Rapidement, nous reprenons contenance. Après un regard scrutateur vers mon partenaire pour vérifier qu'il tenait le coup, je finis par sourire poliment, plus froide que jamais. Nous nous avançons sans nous retourner, offrant des visages méprisants à tous les passants... Comment peut-il y avoir autant de monde dans un espace si défini ? Cette ruelle est pleine de couleurs, pleine de vie. Il serait presque aisé pour nous de nous y fondre, si nos coutumes ne nous obligeaient pas à être aussi coincé. Ou à me montrer aussi soumise à Drago, comme si je lui appartenais. Ce qui est le cas, d'une certaine manière. Du moins pour l'instant. Malfoy a raison, nous trouverons bien une solution pour sortir de ces règles stupides.
Une chose est certaine, si je n'arrive pas à devenir Auror ou Potionniste, il me sera toujours possible de me rabattre sur le théâtre, dans une compagnie Moldue. Ce sera toujours plus agréable que de jouer dans cette scène géante, entouré de personnes qui eux, ne jouent pas leurs vies. Mes Géniteurs ne pourront me trouver dans le monde non-magique. Alors jamais ils ne viendront me tuer pour faire un métier de la basse société.
Je tourne la tête et observe les bâtiments aux allures étranges et aux devantures colorée, couvertes de la joie de vivre des passants. De toute mon existence, je ne suis venu que deux fois en ces lieux, Père et Mère les considèrent comme peu fréquentable, ayant une nette préférence pour l'Allée des Embrumes, se situant un peu plus loin, il me semble. Chaque venu au Chemin de Traverse est donc pour moi un véritable émerveillement. Si je le pouvais, je me mettrais tranquillement sur le côté pour observer toute cette vie s'activer autour de moi.
Il n'y a rien de vide, ici. Pas de faux semblant. Un père et une mère prennent leurs enfants dans les bras, deux amoureux s'embrassent, adultes et mômes observe avec une délectation non dissimulée les nouveaux balais, un gamin de six ans tire son père vers le marchant de glace, deux personnes se disputent ouvertement le dernier exemplaire d'amulette contre les mauvais présages... Pas de sourire coincé entre la cordiale malveillance et les menaces polit. J'adorerais être à leurs places. Certes, je ne vivrais pas sur l'or, sûrement en manquerais-je. Mais au moins je pourrais vivre réellement.
« Narcisse. » Je regarde Drago, un sourcil levé. « Nous devrions peut-être patienter avant d'entrer dans Gringotts, mes parents vont bientôt arriver. »
Je me retourne et cherche du regard Le Grand Lord Malfoy et sa Lady. Ils sont toujours au fond de la ruelle, semblant converser avec une aristocrate. Oh grands biens leur fassent.
« Je ne crois pas » Je réplique en me tournant à nouveau vers Drago. « Nous devons prélever notre argent seul. Pourquoi les attendre ? »
Drago semble évaluer mes propos. Nous avons tout deux eu nos onze ans, nos familles respectives vont donc attendre de nous que nous puissions retirer notre monnaie correctement.
« Vous avez raison, ma chère. Comme toujours. »
Je lui fais un faux sourire, contrôlé et révisé pendant des heures devant un miroir.
« Je vous remercie Drago, mais vous exagérez, comme toujours. »
Drago lève discrètement les yeux en l'air. Drago dit toujours que j'ai un égo et une fierté particulièrement surdimensionnés. J'esquisse une légère grimace qui peut tout aussi bien dire « Vas te faire cuire des bouses de Dragons » que « Je t'aime, petite fouine » et le salue avant de monter les escaliers. Je dépasse donc les doubles portes de la plus grande banque de toute l'Angleterre, seule.
La salle dans laquelle je viens d'entrée est immensément longue et haute. Tout au long, des centaines de sorciers attendent leurs tours pour arriver au guichet qui leur est attribué. Je respire doucement et lentement, tentant de calmer le battement de mon cœur.
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Au Clair de Lune : T1 La nuit des Hommes
Hayran KurguNarcisse Bellencours ne demandait pas grand-chose, juste être libre et se sentir en sécurité. Que cela passe par devenir une Grande Lady et condamner ses parents à Azkaban n'était en aucun cas dans ses projets. Mais comme toujours, Dumbledore, notre...