Chapitre 12 : Coincée dans une chambrée.

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Je pousse délicatement la porte en maugréant contre sa vieillesse. J'espère ne réveiller personne, ce qui m'étonnerait à cette heure-ci... Non, bien-sûr que non, il fallait qu'ils soient tous levés. À peine ai-je le temps de mettre un pied dans la chambre, qu'une silhouette peu agréable se met face à moi, me barrant le passage.

« On ne veut pas de toi ici.

– Parkinson. Quel... plaisir, de te revoir. As-tu au moins demandé à nos chers camarades si ma présence parmi vous les dérangeait véritablement, ou est-ce que ton nouveau grade d'héritière t'es monté à la tête ?... Non, tu n'as pas demandé. Pourquoi l'aurais-tu fais ? Ce n'est pas moi qui aie constitué les chambres, tu te doutes bien que je n'aurais jamais commis la bêtise de te mettre dans un dortoir. Une chambre individuelle ne suffirait même pas à nous épargner ta langue fourchue. Toujours est-il que si tu as une quelconque plainte à faire, Parkinson, je te prierais de te rediriger vers le professeur Rogue. »

Je contourne Pansy et découvre l'agitation dans laquelle se trouve ma chambrée. Bien sûr. Comment ai-je pu oublier cette manie qu'ont tous les Serpentard de tout préparer ? Tout de même, s'habiller et faire son lit alors que le couvre-feu n'est même pas encore levé... Surtout que ce ne sont pas eux, qui font les lits. Je regarde la Chose, l'elfe personnel de Natacha Goyle, courir dans tous les sens, une pile de linge soigneusement plié dans ses bras, tandis que sa Maîtresse cale coquettement une mèche de cheveux derrière ses oreilles. Leonis Yaxley — Décidément je suis tombée sur les pires pestes de l'Aristocratie Sorcière — est déjà prête, attendant impatiemment l'heure nous permettant d'aller dans la grande-salle. Seule une inconnue s'active auprès de son lit, parfaitement ignorée par les autres. Une sang-mêlé, sans aucun doute.

Je m'installe sur le seul lit contenant une valise fermée. D'un claquement de doigt, je fais venir Esteban et lui montre ma malle sans un mot. Ce n'est pas le moment de m'attirer les foudres de la Grande et Noble Société des Sangs-Pur. Nous ne sommes que des adolescents, entre nous, nous ne nous comportons pas exactement comme avec les adultes, mais il y a une limite et je suis majeur. Rogue aurait pu me mettre avec les autres, tout de même. Il sait très bien que je n'ai pas le même point de vue que les Parkinson ou les Yaxley. Il a bien dû s'en rendre compte avec Bryan, il n'est pas stupide. Pourquoi m'avoir mise avec elle ? J'entre dans la salle de bain en fermant consciencieusement la porte, me déshabille et me décoiffe manuellement, sans aucune magie. Certaines habitudes ne me quitteront certainement jamais. J'entre dans la douche et me lave rapidement. Il ne s'agirait tout de même pas d'arriver en retard.

Quand je sors de la douche — italienne, les baignoires vont me manquer — je découvre un nouvel uniforme, bien plus propre que celui mis hier, plié à la perfection sur le bord du lavabo. Alver est passé par là, il semblerait. Et sans se faire remarquer. J'admirerais toujours cette aptitude qu'ont les elfes de maisons à passer inaperçu. Je m'habille en un rien de temps et m'attaque à mes cheveux, sortant mes affaires de toilette déjà rangé dans mon bac, prévu à cet effet. Et leurs rapidités sont affolantes.

Je brosse mes longs cheveux rêches et applique un peu d'huile pour les nourrir et les rendre un peu moins cassant. Je me fais rapidement une couronne de tresse et y plante des piques de diamants blanc tranchant avec tout ce noir. Je mets mes gants et y enfile ma bague de Lady, le sceau de ma famille — un renard, gueule ouverte, prêt à attaquer — avec mes propres initiale, tout cela sur une surface ovale, signifiant mon rang de future Grande Lady.

Ma nouvelle bague indiquant ma place de Chef de Famille arrivera très certainement aujourd'hui. Du moins je l'espère.

Je sors de la salle-de-bain, la tête haute, prête pour une nouvelle journée de comédie. Même absents, mes parents arrivent à influencer mes actes, s'en est particulièrement dérangeant et assez inquiétant. Toutes les demoiselles attendent debout près de leurs lits faits, tel de petits soldats, leurs sacs vides pendant lamentablement sur leurs épaules. L'inconnue est la seule à encore s'activer, continuant de ranger ses affaires, toujours en pyjama. Elle n'y arrivera pas à cette vitesse. Nous devons sortir toute ensemble du dortoir. Montrer un front unis, comme nous l'a si bien enseigné nos précepteurs. Elle sera la risée de Serpentard, si elle n'est pas prête à temps.

Au Clair de Lune : T1 La nuit des HommesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant