inevitable - James Buchanan Barnes

chapitre vingt-cinq

- Tu te rends compte que les rares fois ces derniers temps où on a essayé de se parler se sont toutes soldées par des échecs ? Demanda la brune à l'ombre assise sur le perron de la maison des Wilson.

Inaya entendit le rire grave du brun percer dans le silence de la nuit. Il savait au fond de lui qu'elle avait raison, mais dans deux jours il allait partir et il n'aimait pas la fin qu'ils étaient en train d'écrire.

- Allons sur le ponton.

Sans dire un mot, la brune toujours debout hocha positivement la tête et alla en direction du ponton en question, Bucky derrière elle. Une fois assis tout les deux face à l'étendu d'eau, Inaya lança la conversation,

- De quoi veut tu me parler James ? Celui-ci sourit.
- J'ai le droit à James maintenant ? La brune sourit à son tour.
- Sérieusement, de quoi veux tu qu'on parle Bucky ?
- Ecoutes, je sais que tu trouves mon comportement égoïste, mais je ne veux pas avoir à me priver de ta présence avant de partir, j'en ai marre de voir que tu fais exprès de travailler encore plus pour ne pas me voir. Bucky passa nerveusement une main dans ses cheveux. Inaya, je dois retourner là-bas mais j'ai envie de profiter de mes deux jours ici tant que je suis encore là, avec toi. Ses paroles étaient tristes, beaucoup trop pour la brune.
- Je ne sais pas réellement quoi te dire, soupira la jeune femme laissant ses doigts jouer avec son pendentif.
- Dis simplement que tu acceptes ma présence autour de toi, que tu acceptes de rire avec moi, qu'on agisse comme avant, comme deux amis, Bucky laissa sa phrase en suspens en entendant le rire de la brune s'élever. Il sut à cet instant que le choix de ses mots n'avait pas était le bon.
- Amis ? Evidemment Bucky, soyons amis ! Cela me convient parfaitement, à nouveau la brune rit et se leva de sa chaise sous le regard atterré de son soi-disant ami. Je sais pas ce que tu fais avec tes amis, mais j'espère sincèrement que Sam n'a pas eu le droit au même traitement que moi lorsque vous êtes devenus amis, Inaya forma des guillemets avec ses doigts quand elle prononça le mot amis, ça pourrait vite devenir gênant à table, à moins qu'on compare ce que tu lui as fait et ce à quoi j'ai eu le droit moi. La jeune femme rit à nouveau.
- Ne dis pas n'importe quoi.. Souffla le brun, tu as très bien compris ce que j'ai voulu dire par là. Bucky était désespéré par cette situation, peu importe ce qu'il disait il ne faisait que s'enfoncer un peu plus à chaque fois.
- Non Bucky, je ne comprends pas. Et c'est bien ça le problème. Je ne comprends pas pourquoi tu t'es permis de te rapprocher de moi en sachant que t'allais devoir partir juste après. Pourquoi tu m'as laissé me confier pour disparaître le lendemain.
- Arrêtes d'envenimer les choses ! J'essaye de les arranger ! pour la première fois le brun perdait peu à peu patience et commençait à hausser la voix.
- Envenimer les choses ? Mais dis-moi, j'envenime quoi ? Quand un soir t'acceptes de sortir avec moi et que le lendemain j'apprend que tu dois retourner à l'autre bout du pays, j'envenime quoi ? Je tiens à préciser qu'en plus de ça, continua la jeune femme, ce fameux voyage retour était déjà prévu depuis plusieurs jours, tout le monde étant au courant sauf moi évidemment, un sourire trônait sur les lèvres de la jeune femme, j'envenime quoi ? Pour une fois Inaya restait calme et souriante, Bucky quant à lui commençait à s'impatienter, à s'énerver de la situation, les rôles s'inversaient. Quand tu me regardes droit dans les yeux en me disant, je cite, tu pensais sincèrement que j'allais passer ma vie ici, quelle phrase aurait pu encore plus te faire passer pour un connard que celle-là ? Le silence du brun en disant long, même lui savait que cette phrase n'aurait jamais dut être dite. Imagine un instant que j'ai commencé à développer des sentiments pour toi, elle ri d'un rire cynique, imagine que la gamine de trente années que je suis soit tombée amoureuse de toi, tu aurais fait comment ? Bucky qui croisa le regard rieur de la brune senti son cœur s'alourdir. Tu m'aurais brisé le cœur je suppose ? J'aurais été quel numéro sur ton tableau de chasse vieux d'une centaine d'année ? Un nouveau rire encore plus profonds se fit entendre. Tu m'excuseras Bucky mais je pense que je vais aller dormir il se fait tard et demain je dois me lever tôt. Dors bien.

Sans que le brun puisse ajouter quoi que ce soit, Inaya partit vers la maison et disparu dans l'obscurité. Quelques minutes plus tard, il vit dans le reflet de l'eau que quelqu'un avait allumé la lumière dans l'une des pièces du premier étage. Il souffla, passa sa main sur son visage en fermant les yeux.

Depuis peu de temps sa vie était redevenue à peu près normale. Bucky s'était presque totalement débarrassé de ses vieux démons, il n'avait plus sa psy sur le dos et pouvait essayer de réapprendre à être heureux, à vivre normalement. Malgré tout, à cet instant il se sentait maudit. Une question trônait au centre de sa tête, aurait-il un jour droit au bonheur ?
Une première réponse lui vint en même temps que la question, non. Il avait hotté tant de vie que maintenant la sienne ne pouvait qu'être malheur, froideur...

Une larme singulière traça son chemin sur la joue droite du jeune brun sans qu'il ne s'en aperçoive. Bientôt une deuxième la rejoint, creusant un second sillon similaire au premier. Sans s'en rendre compte, Bucky s'était mit à pleurer en silence. La douleur physique qu'il avait ressentit dès années durant ne lui avait arraché aucune larme mais les mots de cette jeune femme semblaient prêt à lui en extorquer quelques-unes encore.

Le cœur du brun sembla crier à l'aide quand le reflet de la lumière sur l'eau disparu ne laissant que la froideur de la nuit et la pâleur de la lune en face  d'un homme meurtrit.