Une demi-heure plus tard, les policiers avaient fini de prendre toutes les dépositions. Sofia leur avait expliqué qu'il était parti sans argent ni bagage, seulement avec son téléphone et sa tenue du jour : polo gris Lacoste, jean bleu délavé troué, baskets Nike, montre Diesel et certainement, le bomber rose de son ami. Les agents nationaux avaient conclu que ces éléments permettaient de classer l'affaire dans les disparitions "inquiétantes". Au grand soulagement collectif !
— C'est tout ? On en reste là ? questionna la mère du disparu, attristée de voir les deux coéquipiers de son ex-mari se diriger vers leur véhicule.
— Oui, Madame. Nous retournons au poste pour signaler la disparition de votre fils à tous nos collègues et aux commissariats des régions voisines. Nous allons aussi en parler au Maire et à la presse locale pour que dans deux jours minimum, on parle de sa disparition.
— Vous n'allez même pas fouiller la maison à la recherche d'indice ? suggéra la voisine à la surprise générale.
— Non madame, nous avons réuni toutes les informations nécessaires ! affirma le brun, surpris de son intervention. Pourquoi fouiller cette maison ?
— C'est juste qu'il s'agit peut-être d'une soirée qui a mal tourné... Ça arrive fréquemment dans le monde si on en croit les infos.
Ces paroles eurent l'effet d'une bombe. Tous les yeux fixaient maintenant ses lèvres, notamment ceux des quatre jeunes qui se sentaient montrés du doigt.
Elle s'expliqua serrant son chapelet dans sa paume de main :
— J'ai vu un reportage, il y a quelques mois, sur la disparition d'une enfant sur la route de l'épicerie. En réalité, elle n'avait jamais quitté sa maison et avait été assassiné par sa famille qui avait ensuite dissimulé son corps dans un sac plastique au grenier ! C'est pourquoi, je trouve important que vous passiez au peigne fin cette maison avant qu'il ne soit trop tard, prétendit-elle sans se soucier des yeux de Florent qui sortaient de leurs orbites. Je ne veux accuser personne mais la copine de mon fils dit avoir vu Louis, Sofia et Alexandre dans notre jardin à deux heures du matin. Alors, il serait intéressant de savoir ce qu'ils y faisaient !
Tout le monde resta abasourdi, même son mari n'en croyait pas ses oreilles ! On était passé d'une simple disparition à un supposé meurtre...
— Madame, j'ignore qui vous êtes mais vous feriez mieux de garder vos spéculations pour vous et de ne pas importuner cette famille, la remit aussitôt à sa place, le barbu.
— Lieutenant ! s'exclama le commissaire d'un ton autoritaire, mécontent de son attitude vis-à-vis de sa voisine.
La mère du disparu commençait à avoir des plaques rouges au niveau du cou. Elle se tourna vers la jeune brune et vociféra :
— C'est quoi cette histoire, Sofia ?
— Rien madame, je vous le jure ! Ce n'été pas nous, on dormé ! Vous n'avé qu'à vérifier mon bornage téléphonique ! se défendit-elle à l'intention des policiers. Jade nous a envoyer un message quand elle a vu ces trois personnes ! Vous verré où a borner le mien par rapport à celui de Louis par exemple sachant qu'on a deux pylônes à proximité !
— Comment sais-tu cela ? interrogea le père de son copain, sceptique devant une gamine superficielle qui connait parfaitement le vocabulaire technique du traçage téléphonique.
— J'aime bien regardé des séries policières... mentit-elle.
L'homme dubitatif se tourna vers ses coéquipiers :
— Vous avez entendu Madame Châtimont ? Nous allons tout fouiller ! La maison, les jardins où mon fils a, semble-t-il, été vu et même les voitures !
— Sans mandat ? demanda le lieutenant.
— Oui Charles. Je suis le propriétaire donc si je veux que vous fouilliez MA maison, vous le faites !
— NOTRE maison, rectifia Irène irritée.
— Oui, bon allez ! Au boulot !
La fouille prit énormément de temps. Il était déjà midi quand les trois policiers nationaux sortirent de la maison pour inspecter les jardins et les voitures. Ils n'avaient rien trouvé pour l'instant, ce qui réjouissait Alexandre et Jade qui auraient été bien embêtés si le t-shirt et la montre de Louis avaient été trouvés dans le meuble.
Le commissaire insista pour faire le tour des deux jardins voisins avec l'accord des Châtimont tandis que ses deux coéquipiers passaient au crible la voiture de Louis et la moto cross d'Alex dans le garage ainsi que la Mercedes de Florent dans l'allée. Les deux garçons avaient accepté la fouille sachant qu'ils n'y trouveraient rien.
Au retour de Monsieur Massoussec, le policier à la barbe brune qui avait sa tête dans la voiture luxueuse du jeune Châtimont, s'écria :
— Jérôme, viens vite ! On a quelque chose !
L'homme au visage virant au rouge tomate accourra vers ses collègues et observa la banquette arrière en cuir noir, recouverte de traces blanches et rouges foncées. Une petite odeur de chlore s'en dégageait. Les parents de Florent et ses amis interrogèrent du regard le propriétaire du véhicule mais, lui-même, ne comprenait pas. Sa surprise était tellement forte qu'il s'approcha de son moyen de locomotion tentant de voir par la vitre ce qui y clochait. Brusquement les trois agents levèrent la tête vers le jeune curieux. Un silence pesant prit place. Le père de Louis se mit en retrait, visiblement anéanti laissant l'officier Raymond sortir de sa large poche une paire de menottes grise et s'avancer vers le blond, le poitrail en avant :
— Monsieur, les mains en l'air, s'il vous plaît ! Vous êtes en état d'arrestation. Retournez-vous !
Le garçon de dix-neuf ans blêmit et tenta de se défendre. Le lieutenant ajouta paraissant montrer l'exemple à son jeune collègue :
— Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous devant la cour de justice.
Toutes les personnes autours n'en revenaient pas. Sa mère semblait furieuse tandis que Jade restait figée. Florent était-il responsable de la disparition de son ami d'enfance ? Qu'est-ce qu'avaient trouvé les policiers dans sa voiture ?
VOUS LISEZ
PERFIDE
Mystery / ThrillerSofia, Alexandre, Florent et Jade ont tous les quatre un lien particulier avec un jeune étudiant de leur université. Lorsqu'il disparait en pleine nuit lors de sa soirée anniversaire dont ils étaient les seuls invités, la police et la ville entière...