19. Le Cadeau de Lizzy

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- On n'a pas vraiment eu le temps de chercher quelque chose de plus... onéreux, on va dire. Mais on espère que ça te plaira quand même.

Rosalie tend le fin livre à Lizzy. Il contient à peine cinquante pages, mais je ne pense pas qu'on aurait pu faire mieux. Elizabeth ouvre le livre avec curiosité, et de larges gouttes de sueur coulent sur mon front et celui de ma soeur tandis que Tante Frances nous observe, les yeux plissés. Lizzy feuillette un peu, et ses yeux s'embuent immédiatement. Elle sourit et murmure :

- Oh... Ciel, Rosalie... C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait !

L'idée vient de nous évidemment, mais c'est Sebastian qui s'est occupé en vitesse de regrouper toutes les photos, toutes les lettres et tous les dessins de Lizzy, moi et Rosalie. Certaines photos datent de la naissance de Lizzy, d'autres sont toutes récentes. La plupart des lettres ont été écrites par les filles : notre cousine nous en envoyaient beaucoup quand nous sommes revenus il y a trois ans et qu'elle ne pouvait pas venir nous voir ; Rosalie, elle, s'occupait de répondre. Je n'ai jamais été très doué pour écrire ce que je ressentais ou donner des nouvelles par écrit. Quant aux dessins, ils sont tous d'un ridicule à pleurer, datant de notre enfance, mais ils font rire Lizzy et c'est le principal. Elle se jette dans nos bras en nous remerciant, m'embrasse sur la joue et donne une longue étreinte à Rosalie. Alors que la blonde se dirige vers ses autres cadeaux, ma soeur et moi jetons un regard à Tante Frances : elle nous sourit puis hoche la tête, satisfaite. Rosalie se retourne discrètement vers Sebastian et lui adresse un sourire accompagné d'un signe de la main. Notre majordome s'incline, puis disparaît, probablement parti pour aller chercher le gâteau à la vanille que Lizzy aime tant. 

La fête bat son plein. Elieabeth m'a entraîné dans moultes danses auxquelles je n'avais pas vraiment envie de participer, mais j'ai accepté de faire un peu plus d'efforts pour son anniversaire. Je souffle un peu dehors à présent, malgré le vent qui se refroidit. J'entends la musique étouffée, et on dirait que le temps s'est arrêté ou que la vie a un sens différent. C'est à la fois puissant et apaisant. Rosalie me rejoint. Elle resplendit dans la robe bleue que lui a confectionnée Nina pour l'occasion. Nous sommes assortis, comme pour la plupart des fêtes. Elle s'assoit à mon côté.

- Tu vas attraper froid ici, Ciel. Tu ne veux pas rentrer ? Il reste du gâteau.

- Peut-être plus tard. J'avais juste envie de faire une pause.

- Les étoiles sont magnifiques, tu ne trouves pas ?

- Si, bien sûr. Elles brilleraient moins si tu n'étais pas là.

Elle rougit, surprise. Sa tête se cale contre mon cou, et je sens son sourire sur mon épaule. Je laisse tomber doucement ma tête contre la sienne.

- Tu sais, Sebastian m'a demandé l'autre jour si j'avais déjà imaginé mon existence sans toi. Si j'étais né fils unique.

- Et qu'est-ce que tu lui a répondu ?

- Que non, je n'avais jamais imaginé et que l'envisager serait une idée stupide. Tu es là et c'est tout ce qui compte. 

- Tu ne lui a pas répondu que ça, hein ?

- Bon, d'accord. Je lui ai dit que je serais probablement moins intelligent et moins mature si tu n'avais pas été là.

- C'est vrai ? répond-elle, étonnée.

Je hoche la tête et lui répète les souvenirs que j'ai confiés à Sebastian. Toutes ces fois où elle m'a battu aux échecs avant que j'arrive enfin à la surpasser. Toutes ces fois où j'avais enragé contre la musique et le dessin, et où elle m'avait gentiment grondé et expliqué l'utilité des Arts. Toutes ces fois où elle m'a conseillé des livres que je trouvais ennuyeux à mourir rien qu'à lire le titre, mais qui se sont révélés être d'intéressantes leçons de vie et d'enrichissantes lectures. Et comme elle n'agissait pas qu'avec des mots, je lui rappelais ces moments de silence qu'elle m'accordait, où elle était simplement à mes côtés, sans un bruit, laissant ma tête en feu respirer alors que tout le monde s'évertuait à me dire que la parole était la meilleure des thérapies. Ma thérapie, c'était elle. Elle et son silence, elle et sa tendresse, elle et ses yeux. 

- Qu'est-ce que vous faites là ?

Comme si elle avait lu mes pensées, Lizzy ne nous demande pas cela en criant, ni en interrompant brusquement la scène. Elle le demande délicatement, presque en chuchotant. Elle se rapproche de nous, une part de gâteau à la vanille noyée sous le coulis chocolat à la main. 

- Rien, Ciel avait juste un peu mal à la tête à force de danser, explique Rosalie.

- Oh non! Tu devrais aller te coucher si tu ne te sens pas bien, Ciel...

- Non, ça va beaucoup mieux, rassure-toi. Il est hors de question que je m'éclipse le jour de ton anniversaire, je lui répond avec un sourire. 

Je me relève et aide ma soeur à se remettre debout. J'attrape ensuite ma soeur et ma cousine par la taille, en tenant une de chaque côté de moi. 

- Et maintenant, My Ladies... Si nous retournions festoyer ? Profitons du beau temps avant que l'orage ne vienne.

- Même quand tu essaies d'être positif, tu arrives à être pessimiste. C'est terrifiant, me reproche Rosalie. 

Je ris et entraîne les deux filles à l'intérieur de la pièce, sous le regard protecteur de Sebastian, dont le violon harmonieux n'est pas encore près de se désaccorder.


FIN


Merci à toustes d'avoir suivi cette fanfiction annexe <3 J'espère vraiment qu'elle vous a plu, je l'ai écrite en une semaine à peine, mais j'y ai vraiment pris beaucoup de plaisir. N'hésitez pas à lire mes autres fanfictions, disponibles sur mon profil Wattpad ^^

Black Butler Fanfic : L'Affaire des Sept Fleurs de LondresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant