La femme rose aux coulures - Tome 1

Chapitre 33 - Je butine

Je me suis achetée une nouvelle voiture. Le vieux monospace familial, symbole de ma vie d'avant, est parti, sûrement quelque part en Afrique parce que je l'ai fait reprendre par un garage. Trop vieux, il ne passait pas le contrôle technique. Je me suis fait plaisir avec une petite Fiat 500 bleue d'occasion. Une toute petite voiture de fille, à ma taille, toute mignonne et hyper maniable.

J'ai repeint mon salon dans un joli ton gris bleu qui varie en fonction de la luminosité, adoucit l'atmosphère et met en lumière le tableau "Femme rose et coulures" peint par Sarah. Ce tableau m'hypnotise toujours autant.

Depuis quelques semaines j'ai repris le traitement que j'avais testé il y a quelques mois : les sites de rencontre. J'ai pris un abonnement payant sur Tinder et Happn. Carrément. Et j'ai mis des vraies photos de moi. Avec un peu le sentiment de me mettre en vitrine mais j'assume.

Stéphane, célibataire. Echange de messages sur Tinder, chauffé, rencontré un matin autour d'un café, l'après-midi dans son lit. Lâchage total, ça m'a fait un bien fou. Je suis capable d'embrasser un autre homme et de toucher une nouvelle peau. J'accepte qu'il me touche, je suis capable de me mettre nue et d'avoir beaucoup de plaisir avec un garçon qui ne correspond pas à tous mes critères, et c'est très bien quand même.

Depuis il consulte régulièrement mon profil Facebook (j'ai une petite appli espionne pour voir qui consulte mon profil). Je veux bien le revoir mais je le laisserai faire le premier pas (enfin...le deuxième).

Mickael. Croisé plusieurs fois sur le site Happn, une appli qui indique les positions en temps réel, jusqu'au jour où je l'ai vu passer devant moi en vrai, je l'ai reconnu grâce à sa photo. Je lui ai envoyé un message "C'est toi qui te promène avec une roue de vélo à la main ?". Nous nous sommes rencontrés autour d'un café en ville. Gars marrant, à l'aise, célibataire. Physiquement je ne sais pas, mais au moins un bon copain potentiel. Mais il n'a pas donné suite. Je n'ai pas compris pourquoi vu que le courant passait bien. Je suppose que je ne lui plais pas physiquement, "Oh tu es toute petite !" avait-t-il dit.

Thierry de Lyon, célibataire. Des échanges très très chauds sur Tinder. Je ne sais pas à quoi il ressemble (il m'a avoué que ce n'était pas lui sur sa trop belle photo de profil), mais il est attachant, il me dit que je suis belle, que je le rends dingue.

Alex, un parisien divorcé. Il est venu en weekend dans la région (croisé sur Happn). J'ai totalement craqué sur ses photos, il me fait penser à François, mon amoureux de lycée. Des échanges sympas mais il a une certaine retenue, pas un chaud lapin. Peut-être que je le rencontrerai s'il revient.

Xavier (Pseudo Hector sur Tinder). Marié. Envie d'une relation parce qu'il se fait chier avec sa femme. On verra ce que ça donne.

Cyril (Pseudo Chris sur le site Badoo). En couple. A besoin d'aventures pour survivre. Très clair avec ça. Des échanges qui ont traîné en longueur. J'étais tombée raide dingue de sa photo de profil, une photo transformée par des effets de filtres, résultat une petite œuvre d'art canon qui m'a fait de l'effet même si on ne voit pas vraiment à quoi il ressemble. Première rencontre de vingt minutes dans un tout petit parc peu fréquenté près de chez moi, il avait demandé un endroit très discret. Lui emballé ("Moi je te dis oui tout de suite !"), moi pas indifférente mais pas prête. Et perturbée parce qu'il ne ressemblait pas à l'œuvre d'art qui m'avait fait rêver (forcément !). Un peu gonflé quand même, il m'a demandé si je voulais qu'il me caresse (là, tout de suite, heu...non...). La semaine suivante, comme le site Badoo me gonflait (trop de gars bizarres), j'ai supprimé mon compte. Et Cyril avec...

Il a réussi à me retrouver avec Google, a créé un compte Facebook au nom de Cyril Larrande et m'a contactée sur Messenger en utilisant sa photo de profil magique. Malin et déterminé le garçon. J'ai été flattée, j'ai apprécié. Et comme entre-temps je m'étais décoincée avec Stéphane, je me suis sentie prête. J'avais aimé sa sincérité et sa douceur. "Je veux que tu me bouscules" lui ai-je dit. Donc revu, excellent moment même si c'était très bizarre de se jeter dessus comme ça sans trop se connaître, deux semaines après la brève rencontre au parc. Je le revois samedi.