Au Clair de Lune : T1 La nuit des Hommes

Chapitre 18 : Hécate.

Je me retourne, dague à la main, pointant l'arme devant la femme qui regarde avec dérision la lame.

« Baisse ton arme, mon enfant. Je suis venue en paix. »

Je regarde la femme, qui semble toujours se décupler pour redevenir unique. Lentement, je baisse ma lame, reconnaissant l'interlocutrice. Je me tourne vers Bryan qui lui-même, observe simultanément la femme et l'entrée, incrédule. C'est impossible... elle n'existe pas. Ils n'ont jamais existé ! Et de toute manière si c'était elle, si les légendes étaient vraies, pourquoi irait-elle jusqu'à nous ? Cela n'a tout bonnement aucun sens. Non, qui que soit cette femme, ce n'est pas Hécate.

« Qui je suis n'a aucune importance. Du moins pas pour l'instant. Qui tu es, est bien plus essentiel, Narcisse. Suivez-moi. »

La brune nous dépasse et entre dans le couloir qui aussitôt, s'illumine d'une lueur jaunâtre. Bryan et moi échangeons un regard. Faut-il faire confiance à une inconnue ? Ce n'est pas vraiment dans mes habitudes. Souvent ce sont les autres qui ont confiance en moi. Pas l'inverse. Je hais cette demeure. Nous n'aurions jamais dû venir. Ni Bryan, ni moi. Encore moins Bryan, en fait. Je n'aurais pas dû le traîner dans toute cette folie.

« Quand tu es venu me voir, j'étais un inconnu pour toi. » Fait remarquer Bryan. « Nous n'avons pas beaucoup d'autres choix, je pense qu'il faut la suivre. Dans le pire de tout les cas, j'ai une baguette et tu as une arme. »

J'acquiesce. Ce n'est pas vraiment rassurant. Tout comme la gravure, cette femme semble extrêmement puissante, sans pour autant s'être montrée agressive. Je n'aimerais pas avoir à me battre contre elle, son aura est trop grande. J'attrape la main de mon petit frère et la serre fortement tout en franchissant prudemment l'entrée. Aussitôt, j'entends une porte claquer dans mon dos. Nous voilà à nouveau enfermés. C'était une mauvaise idée, nous aurions dû partir.

« Je suis ravie que vous ayez fait le bon choix. Venez, n'ayez pas peur. Entrez. »

À nouveau, mon frère et moi échangeons un regard avant d'observer la pièce que la femme nous présente. C'est... le salon du Quartier Général des Maraudeurs ? Je tourne la tête vers la femme, perplexe.

« Ne vous inquiétez pas, le château essaye simplement de vous mettre à l'aise. À ma demande, bien entendue. »

Je regarde Bryan, qui lentement, change d'aptitude, pour devenir plus joyeuse, rasséréné. Je n'aime pas ça, je n'arrive plus à savoir ce qu'il ressent. Nous devons faire demi-tour avant qu'il ne soit trop tard.

« Bryan... »

Celui-ci me sourie chaleureusement avant de commencer à se désagréger, pour finir en tas de poussière. Je me tourne vivement vers la femme, qui me présente toujours le salon de la main. J'ai vraiment du mal à respirer, je ne sais pas ce qui se passe !

« Ton frère est à l'abri, Narcisse. Il ne risque rien. Mais ton parcours n'est pas terminé, tu dois savoir qui tu es.

– Qu'allez-vous me faire ?

– Discuter, mon enfant. T'enseigner. Entre, je te prie. »

Je regarde le tas de poussière. Je ne peux pas reculer, mais je ne peux pas non plus faire confiance en cette femme, j'en suis maintenant sûre. Que faire ? Je ne peux pas rester là non plus. Dois-je véritablement lui obéir en espérant en finir vite et sortir vivante ? Je regarde le visage presque bienveillant de l'inconnue et sent un nouveau poids dans mon estomac. Elle ressemble à mon père. Je réprime un frisson et recule d'un pas, avant de franchir le pas de la porte indiqué.

Le sol se dérobe alors, me faisant dangereusement chuter de plusieurs mètres de haut au-dessus d'une petite ville entourée de forêts. Mon estomac se contracte douloureusement alors que je ferme instinctivement les yeux. La fin de ma vie. Je vais mourir juste après l'impact, dans un château aussi inconnu que vicieux. Je sens que mon cœur accélère et bat de plus en plus fort, remplissant ma tête de ses battements. À moins que je ne meure d'une crise cardiaque ? Pourquoi est-ce que je pense sérieusement à de telles choses ?