25- Tout se passait bien

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- Vous avez vu ce qu'il s'est passé Mademoiselle ? interroge le policier.

- Je... oui, mais pas vraiment. Tout s'est passé très vite, j'ai eu peur.

Les agents me regardent et j'aperçois Arvin menotté à l'arrière d'une voiture. L'autre garçon est également menotté dans une seconde voiture.

Je n'arrive pas à comprendre comment on en est arrivé là. Tout se passait bien, c'était le week-end de la foire et on s'amusait comme des enfants. Arvin était détendu, presque aussi détendu que quand on est caché dans ma ou sa chambre, presque aussi détendu que notre nuit au motel.

Le soleil était au rendez-vous, tout le monde était heureux.

Tout se passait bien.

Et je me retrouve dimanche soir, entourée de policiers qui me posent une série de questions auxquelles je ne sais pas quoi répondre. Je ne sais pas, je ne sais plus ce qu'il s'est passé.

Tout se passait bien.

- Mamzelle... Boyle ?

- Oui, oui, Boyle.

- Est-ce que vous pourriez me raconter ce qu'il s'est passé.

Je prends une grande inspiration et j'essaie de me remémorer le week-end, pour comprendre comment j'en suis arrivée là, comment on en est arrivé là.

Arvin et moi, on se tient la main en entrant dans le périmètre de la foire. Les enfants crient et se courent après. L'un d'eux rentre dans Arvin et trébuche. Il n'atteint jamais le sol, Arvin le récupère et le remet droit sur ses jambes.

Regarde où tu vas petit, dit Arvin en riant.

Le garçon s'excuse et continue sa course effrénée vers ses amis. Mon Arvin reprend ma main et il me sourit. Il rayonne et je sens mon cœur accéléré de bonheur. Il me tire jusqu'au stand de tir.

Je vais te gagner quelque chose.

Pas besoin Arvin, merci de m'accompagner aujourd'hui.

Il pince ma joue et lève ses yeux au ciel.

On va dire que je suis un peu en froid avec Max et Alan et je me voyais pas passer une après-midi avec Fleure et Jackie si leurs copains étaient là. Je ne suis pas rancunière, enfin pas trop... mais aucun d'eux ne s'est excusé. Pas que j'attende leurs excuses, mais Lenora a eu vent du week-end et même si elle n'a rien dit, on a très bien vu avec Arvin qu'elle était blessée.

Elle ne m'en veut pas, elle m'a presque engueulée de m'excuser pour eux. J'espérais que Max le fasse de lui-même quand on l'a croisé en ville, mais non... il a rien dit et cela m'énerve.

Arv, tu veux une pomme d'amour ?

Il hoche de la tête vigoureusement et je lui dis que je vais en acheter pendant qu'il me gagne une peluche. Il se met au garde à vous et se concentre.

Ce que j'aime le voir heureux et blagueur. C'est un peu plus rare depuis quelques semaines, il a de nouveau beaucoup d'heures sur les routes et il est en colère contre Max par rapport à sa sœur. Il essaie de ne pas s'en mêler, parce qu'au fond, il sait que Max n'est pas un mauvais garçon et qu'il ne voulait pas faire de mal à Lenora... mais je connais Arvin, il bouillonne quand même de l'intérieur avec cette histoire.

Je fais la queue au stand des pommes d'amour et je regarde autour de moi, légèrement absente. Il fait beau, c'est les derniers jours d'été.

Contrairement à mes amis, je ne vais pas tout de suite à l'université. Je commencerai au printemps de l'année prochaine. J'ai trouvé un petit job dans une boutique en ville et mes parents ont été d'accord que je travaille six mois pour me faire des sous avant le grand saut dans l'inconnu.

"Arvin Russell, tu ne me fais pas peur"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant