8. Echec

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Scotland Yard est arrivé sur les lieux du crime une demi-heure plus tard. Rosalie est restée dans un état catatonique tout le long, jusqu'à ce qu'elle finisse par se réveiller pour finalement s'endormir dans les bras de Sebastian. Ce dernier l'a laissée dans le fiacre avant que Lord Randall n'arrive ; elle était couverte de sang et dans un état de choc, il y aurait pu y avoir un malentendu.

Lord Randall m'a jeté un regard noir en arrivant. J'avais alors repris mes esprits. L'entaille était toujours la même : même longueur, même profondeur, même sens. Nous avons suivi la traînée de sang laissée par le cadavre que Rosalie avait faite en amenant le corps jusqu'à l'autel (et Dieu sait comment elle l'a fait, au vu de sa musculature). J'ai dit à Randall que Violette était déjà là quand nous sommes arrivés ; évoquer le geste de Rosalie aurait pu lui apporter des problèmes. Ca a brouillé l'enquête pour Scotland Yard, j'en suis conscient, mais ils étaient déjà bien assez nuls de toute façon. Evidemment, une violette gisait dans le sang près du confessionnal. Aucune arme, aucune trace de pas, aucun indice.

Sebastian me réveille après une nuit agitée de cauchemars et de sueurs froides.  En fait, je suis déjà réveillé quand il entre dans ma chambre, mais je fais mine d'être encore endormi. Il me fait un thé bien fort et me laisse le journal, qui sans surprise a pour Une le meurtre de Violette Bradway qui a eu lieu la nuit dernière. Inquiet, je demande à Sebastian :

- Est-ce qu'elle s'est réveillée ?

- Je suis allée la voir avant vous, elle dormait toujours. Je me suis permis de la laisser se reposer encore un peu.

- Tu as bien fait. J'irai la voir plus tard.

Je termine ma tasse de thé, jette le journal et laisse mon majordome m'habiller. Il fait gris dehors, un temps digne de septembre. Je quitte ma chambre et me dirige vers celle de Rosalie qui n'est pas bien loin. Lorsque j'entre en m'annonçant, je panique en voyant le lit défait et vide. Puis je me calme en l'apercevant assise sur le rebord de sa fenêtre, regardant dehors d'un air pensif et triste. Ce qui me frappe le plus, c'est qu'elle ne porte pas ses vêtements de d'habitude. Elle porte un large pull, bien trop grand pour elle. C'est celui que portait notre père lorsqu'il était au lycée. Je ne sais pas où elle l'a délogé, mais c'est très étrange de le voir sur elle. On dirait qu'elle porte la peau d'un fantôme.

- Rosalie ? 

Elle tourne la tête vers moi et sourit faiblement. Elle m'invite à venir près d'elle, ce que je fais. Je m'asseois d'abord en face, puis voyant ses yeux humides et rouges, je m'installe à ses côtés, passe un bras autour d'elle et la laisse poser sa tête contre mon épaule. Je l'entends renifler et pleurer un peu, alors je lui caresse les cheveux avec le peu de douceur que j'ai gardé pour elle et Lizzy. Quand je sens qu'elle est plus calme, je lui demande : 

- Pourquoi tu étais là-bas hier soir ? Tu avais compris ?

Elle hoche faiblement la tête. 

- Donc tu t'es dit que tu allais encore tout faire toi-même. 

- Je suis tellement désolée... Je pensais que je pouvais la sauver... Elle respirait encore quand je suis arrivée. Je lui ai dit que ça allait, j'ai appelé le Prêtre mais il est resté figé sur place et n'a rien fait. J'ai emmené Violette jusqu'à l'autel et... et après je ne sais plus...

- Tu délirais quand on est arrivés. Tu récitais des prières à toute vitesse, le corps de Violette entre tes bras.

- Vraiment... ? Oh...

Je la serre un peu plus contre moi. Son pull, qui a mal vieilli et est couvert de peluches, cache tout son petit corps, si bien qu'elle ne ressemble plus qu'à un fantôme miniature en pleurs. 

- On t'a cachée avant que Lord Randall ne nous rejoigne. Ca aurait pu porter à confusion.

- Vous avez bien fait. 

- Tu ne te souviens vraiment de rien ?

- Non... Je crois qu'à un moment je me suis réveillée mais je me suis endormie juste après. 

Cleo rentre soudain dans la pièce, un air grave collé au visage. Elle croise les bras et s'adosse à la porte.

- Salut les enfants, dit-elle. Comment ça va ? 

J'esquive la question, Rosalie lui répond que ça pourrait aller mieux. 

- Ecoutez, Rosalie est la dernière jeune fille au nom de fleur. Le tueur frappera le 7 octobre. On a encore une chance de coincer cet enfoiré.

- Tu oses insinuer que ma soeur devrait jouer les appâts ? je crache en lui lançant un regard noir.

- Calme-toi mon lapin. C'est la seule solution. Je pense pas que notre homme se déplacera jusqu'ici, et il risque de disparaître s'il ne voit personne le soir du sept. On ne doit pas prendre ce risque.

- Mais enfin...

- Je le ferai.

Je fais volte-face pour regarder ma soeur dans les yeux. Elle semble déterminée ; elle a essuyé ses yeux et relevé le menton. Je ne veux pas la laisser courir un tel danger, mais Cleo a raison : c'est notre dernière chance. Rosalie se redresse et déclare :

- J'irai à Saint-Paul le soir du sept. Vous serez cachés dans la cathédrale, et quand il arrivera, vous le coincerez. Ca devrait aller, non ?

Cleo et moi hochons la tête. Nous n'avons plus qu'à mettre Sebastian au courant. Ainsi, notre plan est prêt. 

Black Butler Fanfic : L'Affaire des Sept Fleurs de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant