13. Killer Reveal

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Il est 22h30. Cleo et moi sommes cachés non loin du confessionnal où Rosalie s'est installée, habillée en nonne pour mieux passer inaperçue. Sebastian, quant à lui, s'est dissimulé près de l'orgue, mais je sais parfaitement qu'il sera assez rapide en cas de problème. La policière garde derrière elle l'étrange malle noire qu'elle a récupérée quelques jours avant chez elle. La cathédrale Saint-Paul est plongée dans le silence, malgré nos pensées qui élogent sa beauté depuis que nous sommes entrés. J'entends Rosalie confesser des péchés qu'elle n'a pas commis. Mon coeur se met à battre trop vite. J'ai peur de ce qui pourrait lui arriver dans les prochaines minutes. Sebastian a beau être là pour la protéger, si notre adversaire est bel et bien un démon, je crains qu'il n'ait des difficultés à le battre et à veiller sur ma soeur - sans oublier qu'il doit aussi veiller sur moi et que Cleo non plus n'est pas immortelle. 

Une longue demi-heure vient de s'écouler. Cleo pique du nez, et je dois lui donner des coups de coude toutes les trois minutes pour ne pas qu'elle s'endorme sur place. Soudain, nous entendons une porte qui grince et se referme. Des bruits de pas parviennent à nos oreilles. Ma main droite, prête à dégainer mon pistolet au cas où, tremble. Je parie que Rosalie tremble de toutes ses forces elle aussi. Elle se confesse toujours, mais elle a baissé le son de sa voix pour ne pas qu'on l'entende bégayer et trembloter. Les pas se rapprochent. L'individu prend son temps. Il s'arrête. Puis il repart. Il observe. Il écoute. La présence se rapproche dangeureusement de Cleo et moi. Même elle retient son souffle. J'ai peur que l'un d'entre nous ne fasse un faux pas. Perde l'équilibre, tousse, que l'un de nos membres craque. Je suis alors tétanisé. L'inconnu s'éloigne finalement, et par la maigre ouverture, je le vois s'approcher du confessionnal de Rosalie. Il est vêtu d'un costume bordeaux et a des cheveux bruns très courts. Il est aussi grand que Sebastian, mais un peu plus costaud. J'aperçois Cleo qui le regarde étrangement, comme si elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Je ne peux rien lui demander malheureusement, le silence étant bien trop intense pour être discret. L'homme tire lentement le rideau du confessionnal, et j'entends ma soeur pousser un hoquet de surprise mêlé d'une terreur qu'elle n'arrive pas à cacher. 

- Vous vous confessez à cette heure tardive ? demande-t-il d'une voix grave et lisse.

Cleo tressaille à mes côtés. Oui, elle le connaît définitivement. Mais d'où ?

- J-J-Je... Euh, oui..., répond Rosalie. J-Je préfère quand il n'y a personne... 

- Quels vilains péchés avez-vous commis ?

- E-Eh bien j-je... J-J'ai g-goûté au p-plaisir charnel a-avec une femme e-et...

Je me surprends à me poser la question : est-ce vrai ou lui raconte-t-elle un mensonge ? Je n'ai pas le temps d'y penser, car l'homme rit et lui répond :

- Voilà une bien vilaine fille... Pensez-vous que le Seigneur vous pardonnera ?

- J-J-J'espère... E-Est-ce que je p-peux faire quelque chose p-pour vous... ?

L'homme se penche alors vers elle, si bien que je ne peux voir la tête d'aucun des deux. J'entends néanmoins Rosalie respirer à toute allure, et le son d'un couteau qu'on dégaine. Non, l'arme du crime ne peut pas être un couteau ; Cleo l'a dit elle-même. 

- A-Arrêtez... J-Je vous en prie...

En un instant, une masse noire fonce sur le confessionnal, et ce dernier explose dans un grand fracas. Cleo et moi quittons notre abri et toussons à cause de la poussière. Lorsque celle-ci se dissipe, il n'y a plus personne près du confessionnal, qui n'est plus qu'un tas de ruines de bois. Puis, vers l'autel, au fond de la cathédrale, se tient Sebastian, portant Rosalie dans ses bras. Il la repose, et alors qu'elle enlève son habit de nonne, notre majordome fronce les sourcils et déclare d'une voix agacée :

- Je ne pensais vraiment pas te revoir un jour. Ca faisait des siècles que tu semblais avoir disparu de la surface de la Terre.

- Je t'ai manqué peut-être ? répond l'homme qui est maintenant devant l'orgue. 

- Loin de là.

Cleo s'approche pour mieux distinguer l'inconnu, et après quelques secondes d'immobilité, elle en tombe des nues. 

- Alors celle-là, c'est vraiment la meilleure..., dit-elle faiblement.

L'homme descend de son perchoir et s'approche à lents pas. Nous apercevons son visage fin et lisse, sa peau mate et ses yeux qui clignotent bleu clair profond et rouge sanguinolent. Son costume est raffiné et met en valeur son regard lorsqu'il devient sanguin. Il adresse un sourire mesquin à Cleo, qui se décompose petit à petit.

- Cleo, qu'est-ce qui ne va pas ? je demande.

- Cleo ? demande le meurtrier. Non, c'est vraiment toi ?

- Spencer, bon sang mais... qu'est-ce que tu as fait... ?

Black Butler Fanfic : L'Affaire des Sept Fleurs de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant