Assise en tailleur sur mon lit aux rideaux verts tirés de chaque côté, je regarde avec accablement ma plume de paon réduite en cendre et mon manuel de Potion transformé en un magma de confettis multicolores. Une véritable catastrophe. Je vais mourir de la main du professeur Rogue.
Diane vient se frotter à moi, passant sa tête sous ma main, avant de lâcher un petit miaulement. Je la regarde quelques instants, me mettant à la caresser, au plus grand bonheur du chaton qui se met à ronronner fortement, dans le dortoir silencieux. J'observe mon carnet, seul rescapé de mes expériences. Je l'ouvre d'une main et regarde chaque protocole écrit. Toutes mes potions inventées. Si je tente le sortilège de lévitation dessus, je suis à peu près sûr de toutes les perdre. Dois-je vraiment risquer une telle chose ? Je ferme le petit calepin et souffle. La réponse est simple. Oui.
Je dois savoir jusqu'à quel niveau ma magie a dégénéré. Pourquoi, un simple Lumos m'éblouit-il au point de me faire perdre la vue durant une bonne heure, affolant Madame Pomfresh. Pourquoi Alohomora démolit-il les portes au lieu de les ouvrir ? — Quoiqu'objectivement, le sort fonctionne, le passage étant percé. — Un Wingardium Leviosa serait-il aussi désastreux que mes autres charmes et sortilèges ? Après tout, c'est le premier tour de magie que j'ai dû utiliser, au Chemin de Traverse, quand j'étais allé acheter les fournitures scolaires de Bryan. Mais à ce moment-là, aucun enchantement ne partait de travers. Du moins presque.
Je respire un grand coup, jetant déjà un regard désolé à mon bloc-notes et pointe ma baguette dessus. Diane se blottit un peu plus contre moi, comme pour éviter les dégâts collatéraux que peut créer ce ratage presque assuré. Je ferme les yeux et essaye de me détendre, de retrouver mon calme. Si je me mets à paniquer, il est sûr que je n'y arriverais pas. Après les trois longues respirations que m'avait apprise grand-ma' pour ce genre de situation, je rouvre les paupières et récite l'incantation, faisant le geste qui va avec. Dès que je pointe à nouveau ma baguette sur le livre, celui-ci décolle et monte en flèche, jusqu'à aller se cogner contre le plafond en verre de la chambre, effrayant un selkie qui passait au-dessus. Je m'excuse d'un geste alors qu'il semble vociférer contre moi, secouant rageusement ses cheveux broussailleux et me pointant du doigt avec hargne. Je grimace. Il n'est très certainement plus dans mon intérêt d'aller nager dans le lac et utiliser ma baguette m'est clairement défendu.
Le sortilège cesse enfin de faire effet et le carnet retombe au sol dans un bruit retentissant. Aussitôt, j'entends les lits voisins et le parquet grincer. Il en faut vraiment très peu pour réveiller mes camarades de chambrée. Des pas sur la gauche se rapprochent à toute vitesse et le rideau est tiré vivement, laissant apparaître Pansy Parkinson, sans artifice et avec la tête des mauvais matins, les lèvres pincées et le visage dur d'une personne des plus contrariées. En me voyant assise sur mon lit, Pansy fronce les sourcils et le nez, prête à crier.
« Bellencours ! »
Comment peut-on être aussi prévisible ? Je lâche Diane de ma main gauche et me tourne face à l'héritière des Parkinson. Je lève un sourcil, flegmatique. Il est parfaitement inutile de s'énerver de façon violente. Garder son calme est le mieux à faire, face à elle.
« Tien, Parkinson. Bien le bonjour. As-tu vu l'heure ? Referme donc ce rideau et va te coucher, s'il te plaît.
– Aller me coucher ? Aller me coucher ! Alors ça ! Tu m'as réveillée ! » Répond Pansy sur un ton scandalisé.
« Je ne te permets pas de me tutoyer, Parkinson. Et contrairement à toi, je ne crie pas comme une dégénérée incapable de se contenir. Tu n'es pas une de ces stupides Gryffondor, alors comporte-toi comme une véritable Serpentard et aie un minimum de diplomatie, de dignité. » Je réprimande froidement Pansy. « Et si j'étais toi, je n'irais pas blâmer une lady pour un pur accident. Surtout si je réveillais tout le monde au plein milieu de la nuit en faisant mes petites activités nocturnes avec l'amant de celle-ci. Je tolère ta mauvaise conduite et ne compte pas en informer le Lord Parkinson, mais il serait très sot de ta part de venir me chercher des Noises. Une missive est si vite envoyée. »
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Au Clair de Lune : T1 La nuit des Hommes
FanfictionNarcisse Bellencours ne demandait pas grand-chose, juste être libre et se sentir en sécurité. Que cela passe par devenir une Grande Lady et condamner ses parents à Azkaban n'était en aucun cas dans ses projets. Mais comme toujours, Dumbledore, notre...