"Arvin Russell, tu ne me fais pas peur"

17-Bleu

- Je dépose Lenora au cimetière et on va à la clairière ? me demande Arvin quand j'arrive à la hauteur de sa voiture.

- Tu vas la laisser toute seule ?

- Elle ne veut jamais vraiment que je reste. Enfin elle ne m'a jamais obligé.

- Demande-lui d'abord, sinon je prendrais le bus pour rentrer.

Je lui souris tendrement, j'aimerai l'embrasser mais comme on est dans la cour de l'école et que ni Jackie et Fleure ne savent qu'Arvin et moi sommes ensemble, je fais profil bas sur les marques d'affection en public.

Lenora nous rejoint rapidement, elle me serre dans ses bras et monte dans la voiture. Je reste à une distance raisonnable. Je ne les entends pas, mais je n'aurai pas besoin de parcourir toute la cour pour les retrouver si Leno est d'accord.

- Tu montes Luciole ? me lance cette dernière.

Elle sort et se met à l'arrière.

- Tu aurais pu rester devant, tu sais ? je lui dis.

- Pour qu'Arvin ne prête pas attention à ce qui se trouve devant lui, non merci....

Arvin lui lance un regard noir et je rigole. Je pose ma main sur la cuisse de mon petit ami. Je n'arrive toujours pas à m'y faire et je me trouve ridicule... Il me regarde et son air intrigant me dit bonjour.

Le trajet jusqu'au cimetière me paraît très court et très long en même temps. Lenora descend et nous demande de la récupérer dans une heure. Arvin fait demi-tour et prend la direction de la clairière.

- Il n'y a pas un endroit plus proche ? La clairière risque de nous faire perdre du temps... je murmure presque honteuse.

Il me regarde tendrement et pose sa main sur ma nuque avant de caresser le coin de ma mâchoire.

- Je crois que je connais un petit endroit caché dans la forêt pas loin.

Cinq minutes après, il tourne à droite et on se retrouve dans un petit chemin boisé. Il avance encore quelques mètres avant de couper le moteur. Il se déplace pour être au centre de la banquette avant. Je me blottis contre lui, ma tête dans le creux de son épaule. Il passe un bras sur mes épaules et l'autre vient trouver refuge autour de ma taille et il me serre contre lui. Il dépose quelques doux baisers sur mon front.

Je n'ai pas envie de parler. Arvin n'a pas l'air non plus de vouloir discuter. On reste comme ça à écouter le silence et cela me fait du bien. J'ai prétexté un rendez-vous important avec ma mère pour ne pas suivre la séance du comité pour le bal aujourd'hui. C'est compliqué de se voir avec Arvin. Depuis le pic-nic dominical, on s'est croisé à l'Église et il est venu une fois me faire coucou la nuit. Et tout ça en deux semaines. C'est la première fois qu'on se retrouve vraiment seuls en plein jour.

- Est-ce que je peux parler de nous aux filles ?

Ma voix n'est qu'un murmure, j'ai peur de casser notre bulle de sérénité. Je l'entends soupirer, mais il ne desserre pas son étreinte. Il joue avec les pointes de mes cheveux et je sens qu'il essaie de formuler correctement sa pensée avant de la dire à haute voix. Après ce qu'il me semble une éternité. Sa main droite attrape délicatement mon menton et on se regarde dans le blanc des yeux. Sa pupille n'a pas de lueur agacée ou énervée. Non, Arvin semble inquiet.

- Si tu leur en parle, tout le monde sera au courant ?

- Ça dépend. Je peux leur demander de garder le secret. Pourquoi ?

- Je n'ai pas envie que Dinwoodie ou Bob ou encore un autre connard t'embête. Tu sais très bien ce qu'il pense de moi ou de ma relation avec Lenora. Je m'en fiche, mais je n'ai pas envie que cela t'atteigne. Tu ne mérites pas ça.