Chapitre 43 - Officiellement cocue

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Aujourd'hui mon mari m'a balancé un scoop. Nous nous étions donné rendez-vous, comme d'habitude dans un bar du coin, pour parler finances et organisation du compte commun. Après avoir épuré la liste des points à régler j'ai demandé la note des deux cafés et il a dit "Heu...attends j'ai encore un truc à te dire".

Il a trouvé quelqu'un, enfin quelqu'une. Une maman de l'école, "avec qui il s'entend plutôt bien". Je m'en doutais, Max me parlait un peu trop souvent de son fils... Une Cécile, divorcée, 44 ans, brune (source Facebook, elle va souvent voir mon profil). Je vois qui c'est, je la croise à l'école... l'air triste, fade, pas marrante, toujours habillée en noir ou gris...

Je lui ai dit que j'étais contente pour lui.

Puis je me suis demandée ce que ça me faisait vraiment.

Quand j'ai besoin de savoir ce qui se passe dans ma tête, j'arrive à me connecter avec moi-même. Pour ça je me pose, j'arrête toute activité (sauf fumer une clope) et je regarde à l'intérieur de moi, je fais une introspection. Je fais défiler mes idées, mes préoccupations, je les observe, je les ressens. Et juste en faisant ça je vois une hiérarchisation qui se met en place. Quand l'idée dérangeante principale est identifiée, je ne cherche pas forcément à résoudre le problème, mais le seul fait de savoir ce qui m'emmerde est une aide pour prendre une décision. Ou pour ne pas en prendre.

Je me fous totalement de cette Cécile. En fait je ne suis même pas contente pour lui, je m'en fous. Je me fous de son bonheur, de son malheur... Il a juste un rôle fonctionnel de père de mes enfants.

Mon processus d'introspection me révèle que je n'ai aucune décision à prendre, je sais juste que je suis officiellement cocue, puisque nous sommes toujours mariés.

Pas grave...je viens d'apprendre un truc qui va changer ma vie. Je vais me sentir encore mieux parce que j'ai éliminé une source de stress...

Un livreur Ubereats vient de me livrer mon hamburger. Moi, pleine d'empathie, je lui demande s'il pleut toujours autant... Bref...le livreur me répond qu'il ne pleut plus, et je lui dit "tant mieux parce que je culpabilise à vous faire venir quand il tombe des cordes". Et il me répond "Oh mais quand il pleut on a beaucoup plus de commandes donc ça compense". Le mec est heureux quand il pleut ! Je m'étais complètement plantée à croire que c'était le bagne et je me faisais du mal pour rien.

La femme rose aux coulures - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant