bref, le programme ?
-Pour aujourd'hui je propose qu'on aille visiter le centre touristique – évitez d'acheter trop de trucs, on rentre en avion –, mardi on peut faire des musées et se promener dans la ville. Mercredi Kim va visiter des appartements histoire de se faire une idée, donc vous pourrez nous accompagner ou rester toutes les deux. Et pour vendredi on sait déjà. » Enonça Florian en mettant les plans sur la table. Il entoura un endroit assez proche du centre et une station de métro sur l'autre plan. « On est là. Et la station de métro est juste là. On a des bus qui passent pas loin et qui nous emmène un peu partout dans la ville. » En fait c'est plus lui que nous trois qui a préparé le voyage. Kim était occupé à chercher des appartements pour pouvoir en visiter et moi, je n'avais vraiment rien foutu.
« -Et jeudi ?
-On continue à visiter la ville. Il y a le VDNKH aussi à voir.
-Ça ne me parait déjà pas mal. Et demain soir on va au Bolchoï, aussi.
-Ça m'aurait étonnée de toi qu'on n'y aille pas.
-Pour rien je ne raterai ça. » Après avoir discuté pendant quelques minutes pour peaufiner les derniers détails, je réservais les billets pour visiter le Kremlin, à dix heures. C'est-à-dire dans une heure.
« -Aller les gars on y va là. Mieux vaut arriver en avance. » On boucla nos sacs en vérifiant qu'on n'avait rien oublié puis les garçons passèrent dans leur chambre pour aller chercher quelque chose avant de nous rejoindre devant l'ascenseur.
« -Il faut qu'on prenne la ligne une du coup.
-Heu ouais, mais c'est où ?
-Alors : en sortant de l'hôtel, la première à gauche et ensuite la deuxième à droite et normalement c'est là. » Déclara Florian en regardant la carte.
« -Bah let's go » Nous sortîmes de l'hôtel et nous nous dirigeâmes vers la station.
« -Elle est pas là ta station. » Fit remarquer Laila. Effectivement, il n'y avait que des immeubles.
« -Je comprend pas, elle devrait l'être pourtant. » Florian fronça les sourcils et tourna la carte. « Ah merde je suis trop con.
-Olala mais quel pas doué. Donne-moi ça je vais prendre la carte. » Je lui arrachai presque la carte des mains et la regardai attentivement. « Donc ! Nous sommes ici et nous devons aller... là. » Je montrai le chemin à mes amis et nous y allâmes.
« -C'est officiel, Florian ne prend plus jamais la carte. »
Après avoir acheté nos cartes de transport pour toute la semaine, nous descendîmes dans les tréfonds de Moscou pour découvrir son magnifique métro, même s'il ne dépassait pas celui de Pétersbourg.
« -On descend à quelle station ? » Florian allait pour prendre le plan mais je le lui pris avant qu'il nous amène à l'autre bout de la ville.
« -On doit descendre à Okhtony ryad, dans trois stations du coup. » Durant le trajet Laila prit vingt milliards de photos de tout et n'importe quoi, même d'un poteau – allez savoir pourquoi.
« -Laila, ça n'a aucun intérêt ce que tu fais là. » Fi Kim, tout aussi perplexe que nous quand Laila photographia le poteau.
« -Mais laisse-là.
-Oh ça défend son amoureuse. » Heureusement que cet imbécile avait dit ça en français.
« -Mais t'es con ou ?
-Tu ne le savais pas ?
-Je suis sérieuse Kim. On n'est pas en France là. Fait gaffe s'il te plaît.
-Désolé. » Le reste du trajet se passa sans autre problème. Une fois sorti, Laila photographia absolument tout, ce qui me faisait rire.
« -Oh le Bolschoï ! » M'écriai-je en voyant le bâtiment jaune apparaitre sur notre gauche. Je me précipitai sur mon téléphone et le prit en photo sous tous les angles possible et imaginable.
« -Met-toi devant. » Me dit Laila. Je pris différentes poses – plus exagérée les unes des autres – puis nous repartîmes.
« -Je te jure ces filles, elles sont pas possible.
-Ma question c'est comment t'as fait pour supporter Svet pendant toutes ces années.
-Je sais vraiment pas. Je devais être aussi immature qu'elle. Mais contrairement à elle, moi j'ai grandi.
-On vous entend ! » Je tirai outrageusement la langue et Kim me répondit en faisant la même grimace – plus discrètement. Nous arrivâmes devant le Kremlin et Laila sauta partout.
« -C'est incroyable ! C'est trop beau ! Svetlana, tu peux me prendre en photo s'il te plait ? » Elle me fit les yeux doux et je rigolai en la photographiant.
Je souriais bêtement en la voyant courir partout, complétement fascinée par tout ce qui l'entourait. Je sentis une présence derrière moi et n'eus pas le besoin de me retourner pour savoir que c'était Kim.
« -C'est beau l'amour.
-Ouais.
-Tu vois que la vie vaut la peine d'être vécue, mh ?
-Ouais. » J'eus quelques larmes au coin des yeux. Des larmes de bonheur – si un jour j'avais pensé dire ça...
« -Bon on avance ? » Laila coupa court à notre petite discussion, j'essuyais discrètement mes larmes et rejoignis ma chérie.
Pendant toute la file d'attente devant l'entrée du Kremlin, Laila était surexcitée.
« -Les gars photo de groupe ! » Elle tendit son portable et nous prit tous en photo. Kim comme à son habitude me faisait des oreilles de lapin – quel enfant – Florian regardait Kim avec tant d'amour et j'avais mon bras autour de Laila. Elle était bien cette photo. La queue avançait et ce fut à notre tour de passer. Après les contrôles de sécurité nous fûmes enfin dans le Kremlin. La visite pour le palais des Armures allait commencer dans cinq minutes, nous avions tout juste le temps de nous y rendre.
« -Elle dure combien de temps la visite ?
-Deux heures. Mais t'inquiètes pas tu les verra pas passer.
-Ah mais ouais je suis stupide, t'es déjà venu à Moscou toi.
-Ouais mais à une seule tournée on a pu la visiter. » L'immense bâtisse jaune s'élevait devant nous, nous faisant nous sentir minuscule. Mais l'intérieur était bien plus impressionnant. La visite commença et nous étions tous autant que nous étions époustouflés par la noblesse de l'endroit, qui montrait d'ailleurs parfaitement bien la richesse et la gloire de l'Empire russe.
« -Merde, les photos sont interdites... » Laila fit la moue.
« -Alors observe bien pour retenir tous les petits détails. » Lui chuchotai-je à l'oreille ; elle me sourit.
La première salle était véritablement immense. Le parquet était recouvert d'une moquette rouge très agréable, les fenêtres allaient du plafond jusqu'à presque le sol. Leurs rideaux étaient d'un rouge tout aussi impérieux que celui du sol et semblaient très lourd. Il y avait une dizaine de vitrines éparpillées dans la salle ; toutes remplis de bijoux, de décorations, d'objets en tout genre datant de l'époque tsariste. C'était tout simplement grandiose. Chaque petit détail comptait et rien n'était laissé au hasard.

Ce ne fut qu'après deux heures que nous sortîmes du palais. Nos esprits étaient encore noyés sous un flot d'objets de luxe, de robes de la cour, de carrosses et d'icônes d'une beauté inégalable.
« -Et bah putain. C'était impressionnant.
-Carrément. On a fait un bond dans le passé. » Après nous être remis de nos émotions nous décidâmes d'aller sur la places de cathédrales et d'y visiter ses églises et son clocher. Nous commençâmes par la cathédrale de l'Archange Saint-Michel.
L'intérieur était assez étroit mais pas moins très beau. En entrant je sentis mon cœur battre plus fort et un sentiment de légèreté et de paix s'emparer de moi. Je sortis de mon sac le vieux fichu que j'avais depuis ma naissance et le mis sur ma tête. Laila et Florian me regardaient bizarrement, ne comprenant pas ce que je faisais.
« -Les femmes doivent se couvrir la tête dans une église. Mais tu n'es pas obligée de le faire. Chacun croit ce qu'il veut et est libre d'exprimer sa croyance comme il le veut. » Laila acquiesça et mis tout de même sa capuche. L'entièreté de la cathédrale à l'exception du sol était recouverte de peinture et juste en face de l'entrée, la grande iconostase nous surplombait. Je m'abaissai au sol et me signai en silence, complétement fascinée par la beauté des lieux.
Dans cette cathédrale quarante-six tombes y étaient installées, réduisant encore un peu plus l'espace. De plus l'affût soudain de touristes nous serra davantage. C'est ainsi que nous sortîmes quelques minutes seulement après notre entrée. Nos pieds nous menèrent à une cathédrale blanche avec ses dômes dorés qui reflétaient le soleil de midi.
« -Si on en croit le plan c'est la cathédrale de l'Annonciation. On y va ?
-On va vraiment faire toutes les églises là ? » Souffla Kim, déjà agacé. Je lui laissai un regard noir et lui répondis d'un ton ferme que oui on allait faire toutes les cathédrales.
« -Pff. C'est bien pour te faire plaisir. C'est pas que Dieu je m'en fout mais voilà quoi.
-Kim, ta gueule. » C'est son principal défaut : il ne peut pas comprendre que je puisse croire en un être supérieur. C'était d'ailleurs la principale cause de nos disputes.
« -Désolé.
-C'est chiant, on en revient au même point à chaque fois. » J'éloignais Kim du reste du groupe en leur signifiant qu'ils pouvaient avancer. « Kim sérieusement. Ok tu ne crois pas en dieu, ce que je peux comprendre, mais respecte mon choix et ma croyance.
-Je respecte ta croyance mais à quoi ça va servir de visiter toutes ces cathédrales.
-Ça n'a même pas de rapport avec ma religion. Florian est musulman à ce que je sache et pourtant il visite les cathédrales. C'est historique, comme des musées, des sauts dans le passé. Et d'un point de vue personnel c'est important pour moi. Depuis le temps que j'en rêve. Donc au pire tu nous attends à la sortie. Mais j'ai pas envie de nous disputer encore une fois sur ce sujet.
-Je vous attend dehors. » Kim partit et je soufflai. Qu'est-ce qu'il peut être énervant parfois. Je rejoignis Laila et Florian qui m'attendaient à l'entrée.
« -Il va où ?
-Il nous attend dehors, il en a marre de visiter les églises. Dites-moi si ça vous soule.
-Non je trouve ça super intéressant. Même si je ne suis pas trop croyante.
-Ouais, je les ai déjà vu mais c'est cool de les revoir, avec moins de pression.
-Ok. On y va. Je n'ai pas envie de laisser Kim tout seul trop longtemps.
-Mais vous n'êtes pas fâchés ?
-Je crois que notre dispute la plus longue a duré cinq heures.
-Ah ok. » Je pouffai et nous montâmes les escaliers menant à l'intérieur. Le sol était en pierre usées par le temps et les nombreux passages. Les peintures murales étaient presque effacées mais cela n'enlevait rien à la beauté des lieux. Au contraire cela donnait un certain style à la bâtisse. Elle était beaucoup plus grande que la précédente et il y avait surtout presque personne, ce qui me permis de regarder un peu partout. En allant à droite je découvris avec émerveillement l'iconostase. Les peintures murales étaient absolument partout, on ne savait plus où donner de la tête.
« -Les filles je vais voir Kim mais restez.
-D'accord, on va pas tarder à partir de toute façon. » Florian partit rejoindre son grand amour tandis que je contemplais une icône de l'archange Gabriel.

​Nous sortîmes après deux heures de visite du Kremlin et rejoignîmes les garçons.
« -C'était bien ?
-Vous avez raté un truc. Et vous ? Vous avez fait quoi ?
-On est allé chercher de la nourriture et on a vite fait visiter. » Les clubs sandwich distribués nous reprîmes notre marche sur la Place Rouge. « On va voir la cathédrale Basile le Bienheureux mais ça ne vaut pas le coup de payer pour visiter l'intérieur, y'a une queue de cent mètres. Et ensuite on va visiter le musée historique d'état.
-Parfait. » Notre petit groupe se dirigea vers la cathédrale tout en mangeant.
« -Depuis le temps que j'avais envie de la voir... Ma pote me la montrait souvent en photo. » Laila prit des dizaines de photos de chaque centimètre carré de la cathédrale qui était vraiment magnifique. On croirait qu'elle n'est pas vraie. Les couleurs vives et merveilleusement bien mélangées, la diversité et complexité des motifs, les murs vierges de toutes imperfections, rendaient cette cathédrale merveilleuse. Elle était tout simplement parfaite. De plus le ciel était bleu vide de nuage, ce qui donnait l'impression d'être dans un dessin animé. Tout était propre, lisse, neuf.
« -C'est à couper le souffle.
-Ça me fait presque peur en vrai. C'est trop parfait... » Fit remarquer Florian. « Ça ne vous fait pas ça vous ?
- Ouais un peu, on se sent comme oppressé, comme si l'erreur était interdite.
-Moi je trouve ça grandiose. » Dis-je en continuant à observer les petits détails cachés un peu partout.

Nous avions fini de manger et nous attendions devant le musée d'histoire pour le visiter. La bâtisse était construite en brique d'un rouge foncé très particulier qui contrastait avec le rouge plutôt clair du Kremlin. Son architecture complexe donnait mal à la tête.
« -Putain mais comment les gars ont fait pour construire ça avec les technologies de l'époque ? » S'exclama Florian, ébahie.
« -C'est vrai que c'est assez ouf.
-Ils avaient du goût avant.
-C'est vrai que si on regarde l'architecture moderne heu...
-Rien que la cocotte écrasée à Conflu.
-Oh cette mocheté.
-Heu vous parlez de quoi ? » Kim et moi arrêtons de parler et nous rendîmes compte que nos amis ne comprenaient rien. Je leur montrais une photo de la mocheté qu'était ce musée.
« -Attend, mais c'est hyper moche !
-J'avoue ! C'est qui qui a inventé cette horreur ?
-Aucune idée je vais pas te mentir, l'architecture moderne je m'en fous un peu. » Pendant que nous discutions, la queue avait avancé et ce fut à notre tour de rentrer dans le musée.
​La journée était finie et nous étions rentré à l'hôtel exténués.
« -Oh c'était génial comme journée ! » Fit Laila en s'allongeant en étoiles sur le lit. Les deux garçons étaient dans notre chambre en train de se câliner.
« -On fait quoi ce soir ? » Demandai-je en enlevant mes chaussures.
« -On a qu'à commander et faire une petite soirée dans la chambre.
-Azy ! »
Après une discussion de cinq minutes nous commandâmes de la nourriture française.
Vingt minutes après avoir passé commande nos plats arrivèrent et nous nous posâmes dans notre chambre. Le repas était animé – surtout par Kim et moi – et bon enfant.
« -Les gars racontez votre pire cuite! » Lança Kim alors qu'un petit silence s'était installé. Je le regardai et d'un regard nous nous étions compris.
« -Florian commence.
-Mh ok. Alors j'avais dans les alentours de douze ans et j'étais au mariage d'une tante éloignée bref je m'ennuyais. Heureusement y'avait mes cousins que je voyais que rarement. Vu qu'on s'ennuyait depuis trois heures, les parents nous ont laissés sortir dehors. Dans le fond du terrain y'avait un trou dans la terre battue et des bouts de palettes au fond. On décide du coup d'allumer un feu – à savoir qu'il n'y avait aucuns adultes – et on saute par-dessus le trou. En plus y'avait une sono et de la vodka qu'on avait piqué aux adultes du coup c'était hyper bien. Au début y'avait que les grands qui sautaient, puis quand les vodkas commençaient à monter à la tête les plus jeunes s'y sont mis dont moi. C'était ma première cuite. On était tellement déchiré qu'on s'était endormi sur le sol juste à côté du feu qu'on avait essayé d'éteindre avec les fonds de bouteilles de vodka – ouais on était très cons. Le feu qui était à même pas trois mètres d'une forêt quand même. Le lendemain c'est ma mère qui est venue nous chercher. Les tartes qu'on s'est prises, je sens encore la douleur.
-Ah ouais tu fais fort ! Mais les grands ils vous ont laissés vous bourrer la gueule comme ça ?
-Ils avaient pas le sens des responsabilités on va dire.
-Ils avaient aucun sens des responsabilités ouais ! Laisser des gamins de douze ans sauter au-dessus d'un feu, bourrés c'est pas ouf. » Commenta Laila, un peu surprise. Kim et moi étions mort de rire à côté. J'imaginais tellement un mini Florian sauter au dessus d'un feu, l'image était très cocasse.
« -Bon je suppose que vous allez raconter la même histoire vous deux. Du coup vas-y Laila.
-Tu t'es déjà pris une cuite toi ? » Fis-je étonnée, en connaissant ses parents c'était assez improbable.
« -Je ne suis pas si innocente que cela ! » Fit semblant de s'énerver Laila. Elle toussota, se redressa et nous regarda.
« -Je vous préviens ça va être très court. J'avais entre trois et quatre ans.
-Ça commence bien...
-Rooh mais chut ! » Je tapai la tête de Kim et invitai Laila à continuer.
« -Bref ! J'avais trois-quatre ans du coup et je finissais tout le temps les verres des grands. A chaque repas de famille je passai d'adulte en adulte et entre deux discussions de grands ils me passaient leur verre. Voilà, du coup j'étais bourrée à trois ans. Ça a été les seules fois où j'ai touché à l'alcool.
-Putain c'est fort quand même. Mais ils te passaient leur verre au calme ? Genre aucun adulte n'a le sens des responsabilités ou c'est comment ? » S'écria Florian.
« -Bah je tirais leur vetêments et ils prenaient leur verre et me le donnaient. A croire que non...
-Mais c'est quel genre de personne en fait ?
-Je sais pas. Bon j'ai l'impression que les deux meurent d'envie de nous raconter leur première cuite donc allez-y.
-Je t'en prie commence. » Me dit Kim avec un sourire.
« -J'étais en cinquième – la septième russe – et c'était ma première année en France. Je n'allais pas très bien, j'avais dû tout quitter. Enfin bref c'était vers janvier il me semble ?
-Ouaip. Et Kim m'avait invité à Paris – ses parents avaient un appartement là-bas et ils nous l'avaient laissé pour le week-end.
-Donc vous vous en doutez c'est parti en couille. A savoir que j'avais un an de plus qu'elle mais quand même on était jeune. En tout il me semble qu'il y avait deux flasques de vodkas, six bières et bien évidemment des clopes et de la beuh.
-Putain j'ai peur... » Murmura Laila. Nous rigolâmes.
« -On vait une méga sono aussi. Bref. Du coup on va chercher de quoi se substanter le samedi et vers dix-huit heure la fête commence. Au début on y allait molo, on n'osait pas trop mais vers vingt heure on commence les bières et là c'est parti en couilles. Y'a deux des potes de Kim qui se ramènent aussi. Ils étaient cool. Vers vingt-deux heure on était bien imbibés et c'est l'heure du premier joint.
-C'était notre premier et putain il était bon ! Enfin bref. L'un de mes potes, Benj' doit partir du coup on se retrouve à trois. Dans les alentours de minuit une heure de mat' il ne restait que deux bières et une demi bouteille de vodka. Vu qu'on avait pas l'esprit très net on decide de monter sur le toit car il nous permettait d'avoir une bonne vue sur Paris. On prend la bouffe, les bières et l vodka puis on monte. La vue était magnifique.
-On finit les bouteilles et la bouffe puis on marche un peu. Benj' fait du parkour du coup – completement bourré – il commence à faire des figures assez classes et on tente de l'imiter. Bon on se pète la gueule de nombreuses fois mais c'était drôle. Puis la police vient pour nous dire d'arreter mais vu qu'on était défoncé et bourré on décide de courir.
-Et croyez-nous ou non mais ils nous ont pas rattrapé ! On s'est endormi dans un des nombreux recoins des toits de Paris. Le réveil a été dur, très dur.
-tu m'étonnes t'avais une entorse à la cheville, des bleus partout et moi j'avais un poignet cassé et une entorse au doigt. Ouais une entorse au petit doigt. Riez pas ça fait hyper mal.
-Les gars vous êtes des génies. Genre vraiment. » S'exclama Florian, les larmes aux yeux. Laila était complètement ahurie.
« -Je crois qu'on a choqué ta petite amie là.
-Mais vous êtes complètement inconscients ! Vous auriez pu mourir !
-Mais on l'est pas.
-Et ouais on est des guerriers nous ! » S'écria Kim.
Florian commença à piquer du nez, les deux garçons repartirent donc dans leur chambre.
« -Bonne nuit les filles, à demain.
-A demain ! »
Après la routine du soir nous nous couchâmes toutes les deux dans les bras de l'autre. Son corps me rassurait, je ne voulais jamais la quitter. Mon téléphone vibra. Je savais qui s'était.
« -Bonne nuit mon amour.
-Bonne nuit chérie. »

​Le vendredi était très vite arrivé et avec lui la fin très proche de ce voyage. Pour cette journée nous avions prévu quelque chose de spécial. La surprise avait été dure à garder mais nous avions réussi.
« -Chérie tu es prête ?
-J'arrive ! » Me fit la voix de Laila derrière la porte de la salle de bain. Quelques secondes plus tard elle en sortit. Elle était très belle avec son short en jean bleu et son débardeur arc-en-ciel. En réalité c'était mon tee-shirt mais elle me l'avait piquée.
« -On y va ?
-Ouais. Les garçons doivent être prêts. »
​L'endroit étant en dehors de Moscou, il nous fallut presque une heure de trajet pour arriver à ce lieu secret.
Laila sauta de joie quand elle découvrit que ce fameux lieu était un parc d'attraction.
« -Les gars vous êtes incroyables ! je vous aime tellement ! » S'en suivit d'un joyeux câlin collectif.
« -Aller on y va ?
-Ouiiiii !! » Notre petit groupe entra dans le parc. Laila ne savait pas où donner de la tête et Florian immortalisait ces moments de bonheur avec son appareil photo.
« -Par quoi veux-tu commencer ? Demandai-je.
« -La grande roue ! On pourra avoir une vue d'ensemble et choisir ce qu'on voudra faire après.
-Tous ses faits et gestes sont calculés ou c'est moi ? » Chuchota Kim à son amant. Ils pouffèrent et se dirigèrent vers la grande roue.
La grande roue démarra et Laila regardait par la fenêtre, des étoiles pleins les yeux, comme une enfant de cinq ans. J'étais était contente pour elle mais de la peine aussi un peu de peine : elle n'avait pas dû avoir une enfance très facile. Florian était aux anges ; la hauteur permettait de prendre de belles photos. Il était passionné de photographie. Mais lorsque toutes les photos furent prises sa peur du vertige remonta et il s'agrippa au bras de Kim, ce qui était assez drôle comme scène. La grande roue redescendit, pour le malheur de certains, le bonheur d'autres.
« -Tu veux faire quoi ensuite ?
-Cette attraction ! » Laila pointa du doigt un manège classique.
Après avoir refait trois fois la même attraction nous nous décidâmes à aller manger, il n'était qu'onze heure trente mais nous voulions éviter la queue.
Une fois rassasiés et reposés nous reprîmes le chemin vers une montagne russe pour le plus grand malheur de Florian.
« -T'as le vertige ?
-Non à peine. » Florian était cramponné à son siège et fermait fort les yeux. Kim posa sa main sur la sienne.
« -Ça va aller, mon chéri. » Le train entama sa longue montée puis arrivé tout en haut descendit d'un coup comme hors de contrôle. Les cris se firent donc retentirent. Je crois que ce fut l'un des moments préférés de ma vie.
Le manège finit, Florian souffla de soulagement mais pas pour longtemps.
« -On le refait ? » Demanda Laila en sautillant.
« -Sans moi alors. »
« -Je vais rester avec lui mais allez-y. » Nous allâmes donc toutes les deux refaire la queue.

Durant toute la journée nous enchainâmes les attractions. Il n'y en a pas une que nous avions oublié. Laila avait gagné un ours en peluche à un des nombreux jeux d'adresse. Et j'avais mal au ventre à force de faire des loopings. Florian n'avait que les attractions qui ne montaient pas trop haut, sa peur le paralysait vraiment.
Il était presque dix-huit heures et nous décidâmes donc de finir avec un peu de calme : la promenade sur le petit lac artificiel du parc.
Nous montâmes dans une petite barque tous les quatre et la promenade – assez romantique – commença.
« -Ça ta plut ?
-Ouais c'était génial, merci beaucoup chérie pour cette journée. » Laila posa sa tête sur mon épaule.
« -Je t'aime chérie, je t'aime très très fort. N'en doute jamais, je t'en prie. » Fis-je, soudain triste. Dans dix-sept jours mon bonheur partira en fumée...

Le samedi matin fut dur. Réveil à neuf heure pour faire les valises. Une fois que tout fut rangé, nous attendîmes toutes les deux dans notre chambre. Kim et Florian était parti faire « quelque chose ». Je savais évidemment de quoi il s'agissait.
On toqua à la porte.
« -Ferme tes yeux Laila. » Elle le fit et j'allai ouvrir la porte d'entrée. Puis la musique d'anniversaire se fit entonner par Kim, Florian puis moi. Ma bien-aimée ouvrit ses yeux et mit ses mains sur sa bouche, surprise. Florian posait le gâteau sur le lit – un fraisier.
« -Merci beaucoup ! » Elle nous embrassa chacun notre tour. Elle souffla les bougies en faisant un vœu. J'aurai aimé savoir lequel. Mais si celui qui pourrait être évident, il ne se réalisera jamais...
« -Aller maintenant on mange ! » S'exclama Kim.
« -On croirait que tu n'as pas mangé depuis trois jours.
-Ecoute le sport de chambre, ça donne faim. » Florian devint aussi rouge que le drapeau communiste et Laila toussota. Je tapais dans la main de Kim, complice et morte de rire.
« -Le gâteau du coup ? » Fit Laila, visiblement gênée. Kim, le pro du découpage égal – l'ironie est à soulever – coupa le gâteau et nous le dégustâmes tranquillement.
« -Par contre le cadeau devrait arriver dans un ou deux jours à Peters'. » Fit Florian.
« -Pas de problème.
-Mais on a quand même des petits cadeaux ! » Je pris plusieurs sacs de dessous le lit. Elle les ouvrit un à un. Il y avait des livres sur la psychologie, un recueil de partition qu'elle rêvait d'avoir et du maquillage – elle m'avait dit qu'elle en voulait mais qu'elle n'avait pas le droit à la maison.
« -Merci beaucoup ! » Et nous fîmes un énième câlin collectif. Ensuite se fut l'heure de ranger les affaires et de nous préparer pour rentrer à la maison.

Le retour à Peters' se fit calmement ; nous étions tous fatigués après cette semaine de voyage. Il était seize heures quand l'avion se posa. Et dix-sept heures quand nous arrivâmes chez moi. Nous fîmes une autre petite fête avec de la musique et de l'alcool puis vers vingt-heure nous nous posâmes devant un film romantique. Vint le moment où les deux amants se retrouvent dans leur chambre, nus pour la première fois, où l'hésitation, le désir et la peur se fait ressentir dans la pièce. Laila leva ses yeux vers moi.
​Le film était fini et les garçons étaient repartis. Nous étions enfin toutes les deux seules. Je sortis une petite boite de ma poche.
« -Ouvre. » Laila prit la boite et y découvrit deux petits colliers similaires.
« -Y'en a un pour toi et un pour moi. Comme ça même si je suis loin, je serai là.
-Merci mon amour. » Elle se précipita vers moi et m'embrassa fougueusement.
« -Tu peux me le mettre ? » J'obéis et lui attachait la chaine autour du cou. Elle me fit me retourner et attacha le mien. Ses mains descendirent le long de mes bras, je me retournai et vis dans ses yeux une lueur que je n'avais jamais vu, sauf dans ceux de Bartolomeo...
« -Allons dans la chambre... » Fit-elle d'une voix presque rauque.

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Il m'a tellement soulé ce chapitre ptn........
Désolée pour le retard mais j'ai eu BEAUCOUP BEAUCOUP BEAUCOUP de chose à gérer....
Bref j'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous aura plut !

Пока !

Rosamir

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