A la recherche d'un titre

Chapitre 4

Chapitre 4

Svetlana Perova

8 mai 2019, 10 heure 56

Appartement de Svetlana

Aujourd'hui était un jour spécial. Trois semaines s'étaient écoulées depuis le réaménagement de mon appartement et rien de spécial ne s'était produit. Mais dans deux heures tout allait changer. Tout. Je m'étais habillée un peu classe : un jean noir avec des bottines noires à talons et une chemise blanche. Dans une heure je verrai Laila et... Il ne faut pas que j'y pense. Pas maintenant. Mon portable sonna mais je ne reconnus pas le numéro. Je décrochai quand même, assez méfiante :

« -Allô ?

-Ma chérie c'est toi ?!

-Maman... » Soufflai-je, à la fois rassurée et triste.

« -Comment vas-tu ?

-Bien. Et vous ?

-Tout roule. Ta sœur a enfin un vrai travail. Dans un centre pour enfants difficiles.

-Oh. » Il n'y avait aucune émotion dans ma voix, je voulais juste stoppé cet appel.

« -Oui. Enfin bref. Et toi alors ? La Russie ?

- Je vais bien, rien à signaler. Je dois raccrocher, j'ai un truc à faire.

-D'accord gros bi... » Je raccrochai avant qu'elle ne finisse sa phrase. Je ne devrais pas, c'est ma mère après tout mais aujourd'hui n'était pas le meilleur jour pour m'appeler et puis je leur ai dit que je n'étais pas prête à leur parler. Pour moi aussi c'est compliqué, ce conflit intérieur qui me déchire. Mais revenir en France m'est impossible. Enfin, je dois y aller sinon je serai en retard. Je fis attention de ne rien oublier : mes clés, ma carte de transport, mon portable et de l'argent. Tout était dans mon sac. J'ouvris la porte et appuyai sur le bouton pour appeler l'ascenseur – on ne sait jamais. Il marchait ! C'est un jour de chance aujourd'hui.

Une fois dans le jardin du quartier un couple attira mon attention. Ce n'étaient les deux tourtereaux qui me firent me retourner mais ce que le garçon tendait à son amante. Une rose, rose pâle et jaune pastel. Je pouvais sentir d'ici son parfum. La jeune fille qui devait avoir aux alentours de treize ans, replaça une mèche derrière son oreille, les joues rosies et le remercia en humant la fleur.

« -Viens. » Je le suivis sur son petit balcon fleuri.

Il coupa une des roses de son grand rosier et me la tendit. Gênée et touchée je replaçai une mèche de mes cheveux noirs derrière mon oreille, pris la rose qu'il me tendit et la humai. Elle avait une odeur si délicieuse. Comme un avant-goût du Paradis.

« -A chaque fois que tu verras cette rose, cela voudra dire que je suis proche de toi.

-Merci mon amour. »

Avant-gout du Paradis, arrière-gout de l'Enfer. Pendant un instant j'eu peur qu'il soit vraiment là... Mais non qu'est-ce qu'il ferait en Russie ? Je repris ma route initiale vers le bus. J'allais faire du shopping avec Laila, cela allait être génial. Le trajet durait cinquante minutes pour aller au centre commercial, là où nous nous retrouvions.

Je n'attendis même pas cinq minutes avant de sentir un poids sur mon dos.

« -C'est qui ? » Fit une voix qui bandait mes yeux.

« -Mh... je sais pas, je donne ma langue au chat. » Le poids descendit de mon dos et la voix dit, désormais devant moi :

« -C'était moi ! » J'ouvris les yeux et vis sans surprise Laila, toute heureuse.