Chapitre 25 - Le déclic

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Aujourd'hui, 17h03 : le déclic. J'étais en train de me vider la tête sur Candy Crush et soudain ça a fait tilt. Les paroles blessantes de Fabrice il y a quelques jours, "je n'ai rien demandé", et son pétage de plomb hier... Tout d'un coup c'est l'illumination, c'est évident dans ma p'tite tête :

JE N'AI RIEN À ME REPROCHER.

Je n'avais pas mesuré à quelle point son infidélité m'avait détruite, j'ai essayé de sauver les meubles mais je n'y arrive plus. J'arrête de culpabiliser. Je n'ai rien à me reprocher.

Les jours suivants sont insupportables. Fabrice part faire du snowboard avec Yann et les enfants ! Ils se sont croisés hier et ont organisé ça. C'est insupportable. Je suis une pile électrique, j'ai envie de le baffer, j'ai envie de foutre le camp. Séance aquabike ce matin, j'espère que ça va me calmer.

Jeudi soir j'ai raconté mon déclic à Flo. Elle m'a dit que j'avais fait un grand pas et qu'il fallait que je le dise à Fabrice. Ça résonne dans ma tête. La cohabitation ne va plus pouvoir durer.

Pendant que les protagonistes de mon mal-être skiaient tous ensemble, je suis allée toute seule au cinéma voir un super film, Three billboards. L'histoire d'une femme au caractère bien trempé dont la fille a été tuée et qui se révolte.

Avant ça j'avais invité mon fils Julien à déjeuner. Un petit Buffalo Grill parce qu'il aime bien les wings de ce restaurant. Je lui ai tout raconté, qu'on allait sûrement se séparer, que j'avais découvert qu'il m'avait trompé quand Max avait six mois, que j'avais essayé de sauver les meubles mais que je n'y arrivais plus, que lui et Nicolas me manquaient. Tout ça en pleurant bien sûr. Il a écouté mais n'a pas dit grand chose. Ce matin, en l'emmenant au bus pour son retour à Lyon, je lui ai demandé ce qu'il ressentait et il n'a rien dit non plus. Je ne sais pas ce qu'il pense.

J'ai suivi le conseil de Flo et j'ai parlé à Fabrice. J'avais tout écrit avant sur un bout de papier que j'avais gardé dans ma poche. Pour être sûre de ce que j'allais dire, pour ne pas bafouiller ou dire n'importe quoi sous l'effet de l'émotion. Je lui ai dit texto, comme si je récitais par coeur :

"J'ai eu un déclic, j'ai arrêté de culpabiliser, j'ai compris que je n'ai pas accepté ce que tu as fait, j'ai essayé de nous sauver mais je ne peux plus. Je n'ai rien à me reprocher, je n'ai rien fait."

Il a répondu qu'il pensait que je lui avais pardonné, qu'il s'était trompé, qu'il comprenait, qu'il s'en voulait, "si tu savais comme je m'en veux, j'ai tout perdu". Il est incapable de prendre une décision, et qu'il faut que je lui dise ce que je veux.
Je veux que tu partes. Quand ? Vite.
Il va donc prendre l'appartement qu'il a visité, un meublé de 45m2 avec une chambre, dans un quartier neuf, pas trop loin, libre au 1er mars. Drôle de choix, l'immeuble a été construit dans une sorte de trou humide au bord d'une rivière, limite marécage. Et en attendant, il peut aller squatter chez Gabriel.

Et une idée s'installe de plus en plus dans ma tête : il m'a trompée parce qu'il ne m'aimait plus vraiment. Et c'est parce qu'il ne m'aimait plus que j'ai commencé à ne plus l'aimer. L'amour est contagieux, l'inverse est vrai aussi.
Il n'y a donc rien à regretter. On ne s'aime plus.
J'ai enlevé mon alliance. Symbolique et libérateur. Ça fait bizarre de ne plus rien sentir sur mon doigt. Je trouve mes mains plus jolies nues.

La femme rose aux coulures - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant