Au Clair de Lune : T1 La nuit des Hommes

Chapitre 15 : Les liens ne se défont jamais

Je dévale tranquillement la ruelle pavée, slalomant dans la foule de plus en plus dense. Enfin, la vie des lieux reprend. Je préfère ainsi. Bien entendu, certains s'arrêtent pour me fixer, où pour s'écarter de mon chemin, mais au moins, tout est bien plus vivant. De toute façon, je me doutais bien qu'en apparaissant trois fois sur les premières de la Gazette du Sorcier, j'allais avoir ce genre de petite réaction bénignes. Ce n'est pas comme la fois où des élèves ont tenté de me coincer dans un couloir pour me faire la peau. Malheureusement pour eux, Eliza s'en est aperçu et m'a prévenu. Je n'ai reçu aucune égratignure et ils se sont retrouvés avec des retenus.

« Hé ! Ça te dirait de nous attendre un peu ? » Gueule Eli.

Je me retourne et lève légèrement la tête. En effet, la verte et argent est loin derrière moi, précédé des deux Poufsouffle. Je me mets à sourire moqueusement. Ah bah voilà ! Je me retrouve avec des escargots, maintenant. Aussi froide que de la glace, Eliza et me rejoint tout en me lançant des regards noirs.

« Bah alors, on perd déjà de la vitesse ? Je n'aimerais pas être avec vous quand vous aurez quatre-vingt-dix ans. »

Et trois regards meurtriers. Trois ! J'attends que tout le monde soit passé pour me remettre à marcher, restant derrière eux. Ainsi, aucune chance de les perdre derrière. Nous arrivons enfin devant le grand bâtiment blanc gardé par deux gobelins. Je m'arrête quelques instants attrapant les épaules des garçons pour les obliger à ralentir. Bientôt, tout le monde s'arrête.

« Tout va bien ? » S'inquiète Bryan, connaissant parfaitement mes peurs.

« Oui, ce, ça n'a rien à voir. J'ai juste peur de prendre des décisions. Si je les regrette après...

– 'Cisse, on n'a pas le choix, nous devons y aller. Enfin, si tu es toujours d'accord pour...

– Aujourd'hui plus que jamais, Bryan. J'aurais juste préféré ne pas prendre de décision tout court. Tout un clan à gérer à deux, quatre si nous comptons Rolf et Eliza, c'est tout bonnement impossible, surtout qu'on a à peine onze ans. Mais je ne connais pas suffisamment la partie française de ma famille pour leur confier les rênes familiales.

– Ce n'est que temporaire, petite tortionnaire. Tu sais qu'il faut que ta magie familiale nous reconnaisse, pour que nous devenions définitivement des chefs de clans. »

Ce n'est pas faux. J'ai été assez choquée d'apprendre qu'on ne m'avait jamais éduqué pour que je devienne une Grande Lady, alors que je suis promise à Drago, l'héritier de la branche principal des Malfoy. Bryan était à peine un peu plus avancé, son cousin qui était censé être le futur Grand Lord Parkinson était mort l'an dernier, alors qu'il n'était encor qu'un nourrisson et la Grande Lady était morte en accouchant.

Bryan était donc devenu l'héritier du clan Parkinson par défaut quelques mois avant d'être renié. Résultat, on a dû faire des recherches sur les passations de pouvoirs, au lieu de faire nos devoirs. Savoir que la magie familiale doit nous accepter avant tout est assez... inquiétant. Après tout, mon père et ma mère ont pu devenir les chefs du clan, eux.

« Très bien. De toute façon, tu l'as dit toi-même, Bryan. Nous sommes obligés.

Je m'avance et dès mon arrivée, la grande porte s'ouvre, puis la deuxième, pour laisser place au grand hall. Je me retourne, le groupe m'a suivi. Je souris et m'introduit dans la banque. Discrètement, j'attrape la main de Bryan et continue de marcher, évitant de regarder sur les côtés, pour arriver au fond de la salle où le guichetier de ma famille nous attend, debout, nous fixant de ses yeux noirs. Il semble de bien meilleure humeur qu'à notre ancienne rencontre.

« Messire Gobelin. » Je salue tout en m'inclinant légèrement.

Le gobelin me rend mon salut et se tourne vers Bryan, le scrutant méticuleusement.