Mes Ennemis: Les Autres [ Niall Horan - Connu ]

Chapitre 1

07/04

Nous sommes sur scène derrière le panneau qui nous cache jusqu'au début du concert. Comme chaque fois, j'ai l'impression que je vais faire une attaque. Le décompte est lancé, plus que trente secondes.

Mais comment vivre sa passion lorsque l'on a la phobie des choses auxquelles nous sommes confrontés tous les jours dans ce milieu? Je ne le sais pas moi-même.

Je me rappelle qu'à mon audition à XFactor, quand j'avais interprété I'm Yours j'étais sous l'effet de l'adrénaline, c'était seulement quand la musique s'était arrêtée que je m'étais rendu compte de l'endroit où je me trouvais. Bien sûr Simon Cowell avait trouvé ma prestation trop ennuyeuse et m'avait demandé de revenir. A ce moment-là, j'avais cru que j'allais me jeter sous un camion sur l'autoroute. Malheureusement je n'avais pas tout cela à ma disposition... J'étais revenu, j'avais chanté So Sick je ne sais pas comment et mon cerveau était tellement grillé que je m'étais comporté comme un petit frimeur. Je vous rassure, à chaque fois que je me revois, je me trouve comme ça.

Ensuite il y a eu le bootcamp. On était tellement nombreux sur scène pour danser que j'avais cru que j'allais m'évanouir. Pourtant j'avais dansé. Comme un pied certes, mais je l'avais fait.

J'avais été éliminé, j'avais été malheureux, après tout mon rêve me passait sous le nez, mais une part de moi-même était contente; je n'aurais pas eu à me produire devant des centaines de personnes. Mais Simon Cowell en avait décidé autrement et ils nous avait mis tous les cinq ensemble. Au départ je me disais que c'était une bonne idée: le travail était à partager en cinq. Mais non, pendant toutes les répétitions tout se passait bien mais avant le premier direct j'avais fait une crise d'angoisse. Heureusement, j'étais avec Liam et il m'avait passé du thé. Miraculeusement je n'avais plus vraiment conscience de ma phobie, je ne sais toujours pas comment c'est possible: le thé à de drôles d'effets sur moi, mon esprit divague, je suis conscient mais mes terreurs disparaissent. C'était donc parfait. Je buvais mon thé avant chaque prestation et tout marchait nickel. Nous avions vécu l'aventure jusqu'au bout.

Seulement nous ne faisions que cinq minutes de show, trois à quatre fois par émission tandis que les concerts sont des spectacles de parfois deux heures. C'est long deux heures quand on doit boire dix litres de thé. En plus ça donne envie d'aller aux toilettes. Je ne pouvais donc pas me balader avec mon thermos et aller faire pipi en plein milieu d'une chanson. Je suis donc allé voir un psy, il me prescrit des sédatifs que je prends désormais avant chaque concert. Je vous rassure je ne suis pas un drogué, j'ai fait quelques concerts sans, mais je me mets à pleurer pour tout et n'importe quoi. Ça a son charme mais trop fréquemment on ne pourrait plus le faire passer sur ma sensibilité naturelle.

Vous comprenez donc que cette phobie me bouffe, il n'y a rien à faire, elle ne me lâche pas et se plaît à faire de ma vie un enfer.

Le panneau monte et mes quatre amis s'élancent sur scène. Je réprime mon envie de repartir dans les coulisses en courant et m'avance à leur suite.

Mes sédatifs faisant leur effet, mes peurs sont en déroute et me laissent profiter de ma passion. Je n'ai jamais vraiment aimé les médicaments mais ils me permettent de m'évader le temps d'une soirée.

Louis s'approche de moi durant le solo de Zayn, un simple coup d'oeil, fraternel pour les fans mais inquiet pour moi. En pourrissant ma carrière, elle pourrit la leur. Toujours à s'occuper de moi, à voir si je défaille ou si je vais faire une crise. Elle me fatigue, moi et les autres.

Si vous connaissez quelqu'un atteint de troubles psychologiques, sachez que ce n'est simple ni pour lui, ni pour son entourage...