Ce matin en me levant, je me suis dit que j'étais dans le troisième tiers de ma vie, ma troisième vie. Il reste encore pas mal de temps finalement, vingt-cinq ans c'est beaucoup.
J'accepte un peu mieux mes cinquante ans, mes rides, mes quelques cheveux blancs. Il faut que je profite de mon état de maintenant parce que ce sera forcément pire demain. Et demain je me maudirai de m'être lamentée hier.
Mais voilà que la France commence à s'affoler à cause du Coronavirus.
Jeudi 13 mars, allocution d'Emmanuel Macron, les écoles seront fermées à partir de lundi. C'est assez flippant. J'explique à Max que c'est la première fois que ça arrive et que même ses grands-parents n'ont jamais connu une situation pareille.
Ça sent la fin de l'insouciance, comment vont se passer mes vingt-cinq ans restant ?
Je suis toujours, depuis plusieurs mois, dans un trip "Je vis au jour le jour, rien à foutre du lendemain". Je crois que c'est ce qu'on appelle "vivre le moment présent".
Donc malgré le contexte, mon weekend à Morzine reste d'actualité. Samedi 9h, je retrouve une bande de gars mordus de ski. Temps mitigé, très changeant qui donne une bonne excuse pour s'arrêter boire des canons dans les bars entre deux pistes. Tout ferme demain, il faut en profiter. Avec le sentiment que ce n'est peut-être pas très raisonnable... mais tout est si soudain et les informations si confuses sur les dangers de ce virus que ça nous arrange bien de n'y croire qu'à moitié. Une très bonne mauvaise excuse.
Ambiance de fin du monde dans une station qui devait évacuer en vingt-quatre heures... Ski sur des pistes presque désertes, télésièges qui ferment puis qui ouvrent à nouveau, descentes de flics pour fermer les restaurants qui font de la résistance pour vider les frigos, touristes affolés qui rendent leur matériel de location tous en même temps, boutiques qui rangent leur stock en catastrophe. Franchement mémorable, je suis contente d'avoir vécu ça.
Lundi 16 mars, queues monstrueuses dans les supermarchés, les gens font des réserves avant le confinement qui a été annoncé pour demain à midi. Tant pis, j'irai une autre fois.
Petite pause au bord du lac, sans doute la dernière avant un bon moment.
Mardi 17, 12h. Tout déplacement doit être justifié par une attestation mentionnant la raison de la sortie.
Confinée avec mon fils, je n'ai plus grand chose à faire vu que toutes mes réservations de touristes sont annulées jusqu'à mi-avril pour l'instant. Plus de sous qui rentrent, je vais devoir me serrer la ceinture et je ne sais pas pour combien de temps.
Plus d'aquabike, le centre est fermé. Je sens que ça va être dur. Pas de sport, pas d'amis à voir, pas de boulot...pendant au moins quinze jours. Et pas de visibilité sur les semaines à venir
Et plus de Cyril. Grosse pause en vue. Il devait venir jeudi mais ça n'est plus possible, il ne pourra pas justifier son déplacement en cas de contrôle. Je lui ai pourtant suggéré de cocher la case "assistance aux personnes vulnérables" sur l'attestation de déplacement. Ça l'a fait rire mais c'est tout. Je ne vaux pas l'amende de 135€ apparemment (et lui non plus si la question s'était posée).
Lecture, échange de conneries sur WhatsApp avec les amis, calée sur le canapé de ma terrasse. Il fait grand beau, tout est calme, très peu de voitures circulent, on entend beaucoup les petits oiseaux.
Vendredi 20 mars, le printemps. La crise sanitaire et ses restrictions s'installent, la plupart des gens sont au chômage ou en télétravail, on entend de moins en moins de voitures le matin. Ciel bleu immaculé, plus une trace d'avion pour le défigurer, jamais vu ça avant. J'ai verni la balustrade de mon balcon, lavé les vitres, repeint ma table de terrasse, fait le ménage et toutes les lessives possibles. Plus rien à faire d'urgent. J'apprends à glander et je m'y fais bien. Il est midi et je ne suis toujours pas lavée-habillée.
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La femme rose aux coulures - Tome 1
Literatura FemininaJ'ai pris ma petite pelle et j'ai creusé toute seule un trou bien profond, j'y ai jeté tout le bordel dans un sac plastique (non biodégradable), bien rebouché et planté de jolies petites fleurs au-dessus pour que personne ne se doute de rien. Et j'a...